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Rome : la chapelle Sixtine (Vatican)

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3. Les fresques des murs de la chapelle

Introduction
La série des Papes
Les fresques des murs

3.1. Introduction

3.1.1. La réalisation

La chapelle Sixtine : schéma général de la disposition des fresques
La chapelle Sixtine : schéma général de la disposition des fresques

Il existe deux documents sur l’exécution des peintures qui décorent les parois de la Sixtine. Le premier est un contrat daté du 27 octobre 1481, signé entre Giovanni de’ Dolci et les artistes peintres Sandro Botticelli, Le Pérugin, Domenico Ghirlandaio et Cosimo Rosselli. Il stipule notamment que les peintres doivent achever dix fresques avant le 15 mars 1482, soit moins de cinq mois, avec l’aide de leurs ateliers respectifs. Le second contrat est une expertise du 17 janvier 1482, où sont examinés les esquisses sur cartons et où il est question de la rémunération des artistes.

Chapelle Sixtine, Vatican : élévation du mur nord de la chapelle, côté autel : tenture en trompe l’oeil, cycle de la vie du Christ, galerie des papes, lunettes des ancêtres du Christ
Chapelle Sixtine, Vatican : élévation du mur nord de la chapelle, côté autel : tenture en trompe l’oeil, cycle de la vie du Christ, galerie des papes, lunettes des ancêtres du Christ

Il s’agit donc d’une entreprise collective, mais il semble que Le Pérugin (1450-1523) se soit rapidement imposé comme maître d’œuvre et coordinateur : il a en effet réalisé les deux fresques de la paroi de l’autel à l'autel ainsi que trois fresques de murs latéraux (Retour de Moïse en Egypte, le baptême du Christ et la remise des Clefs à saint Pierre). C’est à lui qu’est confiée la mission de créer la conception globale du projet et d’en piloter la réalisation. Il a d’ailleurs signé son portrait dans la scène où le Christ confie l’Eglise à Pierre, et il est le seul artiste à avoir laissé sa signature dans la chapelle, au dessus de la scène de baptême dans le premier compartiment du mur nord.

Ainsi, sous la supervision du Pérugin, les artistes s’occupent donc chacun de deux, trois ou quatre fresques, mais laissent à leurs collaborateurs beaucoup de liberté. Ainsi Ghirlandaio confie entièrement à Biagio d’Antonio la réalisation du « Passage de la mer Rouge », en face de sa propre « Vocation des apôtres »… Ainsi les 10 premiers tableaux sont réalisés dans les délais impartis. Deux d’entre eux, qui ornent le mur de l’autel, œuvre du Pérugin, seront détruits lorsque Michel Ange réalisera son Jugement Dernier.

Cosimo Rosselli : la Cène. 1481-1482. Fresque, 349 x 570 cm. Chapelle Sixtine, Vatican
Cosimo Rosselli : la Cène. 1481-1482. Fresque, 349 x 570 cm. Chapelle Sixtine, Vatican

Par la suite sont réalisée les 6 dernières fresques : le châtiment de Coré, Dathan et Abiron et La remise des clefs à saint Pierre ; le testament et la mort de Moïse et la Cène ; la dispute autour du corps de Moïse et la résurrection du Christ. Dans cette seconde phase, tout est différent, et le travail semble encore plus rapide qu’avant. Il y a un changement dans la technique employée par chaque artiste et dans la répartition des tâches. Si les quatre artistes originaux restent les principaux responsables de la décoration, il font appels à de nouveaux collaborateurs : ainsi arrive Luca Signorelli qui s’adjoint Bartolomeo della Gatta pour la réalisation du Testament et la mort de Moïse ; de même, Cosimo Rosselli s’adjoint la collaboration de Biagio d’Antonio pour la Cène… Fin mai, l’ensemble est achevé !

Les deux dernières fresques originelles ornant la paroi d’entrée de la chapelle ont-elles aussi malheureusement disparu : En effet, dans la nuit de Noël 1522, tandis que le pape Adrien VI s’apprête à célébrer la messe, l’architrave de la porte s’écroule, entraînant l’effondrement du mur. Les deux fresques seront remplacées par des fresques à thème équivalent : la dispute autour du corps de Moïse de Matteo Perez d'Aleccio (1547-1616) dit Matteo da Lecce en 1574, et la Résurrection du Christ de Hendrik Van den Broeck vers 1562.

