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Rome : la chapelle Sixtine (Vatican)

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2.2. La voûte de la Sixtine

La partie centrale de la voûte
Les voyants : Prophètes et Sibylles
Les pendentifs
Les lunettes et les voûtains
Le cadre architectural

2.2.3. Les pendentifs

2.2.3.1. Généralités

Michel Ange : pendentif de Judith et Holopherne : vue générale. Chapelle Sixtine, Vatican
Michel Ange : pendentif de Judith et Holopherne : vue générale. Chapelle Sixtine, Vatican
La partie centrale de la voûte est conçue comme un mouvement longitudinal amenant le croyant de l'entrée (la Genèse) où sont mis en scène les premiers rapports entre Dieu et sa créature à travers les premiers épisodes qui ont plongé l’humanité dans le drame (déluge, tentation, expulsion du jardin d’Eden) à l’autel où domine la figure transcendante de Dieu, le créateur solitaire, d’où vient toute chose.

Cette histoire est raccordée aux scènes inférieures (les lunettes et les fresques du Quattrocento) grâce aux prophètes et aux sibylles, qui articulent et ponctuent les parties centrales de la voûte comme des échos significatifs et mystérieux. Mais cette jonction est aussi fortement soulignée par les quatre histoires racontées aux quatre pendentifs de la voûte. L'artiste y a représenté des épisodes violents, prémonitoires, en choisissant cette fois une sorte de réalisme « quotidien » et en abandonnant les accents héroïques, graves et nobles de la partie centrale.

Les grands pendentifs aux coins de la voûte narrent quatre épisodes du salut miraculeux du peuple d'Israël. On peut les interpréter comme des préfigurations du Messie car ils témoignent de la présence et de l’action constantes de Dieu dans la vie de son peuple et du renouvellement perpétuel de la promesse de la Rédemption. Ils constituent donc le trait d'union entre les épisodes de la voûte et ceux des murs.

Michel Ange : pendentif de David et Goliath : vue générale. Chapelle Sixtine, Vatican
Michel Ange : pendentif de David et Goliath : vue générale. Chapelle Sixtine, Vatican
Le serpent d’airain. Pendentif côté autel. 1511. Fresque, 585 x 985 cm. Chapelle Sixtine, Vatican
Le serpent d’airain. Pendentif côté autel. 1511. Fresque, 585 x 985 cm. Chapelle Sixtine, Vatican

2.2.3.2. Le châtiment d’Aman

Le châtiment d’Aman. Pendentif côté autel. 1511. Fresque, 585 x 985 cm. Chapelle Sixtine, Vatican
Le châtiment d’Aman. Pendentif côté autel. 1511. Fresque, 585 x 985 cm. Chapelle Sixtine, Vatican
Le supplice d’Aman, à droite de l'entrée, s'inspire du récit biblique d'Esther, une esclave juive, nièce de Mardochée et épouse du roi Assuérus. Après une suite de complots et de persécutions contre le peuple hébreu, Assuérus condamne à mort Aman. « En ce qui me concerne, j'ai donné à Esther la maison d'Aman après l’avoir fait pendre pour avoir voulu perdre les juifs » (Esther VIII, 7). Dans la scène représentée, Assuérus, allongé dans la partie droite, appelle Mardochée. Le roi, qui se tient à gauche, réunit son conseil pour décider de la condamnation d'Aman. Le condamné, au centre, est crucifié.

Le châtiment d’Aman. Pendentif côté autel. 1511. Fresque, 585 x 985 cm. Chapelle Sixtine, Vatican
Le châtiment d’Aman. Pendentif côté autel. 1511. Fresque, 585 x 985 cm. Chapelle Sixtine, Vatican
Michel-Ange ne suit pas le récit biblique et imagine une extraordinaire crucifixion. Le corps est saisi en très fort raccourci, techniquement compliqué par le mur creux et l'espace en triangle irrégulier. Le thorax d'Aman et sa puissante musculature rappellent le Laocoon, le célèbre groupe sculptural antique dont la découverte à Rome, en 1506, avait profondément ému Michel Ange. Rarement un corps aura exprimé avec une telle puissance la lutte contre l'adversité, l'effort libérateur, traduit dans la sculpture de Michel Ange, notamment dans les Esclaves.

