Rome : la chapelle Sixtine (Vatican)
0. La chapelle Sixtine
Histoire
Les fresques de Michel Ange
Les fresques des murs de la chapelle
La « théologie » de la Sixtine
3. Les fresques des murs de la chapelle
3.1. Introduction
3.1.1. La réalisation
La chapelle Sixtine : schéma général de la disposition des fresques |
Il existe deux documents sur l’exécution des peintures qui décorent les parois de la Sixtine. Le premier est un contrat daté du 27 octobre 1481, signé entre Giovanni de’ Dolci et les artistes peintres Sandro Botticelli, Le Pérugin, Domenico Ghirlandaio et Cosimo Rosselli. Il stipule notamment que les peintres doivent achever dix fresques avant le 15 mars 1482, soit moins de cinq mois, avec l’aide de leurs ateliers respectifs. Le second contrat est une expertise du 17 janvier 1482, où sont examinés les esquisses sur cartons et où il est question de la rémunération des artistes.
Chapelle Sixtine, Vatican : élévation du mur nord de la chapelle, côté autel : tenture en trompe l’oeil, cycle de la vie du Christ, galerie des papes, lunettes des ancêtres du Christ |
Il s’agit donc d’une entreprise collective, mais il semble que Le Pérugin (1450-1523) se soit rapidement imposé comme maître d’œuvre et coordinateur : il a en effet réalisé les deux fresques de la paroi de l’autel à l'autel ainsi que trois fresques de murs latéraux (Retour de Moïse en Egypte, le baptême du Christ et la remise des Clefs à saint Pierre). C’est à lui qu’est confiée la mission de créer la conception globale du projet et d’en piloter la réalisation. Il a d’ailleurs signé son portrait dans la scène où le Christ confie l’Eglise à Pierre, et il est le seul artiste à avoir laissé sa signature dans la chapelle, au dessus de la scène de baptême dans le premier compartiment du mur nord.
Ainsi, sous la supervision du Pérugin, les artistes s’occupent donc chacun de deux, trois ou quatre fresques, mais laissent à leurs collaborateurs beaucoup de liberté. Ainsi Ghirlandaio confie entièrement à Biagio d’Antonio la réalisation du « Passage de la mer Rouge », en face de sa propre « Vocation des apôtres »… Ainsi les 10 premiers tableaux sont réalisés dans les délais impartis. Deux d’entre eux, qui ornent le mur de l’autel, œuvre du Pérugin, seront détruits lorsque Michel Ange réalisera son Jugement Dernier.
Cosimo Rosselli : la Cène. 1481-1482. Fresque, 349 x 570 cm. Chapelle Sixtine, Vatican |
Par la suite sont réalisée les 6 dernières fresques : le châtiment de Coré, Dathan et Abiron et La remise des clefs à saint Pierre ; le testament et la mort de Moïse et la Cène ; la dispute autour du corps de Moïse et la résurrection du Christ. Dans cette seconde phase, tout est différent, et le travail semble encore plus rapide qu’avant. Il y a un changement dans la technique employée par chaque artiste et dans la répartition des tâches. Si les quatre artistes originaux restent les principaux responsables de la décoration, il font appels à de nouveaux collaborateurs : ainsi arrive Luca Signorelli qui s’adjoint Bartolomeo della Gatta pour la réalisation du Testament et la mort de Moïse ; de même, Cosimo Rosselli s’adjoint la collaboration de Biagio d’Antonio pour la Cène… Fin mai, l’ensemble est achevé !
Les deux dernières fresques originelles ornant la paroi d’entrée de la chapelle ont-elles aussi malheureusement disparu : En effet, dans la nuit de Noël 1522, tandis que le pape Adrien VI s’apprête à célébrer la messe, l’architrave de la porte s’écroule, entraînant l’effondrement du mur. Les deux fresques seront remplacées par des fresques à thème équivalent : la dispute autour du corps de Moïse de Matteo Perez d'Aleccio (1547-1616) dit Matteo da Lecce en 1574, et la Résurrection du Christ de Hendrik Van den Broeck vers 1562.
|
|
3.1.2. Les artistes
3.1.2.1. Sandro Botticelli
3.1.2.1.1. Jeunesse et formation
Sandro Botticelli : l’adoration des mages, détail : autoportrait de l’artiste. 1470-1475.Tempera sur panneau. Diamètre 131,5 cm. Londres, National Gallery |
Alessandro di Mariano di Vanni Filipepi, dit Sandro Botticelli naît à Florence sans doute en 1444 dans le quartier d'Ognissanti où son père est tanneur. Son surnom de « Botticelli » (« petit tonneau ») provient vraisemblablement d’un surnom donné à son frère aîné. A 15 ans, il entre dans l’atelier de Fra Filippo Lippi (1406-1469), un ancien carme florentin à l’existence plus que mouvementée mais excellent peintre, spécialiste des sujets religieux. Il côtoie dans l’atelier Il y travaille avec les peintres Antonio Pollaiuolo et Andrea del Verrocchio, s’initie à l’orfèvrerie, à la gravure à la ciselure, à l’art de l’émail, techniques qui influenceront grandement la ligne de son dessin. Puis, lorsque Lippi quitte Florence en 1467, il s’installe avec son frère Antonio, orfèvre, dans une maison de la Via della Porcellenna achetée en 1464 et transformée en atelier en 1470. Il travaille énormément avec les artisans.
3.1.2.1.2. Les premières œuvres et le séjour à Rome
Sandro Botticelli : l’adoration des mages. 1470-1475.Tempera sur panneau. Diamètre 131,5 cm. Londres, National Gallery |
Botticelli réalise vers 1466 une « ‘Vierge à l'enfant et un ange » (Hôpital des Innocents de Florence) dans l'atelier de Lippi, une « La Vierge de la Loggia » (1467, les Offices), et une « Vierge à l'Enfant, les deux Anges et Jean Baptiste » (1467-1470, Galerie de l’Académie), commandées par différentes familles de la ville. Suit en 1468 son premier chef d’œuvre, une « Adoration des Rois Mages » (Londres, National Gallery) : il s’y libère du cadre intimiste des représentations pieuses pour une peinture plus évènementielle où il introduit la perspective.
En 1474, la famille Pucci, lui commande un « tondo » sur le thème de l'Adoration des Mages (Londres, National Gallery), et la même année Gaspare di Zanobi del Lama, un partisan des Médicis lui commande une autre « Adoration des Rois Mages » la Chapelle Santa Maria Novella. Il va y représenter tous les personnages de la cour ou de l'entourage des Médicis et s’y représenter lui-même (1474, les Offices).