Cosimo Rosselli : la Cène, détail : la crucifixion, par Biagio d’Antonio Tucci. 1481-1482. Fresque, 349 x 570 cm. Chapelle Sixtine, Vatican
Cosimo Rosselli : la Cène, détail : la crucifixion, par Biagio d’Antonio Tucci. 1481-1482. Fresque, 349 x 570 cm. Chapelle Sixtine, Vatican
Le Pérugin : le Christ remet les clefs à saint Pierre (1481-1482). Détail : la lapidation du Christ. Fresque, 335 x 550cm. Chapelle Sixtine, Vatican
Le Pérugin : le Christ remet les clefs à saint Pierre (1481-1482). Détail : la lapidation du Christ. Fresque, 335 x 550cm. Chapelle Sixtine, Vatican

3.1.2. Les artistes

3.1.2.1. Sandro Botticelli

3.1.2.1.1. Jeunesse et formation
Sandro Botticelli : l’adoration des mages, détail : autoportrait de l’artiste. 1470-1475.Tempera sur panneau. Diamètre 131,5 cm. Londres, National Gallery
Sandro Botticelli : l’adoration des mages, détail : autoportrait de l’artiste. 1470-1475.Tempera sur panneau. Diamètre 131,5 cm. Londres, National Gallery

Alessandro di Mariano di Vanni Filipepi, dit Sandro Botticelli naît à Florence sans doute en 1444 dans le quartier d'Ognissanti où son père est tanneur. Son surnom de « Botticelli » (« petit tonneau ») provient vraisemblablement d’un surnom donné à son frère aîné. A 15 ans, il entre dans l’atelier de Fra Filippo Lippi (1406-1469), un ancien carme florentin à l’existence plus que mouvementée mais excellent peintre, spécialiste des sujets religieux. Il côtoie dans l’atelier Il y travaille avec les peintres Antonio Pollaiuolo et Andrea del Verrocchio, s’initie à l’orfèvrerie, à la gravure à la ciselure, à l’art de l’émail, techniques qui influenceront grandement la ligne de son dessin. Puis, lorsque Lippi quitte Florence en 1467, il s’installe avec son frère Antonio, orfèvre, dans une maison de la Via della Porcellenna achetée en 1464 et transformée en atelier en 1470. Il travaille énormément avec les artisans.

3.1.2.1.2. Les premières œuvres et le séjour à Rome
Sandro Botticelli : l’adoration des mages. 1470-1475.Tempera sur panneau. Diamètre 131,5 cm. Londres, National Gallery
Sandro Botticelli : l’adoration des mages. 1470-1475.Tempera sur panneau. Diamètre 131,5 cm. Londres, National Gallery

Botticelli réalise vers 1466 une « ‘Vierge à l'enfant et un ange » (Hôpital des Innocents de Florence) dans l'atelier de Lippi, une « La Vierge de la Loggia » (1467, les Offices), et une «  Vierge à l'Enfant, les deux Anges et Jean Baptiste » (1467-1470, Galerie de l’Académie), commandées par différentes familles de la ville. Suit en 1468 son premier chef d’œuvre, une « Adoration des Rois Mages » (Londres, National Gallery) : il s’y libère du cadre intimiste des représentations pieuses pour une peinture plus évènementielle où il introduit la perspective.

En 1474, la famille Pucci, lui commande un « tondo » sur le thème de l'Adoration des Mages (Londres, National Gallery), et la même année Gaspare di Zanobi del Lama, un partisan des Médicis lui commande une autre « Adoration des Rois Mages » la Chapelle Santa Maria Novella. Il va y représenter tous les personnages de la cour ou de l'entourage des Médicis et s’y représenter lui-même (1474, les Offices).

Sa réputation est faite lorsqu’en 1468-1470 il réalise pour le « Tribunale della Mercatanzia » une peinture représentant la « Force » (Les Offices) qui ornera le tribunal avec des œuvres de Verrocchio et Pollaiuolo. Dès lors il vit plus aisément et peut répondre aux commandes des ecclésiastiques et des riches familles florentines en produisant des madones, des saint et des sujets religieux : « Vierge à l'enfant avec six Saints » en 1470 (Les Offices), « Le retour de Judith de Béthulie » (1472, les Offices), la « Découverte du meurtre d’Holopherne » (1472, le Offices), un « Saint Sébastien » qu'il peint en 1474 sur un pilier de l'Eglise Santa Maria Maggiore (Staatliche Museen, Berlin)…

