Le camp de concentration de Flossenbürg
8. Les témoignages
L’évacuation par Margraff et Siergert
Le bettenbau par H. Margraff
L’usine par H. Margraff
L’arrivée au camp par H. Margraff
La vie quotidienne par H. Margraff
La carrière par H. Margraff
Le discours de Fritsch
Les crémations par le pasteur Lenz
Exécutions capitales par M.Bretin
Noël 1944 par L. Poutrain
8.2. Le bettenbau par H. Margraff
« Si invraisemblable que cela puisse paraître, le Bettenbau causa à Flossenbürg plus de victimes que la carrière... Tous les matins à 4 h 30 les détenus, sautant du lit, à une époque où chacun avait un lit à lui tout seul et toujours le même, avaient dix minutes pour le faire. Chacun possédait deux couvertures, un drap et une palette destinée à égaliser la paille. Pendant dix minutes, chacun, dans le silence le plus complet, crispé par l'angoisse de faire un travail dont le SS se déclarerait insatisfait, aplanissait la paillasse, tendait le drap, étendait les couvertures, les bordait, de façon à ne provoquer aucun dénivellement, repliait le drap dépassant la couverture du côté de la tête du nombre de centimètres prescrit (et ceci au millimètre près), et devait obtenir non seulement un lit absolument plat mais, en outre, d'un niveau rigoureusement égal à celui des autres. »
« Aussitôt après, les deux Blocksführer SS dirigeant chaque Block contrôlaient avec une attention scrupuleuse la confection des lits, dont chacun portait le matricule de son occupant. Les « récalcitrants » étaient appelés et alignés; l'un après l'autre, attaché sur le chevalet spécialement conçu pour que le patient soit fortement tendu en angle droit, recevait les 25 coups de matraque réglementaires, appliqués avec une sauvagerie inouïe. Fréquemment les détenus, plutôt que de défaire le soir un lit jugé convenable, couchaient à même le plancher. »
« Beaucoup de ces malheureux partaient donc pour la carrière absolument incapables, par suite de la torture subie, de fournir l'effort exigé d'eux : nombreux étaient ceux qui étaient achevés ; nombreux étaient ceux qui, las de cette vie où ils ne trouvaient aucun moment de calme, sortaient intentionnellement des rangs en marche pour se faire abattre par les SS ; nombreux étaient ceux qui, désespérés, s'approchaient lentement, la nuit, des barbelés électrifiés et s'y accrochaient, délivrés. »Henri Margraff, Témoignages strasbourgeois ; Paris, Les Belles-Lettres, 1947.
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