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Le régime de Vichy

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3. Le régime et l’occupant

L’occupant
L'outil de la répression
L’outil de répression du régime

3.2. L'outil de la répression

3.2.1. Les polices allemandes

Dans les pays occupés, comme en Allemagne, le Reich dispose de plusieurs polices différentes, voire concurrentes :

3.2.1.1. La Police Militaire Allemande

Dans la Zone Nord, puis pour l'ensemble de la France, l'administration militaire allemande comporte deux branches : la « Geheime Feldpolizei » (Police secrète de campagne) et la « Feldgendarmerie ». Celles-ci dépendent directement de l'état-major et s'occupent des camps, des prisons réquisitionnées et de leur garde. La Kommandantur, ou plutôt la « Feldkommandantur » d'une ville occupée, organisme militaire de commandement, d'organisation, de liaison, est chargée des tâches de police locale.

3.2.1.2. L'Abwehr

Comme dans toute organisation militaire, la Wehrmacht est munie d'un Service de Renseignements très structuré, commandé par l'amiral Canaris. Les implantations de ses bureaux à travers la France occupée sont nombreuses et dépendent de « l'Abwehrleitstelle- France » (ou « Astleit », poste directeur de l'Abwehr-France) installée dans l'Hôtel Lutetia de Paris et commandée par le lieutenant colonel Rudolph. Les domaines de l'Abwehr touchent au renseignement et à la sécurité militaires, autrement dit l'espionnage et le contre-espionnage militaires.

Ses bureaux en France sont souvent camouflés sous des appellations diverses. Ainsi, l'Abwehrstelle de Dijon est désignée par l'abréviation d'« Ast-Dijon » ; ce poste très important se cache sous le nom d'« Etat-major du Travail ». La Section « I H » est dirigée par le Capitaine Kramer qui va jouer un rôle prépondérant dans les arrestations de Paris et de Lyon. Kramer, dit « Gegauf » étend son réseau de renseignements sur toute la France et même sur l'Afrique du Nord en se servant d'agents, la plupart du temps français, qu'il immatricule en ajoutant un chiffre à la première lettre de son propre nom. Ainsi Saumande deviendra l'agent « K.4 », et le célèbre Moog dit « Boby » « K.30 »… C’est l'Abwehrstelle de Dijon qui s'occupe de l'affaire de l'Armée Secrète, et non pas l'AST de Lyon, existant cependant et installée début 1943 au fort Saint-Irénée à Lyon, toujours sous la direction de l'Abwehrleitstelle de l'Hôtel Lutétia de Paris. (Astleit-Paris) L'Ast de Lyon, par sa section III chargée du contre - espionnage et par sa sous-section IIIF, dont la mission est la répression, vise la résistance et les maquis. Son importance est réelle puisqu'elle dispose de huit antennes (« Meldekopf ») : Lyon I, Lyon II, Villeurbanne, Vichy, Saint-Étienne, Grenoble, Annecy et Annemasse, sans compter deux annexes rattachées à Lyon, les ANST (Abwehrnebenstelle) de Toulouse et de Marseille, elles-mêmes possédant des « Meldekopf » à Pau et Nice. Si l'AST de Lyon n'a pas dirigé elle-même l'affaire de l'Armée Secrète ni celle de Caluire, elle apporte son aide aux agents de Kramer et au S.D.

3.2.1.3. La Gestapo

3.2.1.3.1. Généralités

Le décret du 26 Avril 1933, promulgué par H.Göring crée la Police secrète d'Etat du IIIè Reich, « die Geheime Staatspolizei », l'abréviation postale « Gestapo ». Tous ses membres sont issus des S.S. Cette police politique est secrète ; mais surtout c’est la police privée d'un parti, un état dans l’état, et surtout la police d’un homme tout puissant : les Reichsführer Heinrich Himmler.