Sa réputation est faite lorsqu’en 1468-1470 il réalise pour le « Tribunale della Mercatanzia » une peinture représentant la « Force » (Les Offices) qui ornera le tribunal avec des œuvres de Verrocchio et Pollaiuolo. Dès lors il vit plus aisément et peut répondre aux commandes des ecclésiastiques et des riches familles florentines en produisant des madones, des saint et des sujets religieux : « Vierge à l'enfant avec six Saints » en 1470 (Les Offices), « Le retour de Judith de Béthulie » (1472, les Offices), la « Découverte du meurtre d’Holopherne » (1472, le Offices), un « Saint Sébastien » qu'il peint en 1474 sur un pilier de l'Eglise Santa Maria Maggiore (Staatliche Museen, Berlin)…
Il réalise ensuite de nombreux portraits comme le « Portrait d'homme avec la médaille de Cosme l'Ancien » (1474, les Offices), « Portrait de Smeralda Brandini » (1475, Londres, Victoria and Albert Museum), « Portraits de Julien de Médicis » (1475-1478, Bergame, Berlin, Washington)…
En 1480, avec sa « Madone du Magnificat » (Offices) et surtout son « Saint Augustin » de l'Eglise Ognissanti créé pour la famille Vespucci, il gagne encore en notoriété, bien au delà de Florence. C’est pourquoi, l’année suivante, le pape Sixte IV della Rovere l’appelle à Rome et lui confie la décoration décorer de la chapelle Sixtine avec trois autres grands peintres. Mais à Rome la rivalité entre les Della Rovere et le Médicis laisse ses chefs d’œuvre méconnus et il n’en tire pas la reconnaissance espérée. Il quitte donc Rome, déçu et furieux, et revient à Florence en 1483, décidé à s’y fixer définitivement.
|
|
3.1.2.1.3. Les années de gloire
Sandro Botticelli : Primavera. Vers 1482.Tempera sur panneau, 203 x 314 cm. Florence, galerie des Offices |
Il créé alors son propre atelier où il forme notamment Filippino Lippi, le fils de son maître, Fra Filippo Lippi. Il accède rapidement à la cour de Laurent le Magnifique dont il devint le peintre officiel et son succès est tel qu’il reçoit des commandes de toute la Toscane. Les chefs d’œuvre se succèdent :
En 1482 il réalise la série « Nastagio degli Onesti » pour la famille Pucci en 1482, une série de quatre tableaux transposant le Décameron de Boccace dans la Florence du XVè (Madrid, le Prado). Il commence une série d'esquisses et dessins sur parchemins pour « La Divine Comédie » de Dante, commande de Lorenzo de Pierfrancesco de Médicis (1480-1490, Rome, Vatican, Berlin, Staatliche Museen).
En 1482, pour le mariage du cousin de Laurent le Magnifique avec Sémirade d'Appiano il créé les célèbres fresque « Primavera » et « Pallas et le Centaure » dans le Palais de Castello (les Offices), et l’année suivante « Vénus et Mars » pour la famille Vespucci (Londres, National Gallery). En 1485 suit un autre chef d’œuvre majeur, la « Naissance de Vénus » (Florence, les Offices).
Sandro Botticelli : la naissance de Vénus. vers 1485. Tempera sur toile, 172.5 x 278.5 cm. Florence, galerie des Offices |
Il continue à produire des sujets religieux comme la « Madone à l'Enfant avec Jean Baptiste et Jean l'Evangéliste » ou « retable Bardi » pour la Chapelle Santo Spirito, une commande du banquier des Médicis, Bardi (1484, Berlin, Staatliche Museen) ou la « Madone à la grenade » (1487, Musée des Offices).
3.1.2.1.4. La crise religieuse et les dernières années
Sandro Botticelli : l’histoire de Lucrèce. 1496-1504. Tempera sur panneau, 83,5 x 180 cm. Boston, Isbella Stewart Gardner Museum |
Dans les années 1490, Florence est en proie à une grande agitation qui se traduit par une crise politique et religieuse. Jérôme Savonarole, ancien prieur des Médicis, annonce la fin de monde au tournant du siècle, prêche l'ascèse et la pénitence et exhorte à la vertu, à la vie modeste et à l'humilité, sous peine du châtiment divin. Il condamne les grandes familles florentines et leur train de vie fastueux, vêtements, perruques, bijoux, musique, les livres, tableaux et sculptures jugés infâmes… Il exerce une très profonde influence sur toute la ville de Florence, malgré l’hostilité des Médicis.
En 1494 les Français menacent de prendre la ville. Les Médicis sont chassée. Savonarole négocie avec les Français, parvient à éviter le sac de la ville et en devient le chef, instaurant une « République chrétienne » : il met en place une véritable révolution sociale et morale. En 1497, il créé le « Bûcher des vanités » où sont livrés aux flammes miroirs, cosmétiques, images licencieuses, livres non religieux, jeux, robes les plus splendides, livres de poètes jugés immoraux…
Profondément influencé par ces évènements et bouleversé par les prêches de Savonarole, Botticelli adhère à la réforme religieuse et morale, et apporte lui-même quelques-unes de ses œuvres au bûcher, notamment des nus féminins… Il peint alors quelques sujets religieux traduisant son inquiétude religieuse, comme « La déploration du Christ avec les saints Jérôme, Pierre et Paul » (1490, Munich, alte Pinakothek), la « Lamentation du Christ de Milan » (1490, Milan, musée Podli Pezzoli) « La Trinité avec Marie Madeleine » (1493, Londres, Courtauld Institute Galleries), « La Vierge à l'enfant avec Jean-Baptiste » (1495, Florence, Palais Pitti), « La Crucifixion avec Marie Madeleine » (1497, Cambridge, University of Harvard).
Sandro Botticelli : le dernier miracle et la mort de saint Zenobius. 1500-1505. Tempera sur panneau, 66 x 182 cm. Dresde, Gemäldegalerie |
La réforme de Savonarole échoue finalement et le moine dominicain finit sur le bûcher en 1498 alors que les Médicis reviennent au pouvoir.
A partir de 1498, le style de Botticelli évolue vers des compositions plus engagées et plus rebelles aux pouvoirs des Médicis : ainsi l’« Histoire de Virginie » (1496, Bergame, Accademia Carrara) qui relate l'histoire de Virginie, victime et esclave d'Appuius Claudius, poignardée par son père ou l’« Histoire de Lucrèce » (Boston, Steward Gardner Museum) qui se suicide pour sauver son honneur, oeuvres peintes entre 1498 et 1504.
A partir de 1500, il réalise en quatre tableaux la vie du premier évêque de Florence, Saint Zénobie (Londres, National Gallery). Mais en 1504, malade, il devient incapable de peindre. Il meurt en mai 1510 dans sa maison de Porcellenna.
3.1.2.1.5. L’art de Botticelli
Sandro Botticelli : la madone du magnificat. 1480-1480. Tempera sur panneau; diamètre : 118cm.Florence, les Offices |
Sa peinture est le lieu d'une confrontation entre nature et histoire. Son oeuvre s'oppose à la peinture des grands systèmes figuratifs du type de celui de Piero della Francesca avait proposé. Botticelli ne connaît pas l’épanouissement heureux de Raphaël, l’insatisfaction tourmentée de Léonard, les angoisses ou les triomphes de Michel-Ange. L’art de Botticelli, étonnamment personnel, d’une subjectivité intense, est, en même temps, le plus profondément accordé au climat de ce « siècle d’or » florentin évoqué par Vasari. L’originalité de son œuvre est dans la réaction d’une sensibilité constamment en éveil devant les êtres et les choses, devant les événements, les suggestions, les rêves qui s’affrontent et se succèdent au cours d’une carrière sans histoire.
