|
Fra Angelico : le Jugement dernier. Vers 1451. Huile bois 105 x 210cm. Florence, Musée San Marco |
Les sources de cette grandiose fresque sont multiples et remontent jusqu’aux premiers temps du christianisme romain. Michel Ange va admirablement synthétiser avec force et détermination les nombreux apports iconographiques et littéraires, antiques et personnels.
Le thème du Jugement dernier apparaĂ®t avec force en sculpture sur les tympans romans puis gothiques. En Italie, cette iconographie apparaĂ®t aussi vers le XIIIe siècle dans les mosaĂŻques de l'Ă©glise de Torcello, près de Venise, et, en peinture, le premier chef d’œuvre est rĂ©alisĂ© par Giotto dans la chapelle Scrovegni de Padoue (1306). Suivent de nombreux autres chefs d’œuvre comme celui d’Orcagna (Nardo di Cione) Ă Santa Maria Novella de Florence vers 1350, le Jugement dernier de Fra Angelico du musĂ©e de San Marco Ă Florence (1432-1435), l’immense Ĺ“uvre de Signorelli Ă la chapelle San Brizio d’Orvieto (1499-1502) et le cĂ©lèbre retable du Jugement dernier de Rogier Van der Weyden de l’hospice de Beaune (1446-1452).Â
|
Luca Signorelli: la résurrection de la chair. 1499-1502. Fresque. Chapelle saint Brice, dôme d’Orvieto |
Michel-Ange reprend les motifs majeurs de cette la tradition chrétienne comme la place centrale accordée au Christ Juge (Isaïe LXVI, 15), le rôle de la Vierge Marie ou la représentation des instruments de la passion. Il garde de même la référence à la tradition antique païenne en mettant en scène des personnages comme Charon ou Minos. Enfin il suit la tradition médiévale de la peinture sans profondeur ni perspective, où le paysage ne joue qu'un rôle secondaire.
|
Le jugement dernier, détail : figure centrale d’un damné exprimant désespoir, remord, anéantissement physique et spirituel… 1537-1541. Fresque, Chapelle Sixtine, Vatican |
En qui concerne la résurrection des morts, Michel Ange s’inspire d'Ézéchiel, comme l'avait déjà fait Signorelli dans la cathédrale d’Orvieto : « Dieu me dit : prophétise sur ces ossements. Tu leur diras : ossements desséchés, écoutez la parole de Yahvé. Ainsi parle le Seigneur Yahvé à ces ossements. Voici que je vais faire entrer en vous l'esprit, et vous vivrez. Je mettrai sur vous des nerfs, je ferai pousser sur vous de la chair, je tendrai sur vous de la peau, je vous donnerai un esprit et vous vivrez, et vous saurez que je suis Yahvé » (Ézéchiel XXXVII, 1-6). Mais il s'inspire aussi de Daniel : « Un grand nombre de ceux qui dorment au pays de la poussière s'éveilleront, les uns pour la vie éternelle, les autres pour l'opprobre, pour l'horreur éternelle ». (Daniel XII, 2). Michel-Ange est en effet non seulement un lecteur assidu des Écritures, mais il fréquente assidûment de nombreux hauts prélats et théologiens qui pouvaient le guider, et lui expliquer certains passages controversés.
|
Le jugement dernier, détail : figure centrale d’un damné exprimant désespoir, remord, anéantissement physique et spirituel… 1537-1541. Fresque, Chapelle Sixtine, Vatican |
Mais il s’inspire aussi énormément de Dante Alighieri, qu'il lit et imite parfois dans ses propres écrits, et auquel il avait l’intention d’édifier un monument à Florence. Particulièrement influents sont les chants X et XII du Purgatoire de la Divine Comédie.
Enfin Michel Ange s’inspire, dans certaines anatomies du jugement dernier, et particulièrement dans la figure du Christ Juge, des sources antiques, grecques et romaines.
| Luca Signorelli: les damnés. 1499-1502. Fresque. Chapelle saint Brice, dome d’Orvieto |
|
| Rogier van der Weyden : polyptyque du Jugement Dernier. 1445-1449. Huile sur bois, 215x560cm. Beaune, Hôtel Dieu. |
|
| Orcagna (Nardo di Cione) : l’enfer. 1350. Chapelle Strozzi, Santa Maria Novella, Florence |
|
| Giotto di Bondone : le jugement dernier. 1306. Fresque, 10 x 8,4m. Padoue, Chapelle Scrovegni de l’Arena |
|
| Le jugement dernier, détail : les damnés sont littéralement « aspirés » par l’enfer, Réminiscence de l’enfer de Dante, familier à l’artiste. 1537-1541. Fresque, Chapelle Sixtine, Vatican |
|