Himmler crée en 1931, un Service de Sécurité, le « Sicherheitsdienst » ou S.D., d'abord chargé de la Sécurité des S.S. et de ses chefs, véritable police interne des S.S. Il en confie la direction à Reinhardt Heydrich dès Juillet 1932. Ce dernier en développe le Service de Renseignements, la future Gestapo. En 1934 Himmler le place à la tête de la Gestapo tout en lui laissant la direction du S.D. Après la « Nuit des longs couteaux » du 30 Juin 1934, où disparaissent les principaux chefs S.A., la Gestapo, qui a largement participé à la préparation et à la réalisation de l’affaire, voit ses pouvoirs accrus et son impunité par rapport à la justice définitivement reconnue ; le S.D. qui ne compte que 30 à 50 membres permanents prend alors des proportions énormes, ainsi que son réseau d’indicateurs se livrant à la délation, les « V Männer » (« Vertrauens-Männer » ou hommes de confiance).

A partir de 1936, la Gestapo forme avec la « Kripo » (Police criminelle) un ensemble, la « Sipo » ou « Sicherheitspolizei » (Police de Sûreté), divisée en services régionaux, en postes principaux (« Polizeileitstellen »), et en postes de police (« Polizeistellen »). En dehors de la question des internements, un ordre du Ministre de l'intérieur Frick, daté du 25 Janvier 1938 et suivi d'un décret du 14 septembre de la même année appelle les organisations du parti nazi, le N.S.D.A.P., à seconder à la Gestapo, désormais puissance reconnue.

Lors du procès de Nuremberg, le 20 Décembre 1945, au nom du Ministère public, le Colonel Storey parle de l'organisation de la Gestapo et du S.D. et précise que « dans les territoires occupés.des unités d'opération combinées de Police de Sureté et du S.D. connues sous le nom d'Einsatzgruppen opéraient avec l'Armée et à l'arrière de l'Armée. Leurs officiers étaient des membres de la Gestapo, de la Kripo et du S.D., et les hommes venaient de la police d'ordre et des Waffen-SS... ». Les Einsatzgruppen, simples détachements chargés de missions spéciales, étaient divisés en « Einsatzkommandos » (kommandos d'engagement, d'action), en « Sonderkommandos » (commandos spéciaux) et « Teilkommandos » (commandos de participation). En formant ces « Einsatzkommandos », au cours des campagnes de Tchécoslovaquie et de Pologne, Himmler et Heydrich sont mis en face de difficultés provenant de la dualité de la Gestapo, organisme de police d'état et du S.D., service de renseignement interne, politique, du Parti. « Théoriquement, Gestapo et SD constituent deux organismes complémentaires sur le plan technique, et distincts sur le plan organique, mais dans la réalité, l'un est subordonné à l'autre sur le plan politique. » (Philippe Masson)

Aussi, le décret du 27 Septembre 1939 concrétise le souhait d'Himmler et les efforts d'Heydrich, en fusionnant ces organismes d'Etat et du Parti.(Gestapo-S.D.-Police criminelle) : ainsi est créé le « Reichssicherheitshauptamt » (R.S.H.A.), Office central de Sécurité du Reich, véritable groupement de protection de l'Etat. Ce qui permet aux S.S. de contrôler encore plus étroitement tous les services de police.

Les services du R.S.H.A. sont subdivisés en 8 « Ämter » ou bureaux :

  • Amt I : Service du Personnel. (Autorité d'Etat) ;
  • Amt II : Sections administratives. (Autorité d'Etat) ;
  • Amt III : Sections S.D.Intérieur du Reich (Organisation du Parti) ;
  • Amt IV : Section d'Opération : Gestapo.(Autorité d'Etat) ;
  • Amt V : Police criminelle.(Kripo). (autorité d'Etat) ;
  • Amt VI : Sections S.D. à l'étranger. Contre-espionnage ;
  • Amt VII : S.D.Exploitation scientifique (Organisation du Parti) ;
  • Amt N : Coordination des renseignements technique (Autorité d'Etat).

L'Amt VII prend en charge les recherches idéologiques chez les adversaires du régime : franc-maçonnerie, judaïsme, églises, libéraux, marxistes.

