Rome : la chapelle Sixtine (Vatican)
2.3. Le jugement dernier
Description
Sources et inspiration
Les apports de Michel Ange
Les réactions
2.3.4. Les réactions
Barth'>Barthélemy se dépouillant de sa peau… 1537-1541. Fresque, Chapelle Sixtine, Vatican'> |
Le jugement dernier, détail : les élus à la gauche du Christ sont bénis. On reconnaît saint Pierre offrant les clefs au Christ et saint Barth'>Barthélemy se dépouillant de sa peau… 1537-1541. Fresque, Chapelle Sixtine, Vatican |
Le Jugement suscite parmi les contemporains autant d’éloges que de violentes réactions.
Admirateur inconditionnel de l’œuvre, émerveillé par le projet qu'il connaissait grâce aux dessins montrés par le peintre au début des travaux, le Pape Paul III défend Michel Ange contre toutes les critiques, particulièrement celle concernant la nudité des corps. Le cardinal Cornaro, exprime quelques jours après l'inauguration son émerveillement et demande à Michel-Ange de réaliser pour lui un tableau ; Vasari, qui remercie Dieu d’être né à l’époque de Michel Ange, ne tarit point d'éloges et qualifie le Jugement « ... d'oeuvre envoyée par Dieu... ». Immédiatement de très nombreux peintres en font des copies, la plus importante étant celle de Venusti, choisi par Michel-Ange lui-même. (Naples, musée de Capodimonte).
Le jugement dernier, détail : groupe de damnés refoulés dans les enfers. 1537-1541. Fresque, Chapelle Sixtine, Vatican |
Toutefois, les critiques ne manquent pas. Ce sont principalement les nus qui dérangent. Biagio da Cesena, maître des cérémonies pontificales, qualifie déjà au cours des travaux la fresque de « disonestissima » : « Il est extrêmement déshonnête d'avoir peint dans un lieu si honoré tant de nus montrant si indécemment leurs parties honteuses et que ce n'était pas une œuvre digne de la Chapelle du Pape mais de sudatoires et de tavernes » (Vasari). Michel-Ange se venge en le représentant les traits de Minos ! Et Lorsque Cesena supplie le pape de faire effacer son visage, Paul III lui répond qu'il a « autorité au ciel et sur terre, mais pas aux enfers ! ». D’autres cardinaux critiquent âprement la nudité des corps, faisant remarquer par ailleurs que le Christ est imberbe, bien trop jeune, et sans aucune majesté dans son attitude. L'Arétin, dans une lettre de 1545 affirme que la licence des personnages représentés pourrait bien convenir aux partisans de Luther ! On s’élève de même contre les détails et les postures (sodomie) de l'enfer dantesque.
Le jugement dernier, détail : ange à la trompette. 1537-1541. Fresque, Chapelle Sixtine, Vatican |
Finalement les opposants auront partiellement gain de cause : la Congrégation du concile de Trente décide le 21 janvier 1564, quelques jours avant la mort de Michel Ange, de faire voiler certains corps considérés comme « obscènes » : mais Michel Ange refuse ; Danièle Ricciarelli da Volterra, assistant et ami de Michel Ange, est alors chargé de la tâche, ce qui lui vaudra le sobriquet de « Braghettone », le « faiseur de caleçons ». Il y aura même des papes décidés à détruire totalement l'oeuvre de Michel-Ange !