Sandro Botticelli : Vénus et Mars. Vers 1483. Tempera sur bois, 69x173,5cm. Londres, National Gallery |
L'art de Botticelli a cependant évolué, et trois périodes distinctes jalonnent sa carrière, au cours desquelles s'expriment un style de jeunesse robuste et sculptural, un style de maturité plus fluide et élégamment réaliste, et enfin un style tardif, empreint d'une certaine gravité, avec des formes élancées et des mouvements fiévreux. En fait, Botticelli a essayé de réaliser deux aspirations de l'art humaniste : recréer les réussites exemplaires de l'art antique, et rivaliser avec la grande poésie par la richesse d'invention et la force de suggestion.
3.1.2.2. Le Pérugin
Le Pérugin : le Christ remet les clefs à saint Pierre (1481-1482). Détail. Fresque, 335 x 550cm. Chapelle Sixtine, Vatican |
Pietro di Cristoforo Vanucci dit « Le Pérugin » voit le jour en 1446 à Città della Pieve, près de Pérouse en Ombrie. Très jeune, il part à Florence où il se forme au contact des œuvres de Piero della Francesca et de Verrocchio, dont il est l’élève entre 1470 et 1472, en compagnie de Léonard de Vinci.
Il réalise alors ses premières œuvres, marquées par l’influence de Verrocchio et de Della Francesca ; « Adoration des Mages » (1476, Pérouse, Galleria Nazionale dell'Umbria), « Scènes de la vie de Saint-Bernard » (1476, Pérouse, Galleria Nazionale dell'Umbria), et de nombreuses madones (Palais Pitti, Offices, Rome…)
Il travaille à Rome à partir de 1478, et entre 1480 et 1482, il supervise la réalisation des fresques de la Chapelle Sixtine avec d'autres grands maîtres de l'époque. Il y peint cinq scènes : deux ont disparu, l’une est entièrement de sa main (Le Christ remettant les clefs à saint Pierre) et deux sont réalisées en collaboration avec Pinturicchio (le Baptême du Christ et Moïse voyageant en Égypte). S'affranchissant peu à peu de l'exemple de Piero della Francesca, il privilégie dans ses compositions la clarté, l'équilibre et le classicisme des formes et intègre le paysage comme donnée fondamentale de la composition picturale.
Le mariage de la vierge. 1500-1504. Huile sur bois, 234 x 185cm. Caen, Musée des Beaux Arts |
En 1485, Pietro Vanucci est nommé citoyen d'honneur de Pérouse, et son activité devient alors débordante : il ouvre deux ateliers à Pérouse et à Florence pour faire face aux multiples commandes. Son œuvre atteint la plus grande maturité, avec de larges compositions intégrées dans de vastes espaces ouverts : « Crucifixion des Pazzi » (1494, Florence, sainte Madeleine des Pazzi), retable de la vierge avec l’enfant Jésus, Saint Laurent, Saint Ludovic de Toulouse, Saint Herculanus et Saint Constant, (1495-1496, Vatican et Pérouse), « Polyptyque du maître autel de l'église Saint-Pierre à Pérouse (1496-1499, dispersé) ; « Mariage de la Vierge » (1504, musée de Caen).
Portrait de Francesco delle Opere. 1494. Tempera sur bois, 52 x 44 cm. Florence, les Offices. |
En 1500, il décore la chambre d'audience du collège de Pérouge et accueille dans son atelier le jeune peintre Raphaël, qui vient se former à la technique picturale.
Entre 1500 et 1504 il réalise le et la Résurrection. C’est de ces années que date son amitié avec En 1502, il commence la réalisation d’un retable pour le chapitre des Augustins de Pérouse. Il y travaille jusqu’en 1512 : ce retable est aujourd’hui dispersé entre Pérouse, le Louvre, l’Alabama, Lyon, Grenoble et Toulouse (Saint-Jean l'Évangéliste et Saint-Augustin). Il travaille intensément pour les principales églises d’Ombrie et de Toscane, et pour Isabela Gonzaga, pour qui il réalise la Lotta tra Amore e Castità en 1505. En 1508, il décore la voûte de la salle « Incendio del Borgo » au Vatican. À partir de cette date, il travaille à Pérouse et dans ses environs, mais son style s’appauvrit et il donne facilement dans la répétition.
Il meurt à Pérouse en 1523.
3.1.2.3. Domenico Ghirlandaio
Saint François renonce aux biens terrestres. 1482-1485. Fresque de la chapelle Sasseti à Santa Trinita de Florence |
Domenico Ghirlandaio, naît en 1449 à Florence. Il entre dans l'atelier du peintre Alesso Baldovinetti et, une fois formé, il crée avec ses frères son propre atelier dans lequel se formeront Michel Ange et Francesco Granacci. L'atelier sera repris à sa mort par son frère Davide Ghirlandaio.
Ses premières grandes fresques sont celles de l’église paroissiale saint André de Cercina (1471) et les « Histoires de sainte Fina » à la collégiale de Saint Gimignano (1473-1475).
En 1480, il devient le portraitiste le plus en vogue de la bourgeoisie de Florence, et est appelé à Rome pour participer au décor de la chapelle Sixtine : il y réalise la fresque de l'Appel de saint Pierre et de saint André, où il collabore avec Botticelli.
De retour à Florence, il va y réaliser ses œuvres principales : la décoration de la chapelle familiale des Sasseti à Santa Trinita et la décoration de la chapelle des Tornabuoni Santa Maria Novella (1485-1490).
En 1488 il réalise une superbe « Adoration des Mages » pour l’hôpital des Innocents de Florence, le portrait de Giovanna Tornabuoni (Madrid, musée Thyssen-Bornemisza), et en 1490 le fameux portrait du « Vieil homme et l’enfant » du musée du Louvre.
Ghirlandaio meurt le 11 janvier 1494.
|
|
3.1.2.4. Cosimo Rosselli
Cosimo Rosselli : Annonciation. 1473, fond d'or, 150 x 156 cm. Florence Musée des Offices |
Cosimo di Lorenzo Rosselli naît en 1439. Il est formé dans l’atelier de Neri di Bicci entre mai 1453 et octobre 1456; En 1459, il reçoit sa première commande connue, un retable pour l’église Santa Trinita de Florence, aujourd’hui disparu. Il travaille ensuite avec Benozzo Gozzoli, dont l'influence est manifeste dans ses premiers travaux, mais Cosimo s’ouvre aussi aux influences d’autres contemporains comme Alesso Baldovinetti, Andrea del Verrocchio ou les frères Pollaiuolo.
Cosimo Les premières œuvres importantes connues de Cosimo Rosselli sont les fresques de la chapelle de Salutati dans la cathédrale de Fiesole, dans le style de Baldovinetti, datées de 1462-1466, et le retable de sainte Barbara (1468-1469, Florence, galerie de l’Accademia) pour la chapelle confrérie germano-flamande de l’église de l’Annonciation. Il réalise ensuite des fresques à Florence pour les églises Santa Annunziata et Sant’ Ambrogio.
L’apogée de sa carrière est la réalisation des fresques de la chapelle Sixtine : il réalise la traversée de la mer Rouge, le sermon sur la montagne et la cène.
Il meurt en 1507. Il a formé Fra Bartolomeo et Piero di Cosimo.