La figure crucifiée d’Aman a fait l’objet de nombreuses interprétations. La plus probante est celle qui voit en Aman une image annonçant le martyre du Christ. Elle reste cependant gênante dans la mesure où le personnage d’Aman joue dans la Bible un rôle négatif de persécuteur du peuple hébreu.

Le châtiment d’Aman. Pendentif côté autel. 1511. Fresque, 585 x 985 cm. Chapelle Sixtine, Vatican
Le châtiment d’Aman. Pendentif côté autel. 1511. Fresque, 585 x 985 cm. Chapelle Sixtine, Vatican
Le châtiment d’Aman. Pendentif côté autel. 1511. Fresque, 585 x 985 cm. Chapelle Sixtine, Vatican
Le châtiment d’Aman. Pendentif côté autel. 1511. Fresque, 585 x 985 cm. Chapelle Sixtine, Vatican

2.2.3.3. Le serpent d’airain

Le serpent d’airain. Pendentif côté autel. 1511. Fresque, 585 x 985 cm. Chapelle Sixtine, Vatican
Le serpent d’airain. Pendentif côté autel. 1511. Fresque, 585 x 985 cm. Chapelle Sixtine, Vatican
L'esprit d'indépendance de Michel Ange se manifeste clairement dans le thème du pendentif relatant l’épisode du Serpent d'airain, scène dans laquelle la figure de Moïse doit en principe jouer un rôle central : le livre des Nombres raconte que le peuple hébreu, en chemin vers la Transjordanie, perd patience et se révolte contre Dieu et Moïse. Yahvé dans sa colère envoie des .serpents brûlants, serpents ailés ou dragons dont la morsure tue un grand nombre de fils d’Israël. Le peuple, repenti et apeuré implore Moïse de le libérer des reptiles maléfiques. Moïse intercède pour le peuple et Yahvé lui répond : « Façonne-toi un brûlant que tu placeras sur un étendard. Quiconque aura été mordu et le regardera restera en vie ! » (Nombres XXI, 8).

Le serpent d’airain. Pendentif côté autel. 1511. Fresque, 585 x 985 cm. Chapelle Sixtine, Vatican
Le serpent d’airain. Pendentif côté autel. 1511. Fresque, 585 x 985 cm. Chapelle Sixtine, Vatican
La composition de Michel-Ange joue sur des effets spectaculaires de compression, d'étirement, de transformation des corps, tordus, déformés par la pluie de serpents, mais déjà sauvés par un reptile qui se dresse sur une hampe, préfiguration paradoxale du Christ Sauveur sur la croix. Mais Moïse n’est nullement mis en relief dans la scène, et on a même du mal à le trouver : est-ce le jeune homme soutenant une femme sur la gauche ? Ou est-ce la figure de droite, aux mains levées en signe d'effroi ? Ou est-il tout simplement absent de la composition, comme pourrait le suggérer le pessimisme foncier de Michel Ange, indiquant ainsi que le sauveur est absent, l'espoir disparu, le peuple livré à la vengeance divine, sans intercesseur ? Le raccourci du corps du personnage se trouvant à l'extrême droite, contre la corniche, annonce à lui seul les peintres maniéristes, comme Rosso, Beccafumi, Pontormo, le Parmesan.

Le serpent d’airain. Pendentif côté autel. 1511. Fresque, 585 x 985 cm. Chapelle Sixtine, Vatican
Le serpent d’airain. Pendentif côté autel. 1511. Fresque, 585 x 985 cm. Chapelle Sixtine, Vatican

2.2.3.4. David et Goliath

David et Goliath. Pendentif coté entrée. 1509. Fresque, 570 x 970 cm. Chapelle Sixtine, Vatican
David et Goliath. Pendentif coté entrée. 1509. Fresque, 570 x 970 cm. Chapelle Sixtine, Vatican
« Les Philistins se tenaient sur la montagne d'un côté, les Hébreux de l'autre côté, et la vallée était entre eux. Alors sortit du rang des Philistins un champion qui s'appelait Goliath… Il s'avança et cria :
« Choisissez-vous un homme et qu'il descende vers moi. S'il l'emporte au combat et m'abat, nous deviendrons vos esclaves. Mais si c'est moi qui l'emporte, c'est vous qui nous servirez ».
Quand Saül et les Hébreux entendirent ces paroles, ils eurent très peur…
David, fronde en main, s'avança vers le Philistin. Le Philistin regarda David et le méprisa, car il était jeune. David dit au Philistin : « Tu viens vers moi avec des armes, mais moi je viens vers toi au nom de Dieu. Aujourd'hui même, Dieu te livrera à moi. »
David prit une pierre qu'il lança avec la fronde, et la pierre s'enfonça dans le front du Philistin qui tomba la face contre terre. David courut, et debout sur le Philistin, il prit son glaive et lui coupa la tête. »
(Samuel I, XVII, 3-51)

