Le régime de Vichy
1. La mise en place du régime
Les crises des années 30
Pétain au pouvoir : juin 1940
La mort de la troisième république
Les premières mesures
1.4. Les premières mesures
Le régime met rapidement en place « l’ordre nouveau » :
Le 11 juillet, l'Acte Constitutionnel n°1 fait de Pétain le chef de l'« Etat français », nouveau régime qui remplace la République ; l'Acte n°3 renvoie le Parlement. Le 12, l’Acte n°4 fait de Pierre Laval le « dauphin » de Pétain. La France est ainsi le seul pays d’Europe à être dirigé, durant la Seconde Guerre mondiale, par un gouvernement légal qui, profitant de la défaite, entend mener une révolution institutionnelle et morale.
Le 19 a lieu le premier entretien entre Laval et Abetz. Laval obtient le monopole des relations avec les Allemands, pensant traiter d’égal à égal avec l’occupant. Il n’obtient rien. L’armistice devient en fait une mise en forme juridique et formelle d’un blanc-seing laissé à Hitler : pour Laval, l’Allemagne, après la victoire, saurait reconnaître la nécessité d’une France relevée et forte ; pour Hitler, il s’agit d’effacer définitivement la puissance de la France en Europe. Les nazis vont donc systématiquement violer les conventions d’armistice : ainsi le « partage » de la France est révisé : annexion de l’Alsace Lorraine au Reich, rattachement des départements du Nord et du Pas de Calais au commandement militaire de Bruxelles ; création d’une zone militaire spéciale de la Somme au Jura ; création d’une zone côtière interdite ; création d’une zone alpestre occupée par les forces fascistes italiennes ; collaboration obligée de l’administration française et mainmise économique en zone occupée …
Diverses lois et décret modifient profondément le visage du pays : création des « Chantiers de jeunesse » (30 juillet) ; loi interdisant les sociétés secrètes, dont la Franc maçonnerie (13 août) ; loi instituant les Comités d'organisation, concentrant les entreprises par secteur de production (16 août) ; loi autorisant l’arrestation des communistes et leur internement administratif dans des camps (3 septembre) ; première loi portant sur le statut des Juifs, due à Raphaël Alibert (3 octobre) ; décret de dissolution de la C.G.T. (9 novembre) ; acte constitutionnel n°6 proclamant la « déchéance du Parlement. » (1 décembre) ; loi portant obligation pour tous les jeunes Français de stages dans les « Chantiers de la Jeunesse » (18 janvier 1941)….
Parallèlement sont créés des mouvements fascistes visant à embrigader une partie de la population française et à quadriller le pays : dès le 28 août, Xavier Vallat fonde la « Légion Française des Combattants » ou LVC. Le 2 décembre est créée la « Corporation paysanne »…
Les opposants sont surveillés ou arrêtés ; le général De Gaulle est condamné à mort pour « trahison » et « désertion en temps de guerre » (2 août) et en septembre sont arrêtés Edouard Daladier, Paul Reynaud, Georges Mandel et Léon Blum, tous hommes politiques de la IIIè République… quant aux Juifs, Stülpnagel, le chef militaire allemand de la zone occupée, signe le 27 septembre un décret ordonnant la définition et le recensement des Juifs en zone occupée. Un fichier des Juifs est établi dans chaque préfecture. Le régime de Pétain ne dit mot.
La collaboration avec l’occupant se met peu à peu en route, ponctuée par les entrevues Laval – Abetz (24 septembre), Hitler – Laval (22 octobre), Hitler Pétain (24 octobre à Montoire), Hitler et l'amiral Darlan, successeur de Flandin (25 décembre)...
Le chef de l’Etat justifie régulièrement, lors d’interventions radiodiffusées, l’existence de cet ordre nouveau : ainsi, le 11 octobre : « L'ordre nouveau ne peut impliquer un retour même déguisé aux erreurs qui nous ont coûté si cher ... Le régime nouveau sera une hiérarchie sociale ». Ainsi le 30 du même mois pour justifier la rencontre de Montoire : « Cette première rencontre entre le vainqueur et le vaincu marque le redressement de notre pays. C'est librement que je me suis rendu à l'invitation du Führer. Je n'ai subi de sa part aucun diktat, aucune pression. Une collaboration a été envisagée entre nos deux pays. J'en ai accepté le principe... Cette collaboration doit être sincère... Cette politique est la mienne. C'est moi seul que l'Histoire jugera. »
La population française, après l’exode devant l'invasion, manifeste majoritairement une grande passivité, s'occupant essentiellement de sa survie et de son ravitaillement. L'Etat et la plupart des fonctionnaires collaborent avec les occupants, une partie non négligeable de la population leur apporte son soutien, allant jusqu'à la création d'une milice, comme dans la plupart des pays sous contrôle allemand. Ce n'est qu'à partir de 1942 que se développera une Résistance qui prend la forme de réseaux clandestins et, dans la zone « libre », de maquis constitués d'opposants et de réfractaires au « service du travail obligatoire » (envoi en travail forcé en Allemagne).
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