3.1.2.5. Luca Signorelli
3.1.2.5.1. Biographie
L’apocalypse (détail). 1499-1502. Fresque. Chapelle San Brizio du dôme d’Orvieto |
Né à Cortone en 1441, Luca Signorelli dit « Luca de Cortone » est formé dans l’atelier de Piero della Francesca qui exerce un ascendant considérable sur ses oeuvres. Ses premières oeuvres sont des fresques comme la « Flagellation » (1480, Milan, la Bréra) et une « Madone à l’enfant » (Rome, château saint Ange).
En 1482, il est appelé à Rome pour travailler à la décoration de la chapelle Sixtine aux cotés du Pérugin, Botticelli, Ghirlandaio et Cosimo Rosselli; il y peint le testament et la mort de Moïse
Puis il réalise un certain nombre de chefs d’œuvre comme La « Circoncision », le « Retable de Saint Onofrio » ou le « Triomphe de Pan » et le tondo de la Vierge à l'enfant anc Joseph et un inconnu » (1492, Palais Pitti) tous les deux peints pour Laurent de Médicis.Â
En 1500 il reçoit commande de poursuivre la décoration de la chapelle de San Brizio à la cathédrale d'Orvieto, commencée par Fra Angelico sur le thème du jugement dernier : les Choeurs célestes, la venue de l'antéchrist, le Châtiment des damnés. Avec ce cycle d'Orvieto, Signorelli est au sommet de sa puissance créatrice.
Après cette œuvre, il réalise encore un retable pour l’église sainte Marguerite de Cortone (la cène, le Jardin des Oliviers, la flagellation, la descente de croix ; 1502, musée diocésain), une trinité (1510, Offices), une « Communion des apôtres » (1512, Cortone, musée diocésain), une « Immaculée conception » (1523, Cortone, musée diocésain).
Signorelli meurt vers 1525.
|
|
3.1.2.5.2. La chapelle San Brizio de la cathédrale d’Orvieto
L’apocalypse (détail). 1499-1502. Fresque. Chapelle San Brizio du dôme d’Orvieto |
Du côté droit de la croisée, la chapelle saint Brice figure parmi les plus importants témoignages de la peinture italienne. La conception spatiale particulière de la chapelle et le cycle de fresques qui la décorent, réalisées en partie par Fra Angelico (1447-1449, deux panneaux) et achevées par Luca Signorelli (1499-1504), font de cette chapelle un cas unique dans l’art italien.
Signorelli conçoit la chapelle comme une sphère où tous les points ont la même importance. Il cherche à frapper l’imagination des fidèles dans la tradition de la peinture médiévale, en donnant une vision prémonitoire de la fin du monde où l’humanité sera soumise au jugement de la justice divine.
Il résume l’eschatologie chrétienne est résumée en cinq tableaux : L’antéchrist, le Jugement dernier, la Résurrection, l’Enfer et le Paradis, en cherchant un effet d’ensemble, accompagné de représentations de type architectural (colonnade de la partie inférieure ou fenêtres ornées de personnages illustres : Empédocle, Dante, Virgile, Ovide) en un jeu d’illusions et de perspective qui donne la sensation d’entrer dans la scène peinte. Dans l’Enfer, Signorelli s’inspire de Dante et cherche moins à rendre la gloire divine qu’à exprimer le sentiment des êtres humains devant une réalité terrifiante. Il se concentre ainsi sur les êtres qui souffrent dans leur âme et leur corps, dépeints dans un style naturaliste, et suppliant en exprimant une vaine révolte contre leur sort : Michel Ange s’en inspirera pour sa fresque du Jugement Dernier.
|
|
3.1.2.6. Il Pinturicchio
Il Pinturicchio : l’arithmétique. 1492-1494. Fresque, Vatican, palais pontifical, appartements Borgia |
Bernardino di Betto, « Il Pinturicchio » naît à Pérouse en 1454
Collaborateur du Pérugin, il travaille principalement à Pérouse, et les premières traces de son œuvre sont des ajouts de costumes et d'éléments pittoresques sur deux tableaux du Pérugin relatant l'histoire de saint Bernardin : la « Guérison du paralytique » et la « Libération du prisonnier ». (Pérouse, Galerie nationale).
Lorsque Sixte IV nomme Le Pérugin à la tête chantier de la chapelle Sixtine en 1481, il est appelé à collaborer et travaille aux fresques du « retour de Moïse en Égypte » et du « Baptême du Christ »…
Très apprécié à Rome par la suite, il devient l'un des plus grands peintres de fresques de la Renaissance, bien qu'on puisse lui reprocher un penchant excessif pour l'ornementation, notamment l'utilisation des ors. Ainsi Pinturicchio se voit confier par Alexandre VI la décoration des appartements Borgia du Vatican (1492-1494). En 1501, il peint à fresque l'« Histoire de la vie de la Vierge » dans la chapelle Baglioni à Santa Maria Maggiore de Spello.
Il Pinturicchio : crucifixion avec saint Jérôme et saint Christophe. Vers 1471. Huile sur bois, 59 x 40cm. Rome, Galerie Borghèse. |
En 1505 il est à Sienne où il travaille dans le Dôme à la décoration de la « Libreria Piccolomini », la bibliothèque du cardinal Francesco Piccolomini, le futur Pie III. Il réalise notamment des épisodes de la vie de Pie II (Enea Silvio Piccolomini), oeuvre considérée comme l'un des plus importants cycles profanes de la Renaissance, et à laquelle va collaborer le jeune Raphaël. .
En 1509, il exécute les fresques du presbytère de l'église Santa Maria del Popolo de Rome.
Il meurt en 1513.
3.1.3. La signification des fresques
Chapelle Sixtine, mur sud : fresque du testament et de la mort de Moïse (à gauche) et fresque du châtiment de Coré et des lévites |
Ces scènes ont été sans doute commandées par Sixte IV, sur les conseils d’un théologien de la cour pontificale, dans un but politique très précis, allant au-delà de la simple illustration des correspondances entre l’Ancien et le Nouveau Testament.
Sixte IV tient absolument à légitimer son autorité pontificale, à montrer l'importance du rôle de pape et à positionner son indépendance vis-à -vis des monarques de la chrétienté. Il veut ainsi démontrer que son autorité lui vient directement de Dieu, et en partant de l’histoire de Moïse, relayée par celle du Christ qui confie pouvoir à Pierre, dont l'autorité suprême trouve son prolongement dans la Papes. Les portraits de ce dernier au-dessus de la narration ne font que renforcer cette tradition de pouvoirs…
Chapelle Sixtine, mur nord : fresque de la remise des clés à Saint Pierre (à gauche) et fresque de la dernière cène |
Ainsi les deux plus importantes scènes du cycle du Pérugin sont celle du châtiment de Coré et des Lévites de Botticelli, ou se trouve confirmé le rôle prépondérant d’Aaron le grand prêtre, dépeint en tenue papale, et la scène du Christ remettant les clés à saint Pierre du Pérugin. Dans le tableau de Botticelli on remarque particulièrement au fond l'arc de triomphe de Constantin, allusion à la puissance du Pape conférée par l'empereur. Sixte IV son positionne ainsi non seulement comme le continuateur incontestable de l’autorité vétéro- et néo-testamentaire, mais aussi comme l’héritier et le successeur légitime de l'autorité romaine.
