Les « Primitifs » italiens (Histoire de l'art)
9. Ecoles diverses
Ecole de Bologne
Ecole de Lucques
Ecole d’Ombrie
Divers
9.2. Ecole de Lucques
9.2.1. Berlinghiero Berlinghieri
Berlinghiero Berlinghieri, le fondateur de la famille, actif à Lucques entre 1225 et 1236, date de sa mort, est appelé « Milanais » dans un document de 1228 : ce document mentionne que, accompagné de ses trois fils Marco, Bonaventura et Barone et d'autres citoyens de Lucques, il prête alors serment de paix avec les Pisans. Il n'est pas autrement connu, mais un Crucifix peint (Pinacothèque de Lucques) signé « Berlingeri » sans prénom lui est attribué. Ce crucifix révèle, dans les types des figures et dans le chromatisme précieusement émaillé, l'imitation de modèles byzantins, cette imitation également évidente dans la Vierge « Odighitria », à mi-corps, peinte sur la partie supérieure du crucifix. Un autre drucifix, plus tardif, provenant de l'église de San Salvatore de Fucecchio (musée de Pise), vient d'être identifié : il porte la signature « Berlingerius Vulteranus me pinxit ». Un autre crucifix à l'Accademia de Florence, lui est aussi parfois attribué, de même qu’une Madone du Metropolitan Museum.
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9.2.2. Bonaventura Berlinghieri
Bonaventura Berlinghieri, actif à Lucques de 1228 à 1274 est le plus doué des fils de Berlinghiero. Il est principalement connu pour le retable signé et daté de l'église de San Francesco à Pescia près de Pistoia représentant Saint François (1235). Il s'agit sûrement de la première représentation du saint, peint debout en pied sur toute la hauteur du tableau, dans une pose hiératique et frontale, et entouré de six épisodes de sa vie, neuf ans seulement après la mort du saint.
En raison de leur affinité avec cette œuvre, d’autres œuvres non signées ont été attribuées à Bonaventura et à son atelier :
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- Des Scènes de la vie de saint François à Santa Croce de Florence ; *
- Un Saint-François recevant les stigmates de l'Accademia à Florence ; *
- Un diptyque avec la Madone et la Crucifixion provenant du couvent de Santa Chiara de Lucques ; *
- Le Crucifix du couvent des Oblats à Florence.
Ces œuvres montrent une parfaite assimilation du courant byzantin qui régnait à Lucques dès le XIIè et au début du XIIIè, courant illustré par le propre père de Bonaventura. Berlinghieri fut longtemps considéré comme le représentant d'une « manière nationale » proprement italienne, cherchant à se dégager des mécanismes stylistiques figés de la culture byzantine tardive et se distinguant par une veine personnelle intense et pathétique. Toutefois, de nombreux critiques le jugent au contraire tout à fait étranger au grand renouvellement qui, à partir de l'époque romane, intéressa la meilleure part de l'art italien.
Bonaventura Berlinghieri : Madone avec Saints et Crucifixion. 1260-1270. Tempera sur bois, 103 x 122 cm. Florence, les Offices |
Cette oeuvre représente un des premiers exemples de la Vierge « Eleousa », la « Mère affectueuse », un modèle iconographique byzantin d’abord utilisé pour les autels portatifs familiaux. Il est par la suite devenu de plus en plus populaire et s’est généralisé jusqu'à la fin du XIVè siècle, car il était très bien adapté à la tendance émotionnelle exprimée par l'art gothique. Bonaventura Berlinghieri insuffle une nouvelle vitalité dans les figures et les objets avec un décor raffiné, presqu’avec une technique de miniaturiste. Il y a cependant, une référence évidente aux achémas byzantins qui permettent à l'artiste d'exprimer son mysticisme lyrique.
La peinture vient probablement de l'atelier de Bonaventura Berlinghieri et est datée de la seconde moitié du XIIIè siècle.
Bonaventura Berlinghieri : Saint François. 1235. Tempera sur bois. Pescia, église saint François |
Cette œuvre représentant Saint-François est l'un des premiers retables dédiée au saint qui fut canonisé en 1228. La famille Berlinghieri exerça une influence considérable sur la peinture florentine avant de Cimabue.
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