Simone Martini
2. Les premières œuvres
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La Vierge à l'enfant N°583 de la Pinacothèque de Sienne, est aujourd’hui reconnue par la critique comme la plus ancienne peinture connue de Simone Martini. C'est le panneau central d'un polyptyque (il ya des trous de chaque côté pour fixer les panneaux latéraux) caractérisé par des liens étroits avec la peinture de Duccio et le style propre de Martini.
La Vierge est dépeinte en train de regarder le spectateur : sa posture, le manteau enveloppant son corps, ses yeux doux mais tristes sont autant d'éléments typiques de l'art de Duccio. Mais l’œuvre révèle déjà la « griffe » de Martini : la qualité sculpturale du voile autour du visage, les jeux d'ombre et de lumière sur le visage, les mouvements de l'enfant qui tourne la tête vers un saint à sa gauche (dépeint sur le volet latéral) et qui tient la main de sa mère ; son corps rondelet, sa bouche, ses cheveux bouclés et la forme parfaite de l'oreille sont des éléments très concrets de la manière de Martini.
Simone Martini : Madone de gloire avec anges musiciens (détail). 1311-1314. Fresque. San Gimignano. Oratoire de San Lorenzo in Ponte |
La Vierge de l'oratoire de San Lorenzo in Ponte de San Gimignano a été récemment découverte. La critique suppose que Simone l’a peinte entre 1311 et 1314. Mais seule la tête de la Vierge est de sa main, car en 1413 la fresque a été presque entièrement refaite par Cenni di Francesco et le visage n'a survécu que grâce à une légende selon laquelle son bon état de conservation était le fruit d'un miracle. La frange du manteau, les zones lumineuses du menton et des joues de la vierge rappellent la Madone N°583 de Simone, plus archaïque dans la composition et peinte autour de 1308-1310.
Simone Martini : Madone de Miséricorde. 1308-1310. Tempera sur bois, 154 x 84 cm. Sienne, Pinacothèque Nationale |
La Madone de la Miséricorde de Vertine est une magnifique œuvre qui n’a été attribuée que récemment (et non à l'unanimité) à Simone. On y voit clairement l'influence de Duccio, notamment dans la position et la typologie des personnages abrités sous le manteau de la Vierge. Mais un esprit nouveau règne : le sens de l'espace réel entre les têtes et un sentiment de vie et de mouvement dans l'imposante figure de la Vierge (les plis de la draperie ne cachent pas la position de ses jambes, et elle semble esquisser un mouvement de rotation afin d'embrasser de ses bras tous ses protégés), sont des preuves de l'évolution de l'artiste vers de nouvelles formes d'expression.
L'effet des riches et précieuses ornementations (une caractéristique marquante de la Maestà ) est reproduit par l'utilisation de l'or et l'argent, des pierres précieuses et des vernis transparents. Même si l’attribution à Simone, reste encore contestée, nul ne peut nier les analogies, à la fois dans la technique et le style, avec la Madone N° 583.
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