3.2. La série des Papes
Chapelle Sixtine, Vatican : section du mur avec la galerie des papes et les lunettes des ancêtres du Christ |
La série des Papes se situe à hauteur des fenêtres de la chapelle, entre les lunettes des ancêtres du Christ et les fresques des murs peintes par les prédécesseurs de Michel Ange. Partant du mur de fond de l'autel, elle fait tout le tour de la chapelle. Elle représente les 28 premiers papes de l’Eglise qui sont morts martyrs. Mais les quatre premières figures, celle du Christ au centre et celle des trois premiers pontifes, Pierre,Lin et Clet sont supprimées en 1536 lorsque Michel-Ange réalise sa fresque du Jugement dernier.
Les personnages des papes sont disposés deux par deux dans des niches, de part et d'autre des fenêtres. Ils ne se suivent pas sur un seul mur par ordre chronologique, mais en alternance avec ceux du mur d'en face.
Botticelli : le pape Sixte II. 1481. Fresque, 210 x 80cm. Chapelle Sixtine, Vatican |
Les créateurs de la série sont les artistes qui ont peint les cycles de la vie de Moïse et du Christ : Pietro Perugino, Sandro Botticelli (Pie I, Sixte II) Cosimo Rosselli, Domenico Ghirlandaio (Anaclet) et leurs assistants, comme Fra Diamante (Télesphore, Alexandre I). Si tous les artistes ne sont pas identifiables avec certitude, certaines caractéristiques stylistiques dans un grand nombre de portraits permettent d’en attribuer la paternité a des peintre identifié, dont Botticelli et ses assistants, auteur de sept des portraits.
Les divers personnages, dont les portraits son naturellement imaginaires, sont représentés dans des attitudes légèrement différentes, généralement debout de trois quarts, portant un livre ou un rouleau ou bien encore donnant leur bénédiction.
La figure papale sans doute la plus remarquable est celle de Sixte II, réalisée par Sandro Botticelli. Sixte, élu pape en 257 durant la persécution de l'empereur romain Valérien sera supplicié en 258 après une année seulement de pontificat ; il aura juste le temps de mener à bien une importante initiative de pacification entre les églises de Rome et de Carthage, en litige sur la question du baptême des hérétiques « relapses ».
3.3. Les fresques des murs
3.3.1. Les cycles
Chapelle Sixtine : les mur nord (en haut) et sud (en bas |
Originellement, les murs nord et sud de la chapelle, ainsi que le mur d’entré et le mur de l’autel, sont décorés de fresques par divers artistes de la fin du Quattrocento. Elles présentent le cycle de Moïse sur le mur sud, et le cycle du Christ sur le mur nord, chaque scène du cycle se correspondant, avec des tituli (inscriptions) expliquant ces correspondances.
On obtient ainsi les correspondances suivantes, en partant de l’autel et en se dirigeant vers l’entrée de la chapelle :
Mur sud |
Mur nord |
Voyage de Moïse en Egypte |
Le baptême du Christ |
Meurtre du soldat égyptien, |
La tentation du Christ |
Le passage de la Mer Rouge |
L’appel des premiers apôtres |
La remise des tables de la Loi |
Le discours sur la Montagne |
Le châtiment de Coré, Dathan et Abiron |
La remise des clefs à saint Pierre |
Le testament et la mort de Moïse |
La Cène |
La dispute autour du corps de Moïse |
La résurrection du Christ |
Sous chaque panneau des histoires a été réalisée une tenture en trompe l’oeil avec les insignes de Sixte IV.
3.3.2. Le cycle de Moïse
3.3.2.1. Le retour de Moïse en Egypte: « Le Perugin » et « Pinturicchio »
Le Pérugin : le retour de Moïse en Egypte et la circoncision de son fils Eliézer. Vers 1482. Fresque, 350x572cm. Chapelle Sixtine, Vatican |
La fresque est située dans le premier compartiment près de l’autel sur le mur sud. Elle a été réalisée (vers 1482) par Pietro di Cristoforo Vannucci dit « Le Pérugin » (1450-1523) et Bernardino di Betto, le « Pinturicchio » (1450-1513), ce dernier étant probablement l’auteur du paysage et des scènes mineures.
Le thème de cette composition a rarement été développé en peinture et fait référence à l’épisode (Exode, IV, 18-26) où Moïse, en exil au « pays de Madian », prend congé de son beau-père qui l’a recueilli et dont il a épousé la fille, Séphora. Dieu l’a en effet sollicité pour retourner en Egypte afin d’y délivrer le peuple d’Israël (scène centrale).
Au premier plan, à gauche une scène raconte l’épisode le la rencontre entre Moïse et l’ange envoyé pour le punir de ne pas avoir circoncis son second fils et à droite, la scène de la circoncision d’Eliezer, ce même fils.
La fresque qui lui fait face est celle du Baptême du Christ, réalisés par les mêmes peintres. Ainsi les deux fresques veulent montrer combien la nouvelle religion inaugurée par le baptême du Christ est plus profonde et plus spirituelle de la religion juive. Selon saint Augustin et de nombreux Pères de l'Église, le baptême est en effet préfiguré par la circoncision, et est lui-même perçu comme une « une circoncision spirituelle. »
|
|
3.3.2.2. Episodes de la vie de Moïse : Sandro Botticelli
Botticelli : Scènes de la vie de Moïse. 1481-1482. Fresque, 348,5 x 558 cm Chapelle Sixtine, Vatican |
Cette composition (1481-1482) relate différents événements de la vie de Moïse d’après le récit de l’Exode (Exode II ; III, 1-6 et XIII-XIV). Botticelli intègre habilement sept épisodes de la vie du jeune Moïse dans le paysage, en utilisant des diagonales Les 7 scènes représentées doivent être lues de droite à gauche :
- Moïse tue l'Egyptien qui avait maltraité un Hébreu ;
- Moïse s’enfuit au pays de Madian ;
- Moïse protège les filles de Jéthro de bergers malveillants ;
- Moïse aide les filles de Jéthro à abreuver leur troupeau ;
- Moïse fait paître le troupeau de son beau père Jéthro ;
- Moïse retire ses sandales et se prosterne devant le buisson ardent ;
- Moïse conduit les Hébreux vers la mer Rouge.
Cette fresque, se trouve en face de celle qui dépeint les tentations du Christ dans le désert, également peinte par Botticelli. Les deux fresques sont liées par le thème commun de la vocation et de la tentation, dans lesquels le désert joue un rôle primordial.
La scène centrale, dans laquelle Moïse fait boire le troupeau appartenant aux filles de Jéthro l'une d'elles, Séphora, deviendra plus tard sa femme - est l'une des plus belles de l'ensemble du cycle. Selon l’interprétation traditionnelle, il s'agit d'une référence au Christ, pasteur de son Église.
|
|
3.3.2.3. La traversée de la Mer Rouge: Cosimo Rosselli et Biagio di Antonio
Cosimo Rosselli : la traversée de la mer Rouge. 1481-1482. Fresque, 350x572cm. Vatican, chapelle Sixtine. |
La scène (Exode XIV, 15-31) commence dans le fond à droite, alors que Moïse et Aaron tentent de convaincre Pharaon de libérer le peuple d'Israël. Suit la description des fléaux s’abattant sur l'Egypte. Les Hébreux ayant franchi sans encombres la Mer Rouge apparaissent sur la partie gauche de la composition alors que l’armée égyptienne s’abîme dans les flots de la Mer Rouge.