Bien qu'il ait nié, au procès de Nuremberg, être le successeur de Heydrich, ce fut bien Ernst Kaltenbrunner qui remplit ces fonctions : inscrit au parti national-socialiste autrichien depuis 1932, S.S. dès le début de 1933, arrêté par le gouvernement Dollfuss, il participe au putsch de Juillet 1934 au cours duquel ce même Chancelier Dolfuss est assassiné ; il collabore étroitement avec Seyss-Inquart à la préparation de l'Anschluss. Après cette annexion, il est nommé secrétaire d'Etat à la sûreté, dans le gouvernement nazi autrichien. Quand celui-ci est dissout en avril 1941 il devint chef suprême des S.S. et de la police en Autriche, « le Himmler autrichien ».

3.2.1.3.2. En France

Les Services du R.S.H.A arrivent à Paris le 14 Juin 1940, presqu'à l'insu du haut commandement de la Wehrmacht. D'abord un simple Sonderkommando sous la direction de Helmut Knochen, il est envoyé par Heydrich ; puis deux autres suivent dans les mois suivants. Knochen se fixe au 72 Avenue Foch après deux installations provisoires. Il amadoue les militaires irrités de trouver la Gestapo à Paris. C'est lui qui forme son équipe, à l'exception de Boemelburg de l'Amt IV et de deux membres de la Waffen-SS.

En fait, Knochen est ce que les Allemands appellent le « B.D.S-Paris », c'est-à-dire le « Befehlshaber-der- Sicherheitspolizei », soit le Chef du R.S.H.A pour la France. Boemelburg installe ses services au 11 rue des Saussaies, avant de prendre ses aises dans la fameuse villa du 40 Boulevard Victor-Hugo à Neuilly. Très apprécié par les services berlinois de l'Amt IV, notamment pour ses qualités professionnelles, il souffre d'une perte de mémoire importante, attribuée à son âge. Il doit quitter son poste au cours du second semestre 1943 et est nommé à Vichy comme représentant du Général S.S.Karl Oberg (chargé lui-même de tous les pouvoirs de police, chef des S.S. et membre éminent de l'Etat-Major de l'Armée d'Occupation en France). Il remplace ainsi GEISSLER abattu par la Résistance.

Section I

Amt I

Personnel

Commandant ALTENLOH

Section II

Amt II

Administration

Capitaine FRANK

Section III (intérieur)

Amt III

Renseignements

Commandant MAULAZ

Section IV (Gestapo)

Amt IV

Sûreté. Police

Commandant BOEMELBURG

Section V

Amt V

Police judiciaire

Commandant ODENWALD

Section VI (étranger)

Amt VI

Renseignements

Colonel BICKLER

A Lyon, s'installe à l'Hôtel Terminus, puis à l'Ecole du Service de Santé Militaire (E.S.S.M.) un « Einsatzkommando » du Sipo-S.D. (E.K-Lyon), avec les 6 sections décrites ci-dessus. La Section IV est chargée de lutter contre les mouvements de Résistance. Les 5 sous-sections de la IV sont à Lyon, (comme partout ailleurs) :

Sous-Section IV

A1

Anticommunisme

Sous-Section IV

A2

Contre le sabotage

Sous-Section IV

B

Antijuive. (Wenzl, puis Barth'>Barthelmus

Sous-Section IV

C

Faux papiers et travailleurs évadés du Reich

Sous-Section IV

E

Contre-Espionnage

Klaus Barbie commande les sections IV et VI. Mais au cours de l'année 1943, il ne dirige plus que la IV. (10a), en portant son attention surtout sur la IV E. Klaus Barbie est bien entendu sous les ordres du K.d.S de Lyon, mais il répond directement, du fait de cette structure verticale, du chef parisien de la sous-section IV E, Kieffer et de l'Amt IV, Boemelburg, appartenant au BdS de Paris, (pour l'ensemble de la France). Enfin, arrive à Lyon, début Juin 1943, du fait des évènements prévisibles, un renfort de Berlin ayant passé par Paris, un Sonderkommando commandé par le SS Obersturmführer Werth. Il participe entre autre aux arrestations de Caluire.