Il réalise ensuite de nombreux portraits comme le « Portrait d'homme avec la médaille de Cosme l'Ancien » (1474, les Offices), « Portrait de Smeralda Brandini » (1475, Londres, Victoria and Albert Museum), « Portraits de Julien de Médicis » (1475-1478, Bergame, Berlin, Washington)…

En 1480, avec sa « Madone du Magnificat » (Offices) et surtout son « Saint Augustin » de l'Eglise Ognissanti créé pour la famille Vespucci, il gagne encore en notoriété, bien au delà de Florence. C’est pourquoi, l’année suivante, le pape Sixte IV della Rovere l’appelle à Rome et lui confie la décoration décorer de la chapelle Sixtine avec trois autres grands peintres. Mais à Rome la rivalité entre les Della Rovere et le Médicis laisse ses chefs d’œuvre méconnus et il n’en tire pas la reconnaissance espérée. Il quitte donc Rome, déçu et furieux, et revient à Florence en 1483, décidé à s’y fixer définitivement.

Sandro Botticelli : le retour de Judith à Béthulie. Vers 1472. Huile sur panneau, 31 x 24 cm. Florence, galerie des Offices.
Sandro Botticelli : le retour de Judith à Béthulie. Vers 1472. Huile sur panneau, 31 x 24 cm. Florence, galerie des Offices.
Botticelli : les trois tentations du Christ. Détail. 1481-1482. Fresque, 345 x 555 cm. Chapelle Sixtine, Vatican
Botticelli : les trois tentations du Christ. Détail. 1481-1482. Fresque, 345 x 555 cm. Chapelle Sixtine, Vatican
3.1.2.1.3. Les années de gloire
Sandro Botticelli : Primavera. Vers 1482.Tempera sur panneau, 203 x 314 cm. Florence, galerie des Offices
Sandro Botticelli : Primavera. Vers 1482.Tempera sur panneau, 203 x 314 cm. Florence, galerie des Offices

Il créé alors son propre atelier où il forme notamment Filippino Lippi, le fils de son maître, Fra Filippo Lippi. Il accède rapidement à la cour de Laurent le Magnifique dont il devint le peintre officiel et son succès est tel qu’il reçoit des commandes de toute la Toscane. Les chefs d’œuvre se succèdent :

En 1482 il réalise la série « Nastagio degli Onesti » pour la famille Pucci en 1482, une série de quatre tableaux transposant le Décameron de Boccace dans la Florence du XVè (Madrid, le Prado). Il commence une série d'esquisses et dessins sur parchemins pour « La Divine Comédie » de Dante, commande de Lorenzo de Pierfrancesco de Médicis (1480-1490, Rome, Vatican, Berlin, Staatliche Museen).

En 1482, pour le mariage du cousin de Laurent le Magnifique avec Sémirade d'Appiano il créé les célèbres fresque « Primavera » et « Pallas et le Centaure » dans le Palais de Castello (les Offices), et l’année suivante « Vénus et Mars » pour la famille Vespucci (Londres, National Gallery). En 1485 suit un autre chef d’œuvre majeur, la « Naissance de Vénus » (Florence, les Offices).

Sandro Botticelli : la naissance de Vénus. vers 1485. Tempera sur toile, 172.5 x 278.5 cm. Florence, galerie des Offices
Sandro Botticelli : la naissance de Vénus. vers 1485. Tempera sur toile, 172.5 x 278.5 cm. Florence, galerie des Offices

Il continue à produire des sujets religieux comme la « Madone à l'Enfant avec Jean Baptiste et Jean l'Evangéliste » ou « retable Bardi » pour la Chapelle Santo Spirito, une commande du banquier des Médicis, Bardi (1484, Berlin, Staatliche Museen) ou la « Madone à la grenade » (1487, Musée des Offices).

3.1.2.1.4. La crise religieuse et les dernières années
Sandro Botticelli : l’histoire de Lucrèce. 1496-1504. Tempera sur panneau, 83,5 x 180 cm. Boston, Isbella Stewart Gardner Museum
Sandro Botticelli : l’histoire de Lucrèce. 1496-1504. Tempera sur panneau, 83,5 x 180 cm. Boston, Isbella Stewart Gardner Museum

Dans les années 1490, Florence est en proie à une grande agitation qui se traduit par une crise politique et religieuse. Jérôme Savonarole, ancien prieur des Médicis, annonce la fin de monde au tournant du siècle, prêche l'ascèse et la pénitence et exhorte à la vertu, à la vie modeste et à l'humilité, sous peine du châtiment divin. Il condamne les grandes familles florentines et leur train de vie fastueux, vêtements, perruques, bijoux, musique, les livres, tableaux et sculptures jugés infâmes… Il exerce une très profonde influence sur toute la ville de Florence, malgré l’hostilité des Médicis.

