Les « Primitifs » italiens (Histoire de l'art)
3.2. Peintres et œuvres
Le Maître de Tressa
Simone et Machilon
Dietisalvi de Speme
Guido di Graziano
Guido da Siena
Maître inconnu de la fresque du Palais Public
Duccio di Buoninsegna
Segna di Buonaventura
Maître du Palazzo Venezia
Niccolo di Segna
Ambrogio Lorenzetti
Pietro Lorenzetti
Ugolino da Nerio
Lippo Memmi
Ugolino Lorenzetti
Niccolo ser Sozzo
Lippo Vanni
Andrea Vanni
Bartolomeo Bulgarini
Barna da Siena
Luca di Tomme
Simone Martini
Bartolo di Fredi
Paolo di Giovanni Fei
Taddeo di Bartolo
Andrea di Bartolo
Martino di Bartolomeo
Sassetta
Giovanni di Paolo
3.2.21. Luca di Tomme
Peintre italien actif entre 1356 et 1389, Luca di Tommé travaille àSienne et est l'un des premiers artistes de sa génération àhériter et àdéfendre les leçons et la maniÚre nouvelle de Duccio, de Simone Martini et des frÚres Lorenzetti, surtout Pietro. Ce n’est pas un novateur, mais par sa vaste production il contribue énormément àdiffuser le nouveau style siennois jusqu’au cœur du XVÚ siÚcle. Plus de 50 oeuvres lui sont attribuées, pour la plupart des retables, mais il n'est pas toujours possible de distinguer sa propre main. Artiste prolifique et respecté il a beaucoup travaillé pour l’officiel « Opéra del Duomo », son principal commanditaire et mécÚne.
En collaboration avec Niccolo di Ser Sozzo, il signe en 1362 le polyptyque de la Madone et Saints (PinacothÚque de Sienne) pour lequel il réalise le Saint Jean-Baptiste et des panneaux de prédelle (Vatican et Edimbourg). Il travaille pour l'Opera del Duomo, àSienne aprÚs 1363, puis dans d'autres villes italiennes comme Pise (Crucifixion de 1366, Musée National), Foligno (Madone et anges àSan Niccolò), SpolÚte (Polyptyque de la Galleria Nazionale de Pérouse), Rieti (Polyptyque de 1370 duMuseo Civico) et dans divers centres des Marches. Retour àSienne, il devient membre du Conseil de la cathédrale, pour laquelle il peint le Polyptyque de 1389 en collaboration avec Bartolo di Fredi et Andrea di Bartolo (œuvre perdue).
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Luca di Tomme : Adoration des mages. 1360-1365. Tempera sur panneau de bois, 41 x 42 cm. Madrid, Museo Thyssen-Bornemisza |
Cette adoration des Mages est trÚs classique dans sa composition, mais est aussi un bon exemple de l'évolution en cours de la peinture de la seconde moitié du XIVÚ siÚcle en Italie, vers une imitation plus étroite de la nature et une volonté de représenter la réalité. Ainsi, même si le paysage est traité de maniÚre classique et est entiÚrement subordonné àla composition de la scÚne principale de l'avant-plan, l'artiste a réussi àcréer un réel sentiment d'espace entre les personnages, qu’il décrit en tentant de leur donner des proportions (avant plan, arriÚre plan
). Ce sens de l'espace tridimensionnel est atteint àl'avant-plan grâce àl'agencement de la robe de la Vierge, les deux anges sur la droite (modélisées avec beaucoup d'harmonie dans la coloration et les volumes), et les espaces vides. Joseph, situé dans un deuxiÚme plan, contribue àl'impression de profondeur.
Le tableau montre comment, dans leur tentative d'imitation de la nature sur le chemin de la Renaissance, les artistes ont conquis la premiÚre représentation du corps humain. Puisque le but premier de la peinture était encore de relater des récits, principalement religieux, le paysage et les autres éléments d'importance secondaire servent encore uniquement de toile de fond des principaux événements. Mais cela va rapidement changerâ€Å
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Luca di Tomme : ScÚnes de la vie de saint Thomas. 1362. Tempera sur panneau de bois, 32 x 32 cm. Edimbourg, National Gallery of Scotland |
Ce panneau fait partie d’une série de cinq, dont quatre se trouvent àla National Gallery d’Edimbourg et le cinquiÚme au Vatican, et qui constituent la prédelle d’un retable d’un polytpyque qui se trouve àla PinacothÚque Nationale de Sienne. Ce polyptyque représente la Vierge àl'Enfant avec les Saints. Il est signé et daté Niccolò di Ser Sozzo et Luca di TommÚ. Alors que les critiques sont divisés sur le rÃŽle respectif des deux peintres dans la conception et l'exécution du panneau central du triptyque, la réalisation de la prédelle est clairement attribuée àLuca di TommÚ.
La prédelle illustre des scÚnes trÚs populaires de l'histoire de Saint-Thomas : voyage en mer vers le sud de l'Inde, fondation d'une église chrétienne, martyre de saint Thomas... le présent panneau dépeint le Christ en compagnie de saint Thomas àCésarée, qui répond àAbanes, le messager du roi des Indes Gondoforus, venu chercher des ouvriers pour construire un palais.
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Luca di Tomme : ScÚnes de la vie de saint Thomas. 1362. Tempera sur panneau de bois, 33 x 34 cm. Edimbourg, National Gallery of Scotland |
Ce panneau de la prédelle dépeint la scÚne suivante du cycle de saint Thomas : un majordome attaque Saint Thomas lors d’un festin de noces, mais un chien défend le saint en arrachant la main du majordome, qu’il tient dans sa gueule.
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Luca di Tomme : ScÚnes de la vie de saint Thomas. 1362. Tempera sur panneau de bois, 32 x 34 cm. Edimbourg, National Gallery of Scotland |
Ce panneau de la prédelle dépeint les scÚnes suivantes du cycle de saint Thomas : Saint Thomas en prison ; Saint Thomas baptise Gondoforus aprÚs avoir ressuscité d'entre les morts Gad, le frÚre du roi.
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Luca di Tomme : ScÚnes de la vie de saint Thomas. 1362. Tempera sur panneau de bois, 33 x 35 cm. Edimbourg, National Gallery of Scotland |
Ce panneau de la prédelle dépeint les scÚnes suivantes du cycle de saint Thomas : les idoles brisées et saint Thomas poignardé par le grand prêtre.
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Luca di Tomme : Vierge àl’enfant avec des Saints. 1362. Tempera sur panneau de bois, 191 x 297 cm. Sienne, PinacothÚque Nationale |
Dans la seconde moitié du XIVe siÚcle, il ya de nombreux exemples de maître-peintres siennois bien établis collaborant entre eux pour la réalisation de commandes publiques et privées, au demeurant fort nombreuses. C’est le cas pour ce grand retable signé sur son bord inférieur par Niccolò di Ser Sozzo et Luca di TommÚ et daté de 1362. Il lui manque aujourd’hui sa structure, ses pinacles et sa prédelle. Il a probablement été peint pour le maître-autel de San Tommaso, église sous la garde de l'ordre religieux connu sous le nom de « Humiliati ». Aussi, l'apÃŽtre saint Thomas est représenté àdroite de la Vierge, position traditionnellement interprétée comme la « place d’honneur ». À sa droite se trouve Saint Jean-Baptiste, alors que les saints Benoît et Etienne sont àgauche de la Vierge. La critique reconnaît généralement àNiccolò di Ser Sozzo la paternité du panneau central, de Saint-Benoît et de Saint Etienne, alors que Luca di TommÚ est l’auteur des saints Jean-Baptiste et Thomas.