S'élevant au-dessus des flots, le pilier de feu avec lequel Dieu a plongé dans la peur l'armée des Egyptiens. La femme agenouillée au premier plan est la prophétesse Miriam, qui joue du tambourin et remercier Dieu, sauveur de son peuple. Le vieillard tenant une relique, à droite de Moïse, est le cardinal Bessarion ; le jeune homme en noir, à la gauche du prophète, est Piero di Cosimo ; le guerrier pratiquement de dos est Roberto Malatesta.
3.3.2.4. La remise des tables de la loi et le veau d’or : Cosimo Rosselli
Cosimo Rosselli : les tables de la loi et le veau d’or. 1481-1482. Fresque, 350 x 572 cm. Chapelle Sixtine, Vatican |
La transmission de la loi est présentée dans le quatrième compartiment des murs sud et nord, les deux fresques étant peintes par Rosselli en 1481-1482. A la scène du Sinaï fait face le Sermon sur la montagne.
Dans la fresque du Sinaï, en haut sur la droite, Yahvé remet à Moïse les tables de la loi, alors que plus bas dort Josué. A gauche, Moïse et Josué, redescendus de la montagne, présentent la loi au peuple. Plus vers la droite, Moïse fracasse les tables de la loi : il vient de découvrir que les Israélites, avec le soutien d’Aaron adorent le veau d’or (centre de la fresque). A droite et à l’arrière plan, les idolâtres sont punis de mort. A gauche, lui fait face une scène décrivant sans doute Moïse de retour auprès des tentes avec les tables de la Loi.
3.3.2.5. Le châtiment de Coré, Datan et Abiram : Sandro Botticelli
Botticelli Le châtiment de Coré, Datan et Abiram. 1481-82. Fresque, 348,5 x 570 cm. Chapelle Sixtine, Vatican |
Le message de ce tableau fournit la clé de la compréhension de la chapelle Sixtine dans son ensemble avant le travail de Michel Ange : la thématique de l’autorité papale sur l’Eglise. La fresque reproduit trois épisodes du séjour du peuple élu dans le désert, chacun représentant une révolte des Hébreux contre Dieu et ses représentants Moïse et Aaron, ainsi que le châtiment divin frappant les agitateurs.
A droite, les révoltés tentent de lapider Moïse décrit comme un vieillard barbu, vêtu d'une robe de couleur jaune et d’un manteau vert olive. Irrités de leur longue pérégrination dans le désert, ils exigent la démission du patriarche et son remplacement. Ils menacnet le vieillard avec des pierres. Josué fait de son corps un rempart protecteur.
Botticelli Le châtiment de Coré, Datan et Abiram. 1481-82. Fresque, 348,5 x 570 cm. Chapelle Sixtine, Vatican |
Le centre de la fresque montre la rébellion des fils d’Aaron et de certains Lévites, sous la direction de Coré, contre l’autorité du grand prêtre Aaron, alors qu’ils offrent l’encens sur l’autel de Dieu. En arrière-plan, Aaron, plein de dignité solennelle, encense l’autel. A gauche, les rebelles, chassés de l’autel par le bâton de Moïse, sont châtiés et engloutis par la terre qui s’entrouvre, alors que les deux fils innocents de Corè sont épargnés du courroux divin et flottent sur un nuage.
Le message principal de ces scènes est révélé par l'inscription du champ central de l'arc de triomphe et qui signifie très clairement : la malédiction divine s’abattra sur quiconque touche à celui que Dieu a appelé pour diriger, comme Aaron ! Cet avertissement se rapporte naturellement au contexte politique troublé de l’époque : à travers le portrait d’Aaron, peint sous les traits et habit du pape, c’est l’autorité suprême du Pape sur l'Eglise qui est en jeu : or cette autorité repose sur le geste du Christ remettant à Pierre les clefs du royaume des cieux et lui accordant protection pour l’Eglise naissante, scène que Le Pérugin décrit précisément sur la fresque faisant face à celle de Botticelli juste en face de la fresque de Botticelli.
|
|
3.3.2.6. Le testament et la mort de Moïse : Luca Signorelli et Bartolomeo Della Gatta
Signorelli – Della Galla : Le testament et mort de Moïse. 1481-1482. Fresque, 350 x 572 cm. Chapelle Sixtine, Vatican |
La fresque reprend l’histoire des derniers jours de Moïse (Deutéronome V, 1; XXXI, 1-8; XXXIV, 1).
Au premier plan, à droite de la composition, Moïse remet le bâton de Commandement à Josué. En arrière plan, de droite à gauche, l'ange montre la Terre Promise à Moïse, le prophète descend du mont Nébo et est étendu sur le sol, mort et pleuré par ses proches durant trente jours. Lucas Signorelli, auteur du tableau, s'est représenté sous la forme du troisième personnage de la première scène en partant de la gauche.
Signorelli – Della Galla : Le testament et mort de Moïse. 1481-1482. Fresque, 350 x 572 cm. Chapelle Sixtine, Vatican |
Signorelli (1450-1523) a un peu plus de trente ans, lorsqu’il commence à participer à la décoration de la Chapelle Sixtine. Son nom en effet ne figure pas parmi le groupe d’artistes toscans et ombriens (Cosimo Rosselli, Botticelli, Ghirlandaio et le Pérugin), qui signent le 27 octobre 1481 le contrat pour la décoration des murs latéraux de la chapelle. Il n’est donc pas l’auteur unique de cette fresque, même si Vasari est absolument certain qu’il y a participé. La fresque est en effet en grande partie l'œuvre de Bartolomeo della Gatta (1448-1502), son style se reconnaissant par l’utilisation de couleurs vives et de subtils éclairages. La main de Signorelli se reconnaît cependant dans de nombreux personnages de la fresque, qui véhiculent une grande énergie et de puissantes émotions : ainsi le jeune homme nu assis, au milieu du premier plan, les deux personnages tournant le dos au spectateur ou l’homme tenant un bâton et s’appuyant sur le siège de Moïse….
3.3.2.7. La dispute autour du corps de Moïse : Matteo Perez d'Aleccio
Matteo da Lecce : la défense du corps de Moïse. Vers 1574. Fresque. Chapelle Sixtine, Vatican |
Cette fresque a été réalisée par le peintre Matteo Perez d'Aleccio, dit Matteo da Lecce (1547-1616), en 1574, soit 10 ans après la mort de Michel Ange. Da Lecce a fait ses premiers pas à la chapelle Sixtine, alors qu’il était en apprentissage auprès du maître vieillissant. Sa fresque remplace en fait l’originale, réalisée par Luca Signorelli, qui avait été détruite.
La scène met aux prises Satan et ses troupes qui disputent le corps de Moïse aux anges menés au combat par saint Michel : symbole préfigurant la scène de la résurrection et du jugement dernier.