En 1494 les Français menacent de prendre la ville. Les Médicis sont chassée. Savonarole négocie avec les Français, parvient à éviter le sac de la ville et en devient le chef, instaurant une « République chrétienne » : il met en place une véritable révolution sociale et morale. En 1497, il créé le « Bûcher des vanités » où sont livrés aux flammes miroirs, cosmétiques, images licencieuses, livres non religieux, jeux, robes les plus splendides, livres de poètes jugés immoraux…

Profondément influencé par ces évènements et bouleversé par les prêches de Savonarole, Botticelli adhère à la réforme religieuse et morale, et apporte lui-même quelques-unes de ses œuvres au bûcher, notamment des nus féminins… Il peint alors quelques sujets religieux traduisant son inquiétude religieuse, comme « La déploration du Christ avec les saints Jérôme, Pierre et Paul » (1490, Munich, alte Pinakothek), la « Lamentation du Christ de Milan » (1490, Milan, musée Podli Pezzoli) « La Trinité avec Marie Madeleine » (1493, Londres, Courtauld Institute Galleries), « La Vierge à l'enfant avec Jean-Baptiste » (1495, Florence, Palais Pitti), « La Crucifixion avec Marie Madeleine » (1497, Cambridge, University of Harvard).

Sandro Botticelli : le dernier miracle et la mort de saint Zenobius. 1500-1505. Tempera sur panneau, 66 x 182 cm. Dresde, Gemäldegalerie
Sandro Botticelli : le dernier miracle et la mort de saint Zenobius. 1500-1505. Tempera sur panneau, 66 x 182 cm. Dresde, Gemäldegalerie

La réforme de Savonarole échoue finalement et le moine dominicain finit sur le bûcher en 1498 alors que les Médicis reviennent au pouvoir.

A partir de 1498, le style de Botticelli évolue vers des compositions plus engagées et plus rebelles aux pouvoirs des Médicis : ainsi l’« Histoire de Virginie » (1496, Bergame, Accademia Carrara) qui relate l'histoire de Virginie, victime et esclave d'Appuius Claudius, poignardée par son père ou l’« Histoire de Lucrèce » (Boston, Steward Gardner Museum) qui se suicide pour sauver son honneur, oeuvres peintes entre 1498 et 1504.

A partir de 1500, il réalise en quatre tableaux la vie du premier évêque de Florence, Saint Zénobie (Londres, National Gallery). Mais en 1504, malade, il devient incapable de peindre. Il meurt en mai 1510 dans sa maison de Porcellenna.

3.1.2.1.5. L’art de Botticelli
Sandro Botticelli : la madone du magnificat. 1480-1480. Tempera sur panneau; diamètre : 118cm.Florence, les Offices
Sandro Botticelli : la madone du magnificat. 1480-1480. Tempera sur panneau; diamètre : 118cm.Florence, les Offices

Sa peinture est le lieu d'une confrontation entre nature et histoire. Son oeuvre s'oppose à la peinture des grands systèmes figuratifs du type de celui de Piero della Francesca avait proposé. Botticelli ne connaît pas l’épanouissement heureux de Raphaël, l’insatisfaction tourmentée de Léonard, les angoisses ou les triomphes de Michel-Ange. L’art de Botticelli, étonnamment personnel, d’une subjectivité intense, est, en même temps, le plus profondément accordé au climat de ce « siècle d’or » florentin évoqué par Vasari. L’originalité de son œuvre est dans la réaction d’une sensibilité constamment en éveil devant les êtres et les choses, devant les événements, les suggestions, les rêves qui s’affrontent et se succèdent au cours d’une carrière sans histoire.