David et Goliath. Pendentif coté entrée. 1509. Fresque, 570 x 970 cm. Chapelle Sixtine, Vatican
David et Goliath. Pendentif coté entrée. 1509. Fresque, 570 x 970 cm. Chapelle Sixtine, Vatican
Le pendentif de David et Goliath, à droite de l'entrée, offre une version du héros hébreu diamétralement opposée à celle qui apparaît dans la célèbre sculpture de l’artiste réalisée en 1504. Toute l’iconographie est transformés : David paraît frêle, adolescent presque maladroit, avec un cimeterre trop lourd pour lui. Goliath gît au sol, mais n'est pas définitivement anéanti car il tente de se relever en s'appuyant sur ses bras puissants. Le géant philistin pourrait encore vaincre David. La position d'un jeune homme chevauchant et écrasant un homme plus âgé sera d’ailleurs reprise et modifiée dans le groupe sculptural intitulé « Victoire », exécuté vers 1532 pour le tombeau de Jules II.

David et Goliath. Pendentif coté entrée. 1509. Fresque, 570 x 970 cm. Chapelle Sixtine, Vatican
David et Goliath. Pendentif coté entrée. 1509. Fresque, 570 x 970 cm. Chapelle Sixtine, Vatican

2.2.3.5. Judith et Holopherne (Judith XIII, 1-10)

Judith et Holopherne. Pendentif coté entrée. 1509. Fresque, 570 x 970 cm. Chapelle Sixtine, Vatican
Judith et Holopherne. Pendentif coté entrée. 1509. Fresque, 570 x 970 cm. Chapelle Sixtine, Vatican
L’histoire de Judith et Holopherne occupe le pendentif d'angle à gauche de l'entrée : elle raconte un épisode « miraculeux » de l’histoire d’Israël : Judith sauvant sa ville de Béthulie du siège de Holopherne, le général du roi assyrien Nabuchodonosor. « ...et Judith fut laissée seule dans la tente avec Holopherne effondré sur son lit, noyé dans le vin... Elle avança alors vers la traverse du lit proche de la tête d'Holopherne, en détacha son cimeterre... Par deux fois elle frappa au cou, de toute sa force, et détacha sa tête... Peu après, elle sortit et donna la tête d’Holopherne à sa servante, qui la mit dans la besace à vivres... » (Judith XIII, 6-10).

Trois scènes viennent illustrer cet épisode : à gauche les gardes endormis ; au centre Judith et sa servante en train de couvrir d'un linge la tête d'Holopherne, dont les traits rappellent ceux de Michel-Ange ; à droite le corps mutilé d'Holopherne. Judith couvre la tête du mort - autoportrait supposé de Michel-Ange - tandis que le corps décapité gît sur la droite.

Dans sa fresque. Michel Ange ne souligne pas le triomphe de Judith, car, si elle s éloigne de la tente avec la servante, le danger n'est pas écarté pour autant : il faudra éviter la sentinelle, traverser le camp ennemi... Les gestes élégants des deux femmes contrastent avec l'atroce torsion du corps décapité.

Judith et Holopherne. Pendentif coté entrée. 1509. Fresque, 570 x 970 cm. Chapelle Sixtine, Vatican
Judith et Holopherne. Pendentif coté entrée. 1509. Fresque, 570 x 970 cm. Chapelle Sixtine, Vatican
Judith et Holopherne. Pendentif coté entrée. 1509. Fresque, 570 x 970 cm. Chapelle Sixtine, Vatican
Judith et Holopherne. Pendentif coté entrée. 1509. Fresque, 570 x 970 cm. Chapelle Sixtine, Vatican
Judith et Holopherne. Détail : nus de bronze. Pendentif coté entrée. 1509. Fresque, 570 x 970 cm. Chapelle Sixtine, Vatican
Judith et Holopherne. Détail : nus de bronze. Pendentif coté entrée. 1509. Fresque, 570 x 970 cm. Chapelle Sixtine, Vatican

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