Avec cette fresque s’achève le cycle de Moïse.
3.3.3. Le cycle du Christ
3.3.3.1. Le baptême du Christ : le Pérugin - Pinturicchio
Le Pérugin : le baptême du Christ. Détail. Vers 1482. Fresque, 335x540cm. Chapelle Sixtine, Vatican |
Le Baptême du Christ, qui fait face à la circoncision du fils de Moïse, occupe le centre de la composition. Le titulus se réfère directement à l'évènement. La fresque est l’œuvre de Pietro Pérugin et de Pinturicchio, ce dernier étant sans doute l’auteur du paysage et de scènes mineures en arrière plan : respectivement à gauche et à droite, le Christ et Jean-Baptiste prêchant. La signature de l'artiste principale, Le Pérugin, apparaît sur le cadre en marbre au-dessus du médaillon qui renferme Dieu bénissant.
Le sens de la scène est très clair, au regard de la scène de l’Ancien Testament qui lui fait face : la nouvelle religion du Christ est plus profonde et plus spirituelle que l’ancienne religion juive.
|
|
3.3.3.2. Les trois tentations du Christ : Sandro Botticelli
Botticelli : les trois tentations du Christ. 1481-1482. Fresque, 345 x 555 cm. Chapelle Sixtine, Vatican |
La fresque que Botticelli commence en juillet 1481 est la troisième scène du cycle du Christ. Elle décrit la triple tentation du Christ par le diable, telle qu’elle est décrite dans l'Évangile de Matthieu. En haut à gauche, sur la montagne, Satan, déguisé en moine, demande au Christ de transformer les pierres en pain ; au centre, debout sur le temple en compagnie du Christ, il tente de le persuader de se jeter dans le vide ; à droite enfin, il montre au Fils de Dieu toute les richesses du monde et lui propose d’en devenir le maître. Mais le Christ repousse le diable qui, au bord du rocher, révèle sa véritable forme diabolique et fuit, alors que trois anges ont dressé l’autel pour la célébration de l'Eucharistie.
Cette dernière scène n’est compréhensible qu’au regard de ce qui se passe à l’avant plan : on y voit à gauche le Christ à nouveau en compagnie de trois anges : il leur explique apparemment la scène qui se passe au premier plan de la fresque. Il s'agit de la célébration du sacrifice juif qui a lieu quotidiennement devant le Temple conformément à l'ancienne coutume. Le grand prêtre y reçoit un bol rempli du sang sacrificiel, alors que plusieurs fidèles apportent en offrande des animaux et du bois pour le bûcher.
Botticelli : les trois tentations du Christ. Détail. 1481-1482. Fresque, 345 x 555 cm. Chapelle Sixtine, Vatican |
À première vue, l'inclusion de cette scène sacrificielle juive dans le cycle du Christ laisse perplexe ; il faut en trouver l’interprétation théologique et symbolique que fait l’église du sacrifice vétérotestamentaire : il est en effet la préfiguration du sacrifice du Christ, de sa crucifixion et de sa résurrection pour la rédemption de l'humanité, sacrifice du Christ que chaque jour les chrétiens célèbrent autour de la table de l’Eucharistie…
Parmi la foule qui compose la scène sacrificielle juive, la jeune femme à gauche au premier plan qui transporte sur sa tête un panier avec les poules est connue : il s’agit d’Abra, la servante qui porte la tête d’Holopherne dans le tableau « Le Retour de Judith à Béthulie » que Botticelli avait peint une dizaine d'années auparavant (1472, musée des Offices, Florence). L’artiste s’est probablement inspiré de la même Abra pour peindre la jeune fille à gauche qui apporte du bois pour le sacrifice. Ces similitudes conduisent à l'hypothèse que Botticelli ait gardé les esquisses de ses compositions et de ses personnages, disposant ainsi d’un « stock » pour ses compositions ultérieures… En revanche, le petit garçon tenant une grappe de raisin qui est effrayé par un serpent, Botticelli en a tiré le modèle des thèmes de la sculpture hellénistique
Parmi les nombreux portraits qui composent l'assistance, se trouve Girolamo Riario, condottiere du pape, avec son bâton de commandement.
|
|
3.3.3.3. L’appel des apôtres Pierre et André : Domenico Ghirlandaio
Domenico Ghirlandaio : L’appel des apôtres Pierre et André. 1481. Fresque, 349-570. Vatican, Chapelle Sixtine |
La fresque de l’appel des apôtres Pierre et André se trouve dans le troisième compartiment du mur nord. Elle est l’œuvre de Domenico Ghirlandaio, qui a par ailleurs réalisé une seconde fresque, celle de la Résurrection du Christ, sur la partie droite du mur d’entrée. Cette fresque représentait la Résurrection. Elle fut entièrement détruite en 1522 lorsque le mur s’effondra…
La fresque est divisée en deux zones : au premier plan, l’artiste décrit plusieurs groupes de personnages, soigneusement ordonnés. Au centre le Christ bénit les premiers apôtres, Simon Pierre et André à genoux ; ils le suivent et apparaissent à nouveau à l'arrière-plan sur la droite. Là , ils sont témoin de l’appel par le Christ de Jacques et de Jean, assis dans une barque avec leur père Zébédée et réparant leurs filets. Cette scène de l’appel, particulièrement la description des personnages dans leurs amples habits est une réminiscence et un hommage à la fresque de Masaccio réalisée dans la chapelle Brancacci de Santa Maria del Carmine à Florence entre 1424 et 1428, spécialement la scène de la redevance due au temple lors du séjour du Christ à Capharnaüm.
Le groupe de femmes à gauche, dont la femme de dos en bleu, préfigure les figures de femmes que Ghirlandaio va réaliser ultérieurement. L’artiste donne libre cours à la création du style de portraits qu'il a développés dans la chapelle Santa Fina de San Gimignano (1473-1475) et la chapelle Vespucci d’Ognissanti de Florence (1480) : ainsi, sur la droite, il représente les membres les plus influents des familles de Florence résidant à Rome, qu’il dispose exactement comme une rangée de perles. Au centre, Giovanni Tornabuoni, représentant la banque d'affaires de la famille Médicis. Il deviendra plus tard un des « sponsors » de Ghirlandaio et le trésorier du pape, malgré l’hostilité persistante de Sixte IV à l’encontre des Médicis…
Son fils, Lorenzo Tornabuoni, debout devant lui, porte un habit noir en mémoire de la mort de sa jeune épouse et de la faillite de la banque familiale après le décès de son père. En 1477, Ghirlandaio avait peint deux épisodes de la vie de Saint Jean Baptiste et deux épisodes de la vie de la Vierge pour la chapelle funéraire de la mère de Lorenzo, Francesca Pitti Tornabuoni, dans l'église de Santa Maria sopra Minerva à Rome. Selon Vasari, ces oeuvres étaient très célèbres à l'époque; ils ont malheureusement disparu.