Sandro Botticelli : Vénus et Mars. Vers 1483. Tempera sur bois, 69x173,5cm. Londres, National Gallery
Sandro Botticelli : Vénus et Mars. Vers 1483. Tempera sur bois, 69x173,5cm. Londres, National Gallery

L'art de Botticelli a cependant évolué, et trois périodes distinctes jalonnent sa carrière, au cours desquelles s'expriment un style de jeunesse robuste et sculptural, un style de maturité plus fluide et élégamment réaliste, et enfin un style tardif, empreint d'une certaine gravité, avec des formes élancées et des mouvements fiévreux. En fait, Botticelli a essayé de réaliser deux aspirations de l'art humaniste : recréer les réussites exemplaires de l'art antique, et rivaliser avec la grande poésie par la richesse d'invention et la force de suggestion.

3.1.2.2. Le Pérugin

Le Pérugin : le Christ remet les clefs à saint Pierre (1481-1482). Détail. Fresque, 335 x 550cm. Chapelle Sixtine, Vatican
Le Pérugin : le Christ remet les clefs à saint Pierre (1481-1482). Détail. Fresque, 335 x 550cm. Chapelle Sixtine, Vatican

Pietro di Cristoforo Vanucci dit « Le Pérugin » voit le jour en 1446 à Città della Pieve, près de Pérouse en Ombrie. Très jeune, il part à Florence où il se forme au contact des œuvres de Piero della Francesca et de Verrocchio, dont il est l’élève entre 1470 et 1472, en compagnie de Léonard de Vinci.

Il réalise alors ses premières œuvres, marquées par l’influence de Verrocchio et de Della Francesca ; « Adoration des Mages » (1476, Pérouse, Galleria Nazionale dell'Umbria), « Scènes de la vie de Saint-Bernard » (1476, Pérouse, Galleria Nazionale dell'Umbria), et de nombreuses madones (Palais Pitti, Offices, Rome…)

Il travaille à Rome à partir de 1478, et entre 1480 et 1482, il supervise la réalisation des fresques de la Chapelle Sixtine avec d'autres grands maîtres de l'époque. Il y peint cinq scènes : deux ont disparu, l’une est entièrement de sa main (Le Christ remettant les clefs à saint Pierre) et deux sont réalisées en collaboration avec Pinturicchio (le Baptême du Christ et Moïse voyageant en Égypte). S'affranchissant peu à peu de l'exemple de Piero della Francesca, il privilégie dans ses compositions la clarté, l'équilibre et le classicisme des formes et intègre le paysage comme donnée fondamentale de la composition picturale.

Le mariage de la vierge. 1500-1504. Huile sur bois, 234 x 185cm. Caen, Musée des Beaux Arts
Le mariage de la vierge. 1500-1504. Huile sur bois, 234 x 185cm. Caen, Musée des Beaux Arts

En 1485, Pietro Vanucci est nommé citoyen d'honneur de Pérouse, et son activité devient alors débordante : il ouvre deux ateliers à Pérouse et à Florence pour faire face aux multiples commandes. Son œuvre atteint la plus grande maturité, avec de larges compositions intégrées dans de vastes espaces ouverts : « Crucifixion des Pazzi » (1494, Florence, sainte Madeleine des Pazzi), retable de la vierge avec l’enfant Jésus, Saint Laurent, Saint Ludovic de Toulouse, Saint Herculanus et Saint Constant, (1495-1496, Vatican et Pérouse), « Polyptyque du maître autel de l'église Saint-Pierre à Pérouse (1496-1499, dispersé) ; « Mariage de la Vierge » (1504, musée de Caen).

Portrait de Francesco delle Opere. 1494. Tempera sur bois, 52 x 44 cm. Florence, les Offices.
Portrait de Francesco delle Opere. 1494. Tempera sur bois, 52 x 44 cm. Florence, les Offices.

En 1500, il décore la chambre d'audience du collège de Pérouge et accueille dans son atelier le jeune peintre Raphaël, qui vient se former à la technique picturale.

Entre 1500 et 1504 il réalise le et la Résurrection. C’est de ces années que date son amitié avec En 1502, il commence la réalisation d’un retable pour le chapitre des Augustins de Pérouse. Il y travaille jusqu’en 1512 : ce retable est aujourd’hui dispersé entre Pérouse, le Louvre, l’Alabama, Lyon, Grenoble et Toulouse (Saint-Jean l'Évangéliste et Saint-Augustin). Il travaille intensément pour les principales églises d’Ombrie et de Toscane, et pour Isabela Gonzaga, pour qui il réalise la Lotta tra Amore e Castità en 1505. En 1508, il décore la voûte de la salle « Incendio del Borgo » au Vatican. À partir de cette date, il travaille à Pérouse et dans ses environs, mais son style s’appauvrit et il donne facilement dans la répétition.