3.2.1.3.3. Le Tribunal Militaire Allemand à Paris

L'Amt IV du Sipo-S.D., ou Gestapo est aussi chargé de déterminer parmi les détenus quels sont ceux qui doivent être fusillés, pris en otages, déportés sans jugement, ou qui doivent être présentés devant le Tribunal militaire allemand. Il s'agit du « Deutsch Militärisch Gericht von Gross Paris » c'est-à-dire du Tribunal militaire allemand du grand Paris, dont la mission est de procéder à l'instruction des procès des prisonniers que la Gestapo défère devant cette juridiction, lorsqu'elle estime ne plus rien pouvoir tirer d'eux. Il est à remarquer, à cette occasion, la suprématie du Sipo-S.D. sur la Justice, même militaire, et déjà en 1943.

Ce tribunal siège au 11 bis rue Boissy d'Anglas à Paris. De 1941 à 1944 « Herr Doctor Ernst August Wilhem Roskothen » y exerce les fonctions, alternativement, soit de Juge d'instruction (« Examinator »), soit de Président, en tant que Conseiller au Tribunal Militaire Allemand du Grand Paris, section B. Primitivement, le Juge Roskothen est Conseiller à la Cour d'Appel d’Essen. Il est mobilisé avec le grade de capitaine et envoyé à Paris au Tribunal militaire. Son rôle est donc d'instruire les procès et d'envoyer les accusés et ses rapports au Procureur Général près le Tribunal du Peuple (Oberreichsanwalt beim Volksgerichtshof).

Les verdicts, ou plutôt les décisions du Juge Roskothen sont ordinairement les suivantes :

  • Soit il défère au Tribunal du Peuple de Cologne, puis à celui de Breslau, les accusés convaincus :
    1. d'Espionnage, désignés par la lettre S = « Spionage ».
    2. d'Intelligence avec l'ennemi désignés par F = « Feindbegünstigung ».
  • Soit, il laisse au Sipo-S.D. le soin d'apprécier la peine dans des cas litigieux : prévenus désignés par les lettres « Stve » : « durch Strafverfügung erledigt » (réglé par disposition pénale). Mais généralement ce jugement de Ponce-Pilate aboutit à la déportation.
  • Soit il « propose » l'élargissement du prévenu : réglé par suspension de la procédure, traduction de : « durch Einstellung des Verfahrens erledigt », soit la lettre « E ».

Si, au cours de l'instruction le Sipo-S.D. n'a plus de pouvoir sur l'accusé, il peut à nouveau en disposer après le jugement, et les élargissements proposés par Roskothen ne sont pas obligatoirement suivis d'effet ou sont plus ou moins largement retardés.

3.2.2. L’appareil de destruction

Les principaux chefs SS, responsables de la déportation des Juifs en France sont :

Chef suprême des SS et de la Police (HSSPf)

Brigadeführer Karl OBERG

Befehlshaber der Sicherheitzpolizei 

Standartenführer Helmut KNOCHEN

BdS adjoint 

Obersturmbannführer Kurt LISCHKA

Service II 

Obersturmbannführer Kurt LISCHKA

Service II adjoint 

Sturmbannführer MAYER-FALK

Service IV 

Strumbannführer Karl BOEMELBURG

Service IV b

Hauptsturmführer Théodor DANNECKER
Obersturmführer Heinz RÖTHKE
Hauptsturmführer Aloïs BRUNNER

Service VI 

Sturmbannführer Herbert HAGEN

Délégation de la Police à Vichy 

Hauptsturmführer Georg GEISSLER

Cet appareil comporte des « experts » : Oberg a été chef des SS en Galicie, Lischka a dirigé la Centrale pour l’immigration juive et Brunner a déjà sévi à Vienne et en Grèce.



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