Domenico Ghirlandaio : L’appel des apôtres Pierre et André, détail. 1481. Fresque, 349-570. Vatican, Chapelle Sixtine |
À la droite de Giovanni Tornabuoni se trouve l'humaniste Jean Argyropoulos, portant une barbe blanche. Il a fui Constantinople pour Florence en 1453 et a rédigé des commentaires sur Aristote. Ami de Cosme de Médicis, il a enseigné quinze ans le grec à l'Université de Florence avant d’être appelé à Rome par le Pape. A ses côtés, cheveux blancs et sans chapeau, se tient soit Francesco Soderini de Florence ou Raimondo Orsini de Rome. Le jeune homme derrière lui, au visage éclatant est Antonio Vespucci… Un autre florentin se tient directement derrière le Christ bénissant : Diotisalvi Neroni, un ancien ami de Cosme de Médicis, vivant en semi exil à Rome pour avoir comploté contre le fils de Cosme, Piero.
Célèbre pour ses portraits, Ghirlandaio l’est aussi pour ses paysages comme le montre cette fresque : toute la moitié supérieure de la fresque est consacrée à un vaste paysage menant à un horizon placé très haut vers lequel s’étend, telle un large chemin, entourée de collines et de montagnes, la mer de Galilée. Dans le ciel aux couleurs vives volètent des oiseaux, sans doute inspirés par la Procession des mages de Benozzo Gozzoli, réalisée entre 1459 et 1461 pour le palais Médicis de Florence.
3.3.3.4. Le sermon sur la montagne : Cosimo Rosselli
Cosimo Rosselli : le sermon sur la montagne. 1481-1482. Fresque, 349 x 570 cm. Chapelle Sixtine, Vatican |
Le quatrième compartiment de la chapelle est décoré au nord comme au sud par Cosimo Rosselli, sur le thème de la loi. A la fresque de l’Ancien Testament racontant l’épisode du Sinaï ou Yahvé donne les tables de la loi à son people, correspond le Sermon sur la montagne, lors duquel le Christ transmit la nouvelle loi, celle des béatitudes.
La fresque montre en fait deux scènes, où la foule est très nombreuse: à gauche, le Christ sur la montagne parle à la foule alors que ses disciples sont rassemblés derrière lui sur sa gauche, et qu’on les aperçoit, plus loin, arriver à la suite de leur maître. Sur la droite le Christ guérit un lépreux devant une foule nombreuse, les disciples étant regroupés derrière lui.
3.3.3.5. Le Christ remet les clefs à saint Pierre : Le Pérugin
Le Pérugin : le retour de Moïse en Egypte et la circoncision de son fils Eliézer. Détail. Vers 1482. Fresque, 350x572cm. Chapelle Sixtine, Vatican |
Chargé de superviser l'ensemble du projet de décoration murale de la Chapelle Sixtine, Pietro Pérugin s’est réservé la réalisation des fresques les plus essentielles : celles du mur de l’autel (remplacées par le Jugement dernier des Michel-Ange) et celles dont la signification revêtait une importance particulière pour le commanditaire : le châtiment de Coré, Dathan et Abiron, et la remises des clefs à saint Pierre.
Stylistiquement, cette fresque est l’une des plus intéressantes de la chapelle. Les principaux personnages sont organisés en une frise de deux rangs, l’un sur le bord inférieur de la scène, l’autre juste en dessous de la ligne d’horizon. Le groupe principal montre le Christ remettant les clefs d'or et d'argent à saint Pierre à genoux, entouré par les autres Apôtres, dont Judas (cinquième à la gauche du Christ), dont les têtes sont cernées de halos. Mêlés aux apôtres, des contemporains du peintre (dont le cinquième à partir de la droite serait un autoportrait).
Le Pérugin : le Christ remet les clefs à saint Pierre (1481-1482). Fresque, 335 x 550cm. Chapelle Sixtine, Vatican |
Au second plan, l’espace formé par l’immense place dallée est rythmé par le temple de Salomon au centre, flanqué à droite et à gauche par deux arcs de triomphe romains, références à l’antiquité. Les deux groupes du second plan renvoient à deux scènes de la vie du Christ : le tribut à César, et la tentative de lapidation du Christ.
Le style des personnages est clairement influencé par celui de Verrocchio. Les drapés et leur complexité, les visages, les poses, particulièrement ceux des apôtres, ne sont pas sans rappeler le groupe de Bronze de Verrocchio à Orsanmichele.
Le temple octogonal avec ses vastes galeries qui domine l'axe central provient sans doute du projet d’un architecte, mais Le Pérugin le traite comme un modèle en bois, peint avec exactitude. De plus, Le Pérugin apporte une importante contribution dans le rendu du paysage : ici, le sentiment d'un monde infini qui s'étend au-delà de l'horizon est plus fort que dans les autres œuvres de ses contemporains. Il influencera notamment l’art de Raphaël.
|
|
|
3.3.3.6. La Cène : Cosimo Rosselli
Cosimo Rosselli : la Cène, détail. 1481-1482. Fresque, 349 x 570 cm. Chapelle Sixtine, Vatican |
Cette scène n'est pas aussi mouvementée que les autres fresques du cycle, ce qui est volontaire : il s’agit de la Cène, l’institution de l’eucharistie, symbole par excellence de la Nouvelle Alliance entre Dieu et l'humanité. Elle requiert donc respect, retenue, piété
A l’arrière plan trois « fenêtres » représentent trois scènes de la passion : le Christ priant sur le Mont des Oliviers, l’arrestation du Christ et la Crucifixion. Les deux dernières scènes sont l’œuvre de Biagio d'Antonio Tucci, l’assistant de Cosimo Rosselli.
|
|
3.3.3.7. La résurrection du Christ : Hendrik Van Den Broeck
Hendrick Van den Broeck : la résurrection du Christ. Fresque, chapelle Sixtine, Vatican |
Ornant le mur d’entrée de la chapelle Sixtine, La Résurrection du Christ de Hendrik Van den Broeck (vers 1519-1605) et La Dispute autour du corps de Moïse de Matteo da Lecce (1545/1550 – vers 1616) sont les dernières fresques réalisées dans la chapelle Sixtine.
Elles ont été exécutées pour remplacer celles d’origine que Domenico Ghirlandaio et Luca Signorelli avaient consacrées aux mêmes thèmes, et qui furent détruites en 1522 lorsque l’architrave en marbre de la porte s’effondra alors que le pape Adrien VI faisait son entrée dans la chapelle. A l’origine, le soin de les repeindre aurait été confié à Michel-Ange. En 1541, lorsque Michel-Ange acheva Le Jugement dernier au-dessus de l’autel, le mur d’entrée demeurait endommagé. L’artiste ne poursuivit pas son travail sur ce pan de mur, car Paul III Farnèse le chargea de décorer les parois de la toute nouvelle chapelle Pauline. L’attribution de La Résurrection du Christ à Hendrick Van den Broeck s’appuie sur le monogramme avec lequel le Flamand a signé le sarcophage du Christ, et sur les informations fournies par Giovanni Baglione dans ses Vies des peintres, sculpteurs, et architectes publiées en 1642.
Datée traditionnellement du pontificat de Grégoire XIII (1572-1585), la fresque semble en fait légèrement antérieure et la majorité des critiques penchent plus pour une réalisation autour des années 1562, sous le pontificat de Pie IV (1559-1565) ce qui a le mérite de mieux expliquer le maniérisme de ces compositions.
Chapitre précédent | Chapitre suivant |