Il meurt à Pérouse en 1523.

3.1.2.3. Domenico Ghirlandaio

Saint François renonce aux biens terrestres. 1482-1485. Fresque de la chapelle Sasseti à Santa Trinita de Florence
Saint François renonce aux biens terrestres. 1482-1485. Fresque de la chapelle Sasseti à Santa Trinita de Florence

Domenico Ghirlandaio, naît en 1449 à Florence. Il entre dans l'atelier du peintre Alesso Baldovinetti et, une fois formé, il crée avec ses frères son propre atelier dans lequel se formeront Michel Ange et Francesco Granacci. L'atelier sera repris à sa mort par son frère Davide Ghirlandaio.

Ses premières grandes fresques sont celles de l’église paroissiale saint André de Cercina (1471) et les « Histoires de sainte Fina » à la collégiale de Saint Gimignano (1473-1475).

En 1480, il devient le portraitiste le plus en vogue de la bourgeoisie de Florence, et est appelé à Rome pour participer au décor de la chapelle Sixtine : il y réalise la fresque de l'Appel de saint Pierre et de saint André, où il collabore avec Botticelli.

De retour à Florence, il va y réaliser ses œuvres principales : la décoration de la chapelle familiale des Sasseti à Santa Trinita et la décoration de la chapelle des Tornabuoni Santa Maria Novella (1485-1490).

En 1488 il réalise une superbe « Adoration des Mages » pour l’hôpital des Innocents de Florence, le portrait de Giovanna Tornabuoni (Madrid, musée Thyssen-Bornemisza), et en 1490 le fameux portrait du « Vieil homme et l’enfant » du musée du Louvre.

Ghirlandaio meurt le 11 janvier 1494.

Domenico Ghirlandaio. Portrait de Giovanna Tornabuoni.1488. Tempera sur bois, 76 x 50 cm. Madrid, Musée Thyssen-Bornemisza
Domenico Ghirlandaio. Portrait de Giovanna Tornabuoni.1488. Tempera sur bois, 76 x 50 cm. Madrid, Musée Thyssen-Bornemisza
 Domenico Ghirlandaio. Adoration des mages. 1488. Tempera sur bois, 285 x 240 cm.Hôpital des Innocents, Florence
Domenico Ghirlandaio. Adoration des mages. 1488. Tempera sur bois, 285 x 240 cm.Hôpital des Innocents, Florence

3.1.2.4. Cosimo Rosselli

Cosimo Rosselli : Annonciation. 1473, fond d’or, 150 x 156 cm. Florence Musée des Offices
Cosimo Rosselli : Annonciation. 1473, fond d'or, 150 x 156 cm. Florence Musée des Offices

Cosimo di Lorenzo Rosselli naît en 1439. Il est formé dans l’atelier de Neri di Bicci entre mai 1453 et octobre 1456; En 1459, il reçoit sa première commande connue, un retable pour l’église Santa Trinita de Florence, aujourd’hui disparu. Il travaille ensuite avec Benozzo Gozzoli, dont l'influence est manifeste dans ses premiers travaux, mais Cosimo s’ouvre aussi aux influences d’autres contemporains comme Alesso Baldovinetti, Andrea del Verrocchio ou les frères Pollaiuolo.

Cosimo Les premières œuvres importantes connues de Cosimo Rosselli sont les fresques de la chapelle de Salutati dans la cathédrale de Fiesole, dans le style de Baldovinetti, datées de 1462-1466, et le retable de sainte Barbara (1468-1469, Florence, galerie de l’Accademia) pour la chapelle confrérie germano-flamande de l’église de l’Annonciation. Il réalise ensuite des fresques à Florence pour les églises Santa Annunziata et Sant’ Ambrogio.

L’apogée de sa carrière est la réalisation des fresques de la chapelle Sixtine : il réalise la traversée de la mer Rouge, le sermon sur la montagne et la cène.

Il meurt en 1507. Il a formé Fra Bartolomeo et Piero di Cosimo.

3.1.2.5. Luca Signorelli

3.1.2.5.1. Biographie
L’apocalypse (détail). 1499-1502. Fresque. Chapelle San Brizio du dôme d’Orvieto
L’apocalypse (détail). 1499-1502. Fresque. Chapelle San Brizio du dôme d’Orvieto

Né à Cortone en 1441, Luca Signorelli dit « Luca de Cortone » est formé dans l’atelier de Piero della Francesca qui exerce un ascendant considérable sur ses oeuvres. Ses premières oeuvres sont des fresques comme la « Flagellation » (1480, Milan, la Bréra) et une « Madone à l’enfant » (Rome, château saint Ange).

En 1482, il est appelé à Rome pour travailler à la décoration de la chapelle Sixtine aux cotés du Pérugin, Botticelli, Ghirlandaio et Cosimo Rosselli; il y peint le testament et la mort de Moïse

Puis il réalise un certain nombre de chefs d’œuvre comme La « Circoncision », le « Retable de Saint Onofrio » ou le « Triomphe de Pan » et le tondo de la Vierge à l'enfant anc Joseph et un inconnu » (1492, Palais Pitti)  tous les deux peints pour Laurent de Médicis. 

En 1500 il reçoit commande de poursuivre la décoration de la chapelle de San Brizio à la cathédrale d'Orvieto, commencée par Fra Angelico sur le thème du jugement dernier : les Choeurs célestes, la venue de l'antéchrist, le Châtiment des damnés. Avec ce cycle d'Orvieto, Signorelli est au sommet de sa puissance créatrice.

Après cette œuvre, il réalise encore un retable pour l’église sainte Marguerite de Cortone (la cène, le Jardin des Oliviers, la flagellation, la descente de croix ; 1502, musée diocésain), une trinité (1510, Offices), une « Communion des apôtres » (1512, Cortone, musée diocésain), une « Immaculée conception » (1523, Cortone, musée diocésain).

Signorelli meurt vers 1525.

L’antéchrist. 1499-1502. Fresque. Chapelle San Brizio du dôme d’Orvieto
L’antéchrist. 1499-1502. Fresque. Chapelle San Brizio du dôme d’Orvieto
Luca Signorelli: fresques de la chapelle San Brizio. 1499-1502. Vue générale. Dôme d’Orvieto
Luca Signorelli: fresques de la chapelle San Brizio. 1499-1502. Vue générale. Dôme d’Orvieto
3.1.2.5.2. La chapelle San Brizio de la cathédrale d’Orvieto
L’apocalypse (détail). 1499-1502. Fresque. Chapelle San Brizio du dôme d’Orvieto
L’apocalypse (détail). 1499-1502. Fresque. Chapelle San Brizio du dôme d’Orvieto

Du côté droit de la croisée, la chapelle saint Brice figure parmi les plus importants témoignages de la peinture italienne. La conception spatiale particulière de la chapelle et le cycle de fresques qui la décorent, réalisées en partie par Fra Angelico (1447-1449, deux panneaux) et achevées par Luca Signorelli (1499-1504), font de cette chapelle un cas unique dans l’art italien.

Signorelli conçoit la chapelle comme une sphère où tous les points ont la même importance. Il cherche à frapper l’imagination des fidèles dans la tradition de la peinture médiévale, en donnant une vision prémonitoire de la fin du monde où l’humanité sera soumise au jugement de la justice divine.

Il résume l’eschatologie chrétienne est résumée en cinq tableaux : L’antéchrist, le Jugement dernier, la Résurrection, l’Enfer et le Paradis, en cherchant un effet d’ensemble, accompagné de représentations de type architectural (colonnade de la partie inférieure ou fenêtres ornées de personnages illustres : Empédocle, Dante, Virgile, Ovide) en un jeu d’illusions et de perspective qui donne la sensation d’entrer dans la scène peinte. Dans l’Enfer, Signorelli s’inspire de Dante et cherche moins à rendre la gloire divine qu’à exprimer le sentiment des êtres humains devant une réalité terrifiante. Il se concentre ainsi sur les êtres qui souffrent dans leur âme et leur corps, dépeints dans un style naturaliste, et suppliant en exprimant une vaine révolte contre leur sort : Michel Ange s’en inspirera pour sa fresque du Jugement Dernier.

Les damnés (détail). 1499-1502. Fresque. Chapelle San Brizio du dôme d’Orvieto
Les damnés (détail). 1499-1502. Fresque. Chapelle San Brizio du dôme d’Orvieto
Madone et enfant. Vers 1490. Panneau, 170 x 117,5 cm. Florence, les Offices.
Madone et enfant. Vers 1490. Panneau, 170 x 117,5 cm. Florence, les Offices.

3.1.2.6. Il Pinturicchio

Il Pinturicchio : l’arithmétique. 1492-1494. Fresque, Vatican, palais pontifical, appartements Borgia
Il Pinturicchio : l’arithmétique. 1492-1494. Fresque, Vatican, palais pontifical, appartements Borgia

Bernardino di Betto, « Il Pinturicchio » naît à Pérouse en 1454

Collaborateur du Pérugin, il travaille principalement à Pérouse, et les premières traces de son œuvre sont des ajouts de costumes et d'éléments pittoresques sur deux tableaux du Pérugin relatant l'histoire de saint Bernardin : la « Guérison du paralytique » et la « Libération du prisonnier ». (Pérouse, Galerie nationale).

Lorsque Sixte IV nomme Le Pérugin à la tête chantier de la chapelle Sixtine en 1481, il est appelé à collaborer et travaille aux fresques du « retour de Moïse en Égypte » et du « Baptême du Christ »…

Très apprécié à Rome par la suite, il devient l'un des plus grands peintres de fresques de la Renaissance, bien qu'on puisse lui reprocher un penchant excessif pour l'ornementation, notamment l'utilisation des ors. Ainsi Pinturicchio se voit confier par Alexandre VI la décoration des appartements Borgia du Vatican (1492-1494). En 1501, il peint à fresque l'« Histoire de la vie de la Vierge » dans la chapelle Baglioni à Santa Maria Maggiore de Spello.

Il Pinturicchio : crucifixion avec saint Jérôme et saint Christophe. Vers 1471. Huile sur bois, 59 x 40cm. Rome, Galerie Borghèse.
Il Pinturicchio : crucifixion avec saint Jérôme et saint Christophe. Vers 1471. Huile sur bois, 59 x 40cm. Rome, Galerie Borghèse.

En 1505 il est à Sienne où il travaille dans le Dôme à la décoration de la « Libreria Piccolomini », la bibliothèque du cardinal Francesco Piccolomini, le futur Pie III. Il réalise notamment des épisodes de la vie de Pie II (Enea Silvio Piccolomini), oeuvre considérée comme l'un des plus importants cycles profanes de la Renaissance, et à laquelle va collaborer le jeune Raphaël. .

En 1509, il exécute les fresques du presbytère de l'église Santa Maria del Popolo de Rome.

Il meurt en 1513.

3.1.3. La signification des fresques

Chapelle Sixtine, mur sud : fresque du testament et de la mort de Moïse (à gauche) et fresque du châtiment de Coré et des lévites
Chapelle Sixtine, mur sud : fresque du testament et de la mort de Moïse (à gauche) et fresque du châtiment de Coré et des lévites

Ces scènes ont été sans doute commandées par Sixte IV, sur les conseils d’un théologien de la cour pontificale, dans un but politique très précis, allant au-delà de la simple illustration des correspondances entre l’Ancien et le Nouveau Testament.

Sixte IV tient absolument à légitimer son autorité pontificale, à montrer l'importance du rôle de pape et à positionner son indépendance vis-à-vis des monarques de la chrétienté. Il veut ainsi démontrer que son autorité lui vient directement de Dieu, et en partant de l’histoire de Moïse, relayée par celle du Christ qui confie pouvoir à Pierre, dont l'autorité suprême trouve son prolongement dans la Papes. Les portraits de ce dernier au-dessus de la narration ne font que renforcer cette tradition de pouvoirs…

Chapelle Sixtine, mur nord : fresque de la remise des clés à Saint Pierre (à gauche) et fresque de la dernière cène
Chapelle Sixtine, mur nord : fresque de la remise des clés à Saint Pierre (à gauche) et fresque de la dernière cène

Ainsi les deux plus importantes scènes du cycle du Pérugin sont celle du châtiment de Coré et des Lévites de Botticelli, ou se trouve confirmé le rôle prépondérant d’Aaron le grand prêtre, dépeint en tenue papale, et la scène du Christ remettant les clés à saint Pierre du Pérugin. Dans le tableau de Botticelli on remarque particulièrement au fond l'arc de triomphe de Constantin, allusion à la puissance du Pape conférée par l'empereur. Sixte IV son positionne ainsi non seulement comme le continuateur incontestable de l’autorité vétéro- et néo-testamentaire, mais aussi comme l’héritier et le successeur légitime de l'autorité romaine.

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