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Le monde roman : hommes et culture

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3. Le monde monastique et le rôle de Cluny

L’abbaye : un rôle capital
Cluny, le fer de lance
Les ordres nouveaux

3.2. Cluny, le fer de lance

3.2.1. Les débuts

C'est le 11 septembre 910 qu’est signé l'acte de donation par lequel Guillaume, comte d'Auvergne, de Velay, de Mâcon, de Bourges et Duc d'Aquitaine, cède à Rome sa « villa de Cluni et toutes possessions attenantes : villages et chapelles, serfs des deux sexes, vignes et champs, prés et forêts, eaux courantes et fariniers, terres cultivées et incultes », à charge pour Bernon, abbé de Baume et de Gigny en Jura et co-signataire, d'y fonder un monastère. Ainsi naît Cluny d'où sortiront les grandes réformes spirituelles et morales d'une société vouée à tous les courants d'un clergé davantage préoccupé d'affaires matérielles ou encore le regroupement dans le giron bénédictin et bientôt clunisien de monastères épars et jusqu'alors plus ou moins autonomes.

La position géographique de l'abbaye nouvelle contribue à son éclosion : située sur la ligne de partage du droit coutumier germanique et du droit écrit romain, de la langue d'oïl et de la langue d'oc, à proximité de la Saône, cette frontière naturelle qui séparait l'empire romain germanique de la Francie, de la via Aggripa qui reliait Lyon à Boulogne et à Trèves, traversée par une voie secondaire qui s'en détachait à Belleville sur Saône pour rejoindre la voie principale à Autun, la vallée de la Grosne, « carrefour clunisien », va connaître pendant plusieurs siècles les grandes migrations et les grands rassemblements de l'Europe de ces temps.

Six grands abbés présideront aux destinées de l’abbaye Cluny. De l'humble monastère des origines à la grande abbaye-mère de l'apogée, chacun d'eux s'attachera et contribuera à la hisser et à la maintenir sur les plus hauts sommets de la foi, des lettres, des arts et des sciences : Bernon (910 - 927), Odon (927 - 942), Aymar (942 - 963), Mayeul de Forcalquier (963 - 994), Odilon de Mercoeur (994 - 1049), Hugues de Semur (1049 - 1109). Six papes auront été moines de Cluny : Grégoire VII (1075 - 1086), Urbain II (1086 - 1099) qui prêcha la première croisade et consacra, en 1095, le maître-autel de l'abbatiale en construction, Pasca II (1099 - 1118), Calixte II (1119 - 1124), Anaclet II (1124 - 1130), Innocent II (1130 - 1143).

3.2.2. Les abbés

  • Bernon, le fondateur organise la vie régulière de la petite communauté au mieux des ressources et des bâtiments conventuels quasi-misérables dont il dispose. Il entreprend avec les serfs « hérités » de la charte de donation et aussitôt affranchis la construction de la première des trois églises abbatiales, Cluny I.
  • Odon arrive à Cluny de Baume avec sa bibliothèque personnelle, cent volumes, énorme pour l'époque. On lui doit une conséquente et très variée Å“uvre littéraire ainsi que l’introduction du chant dans les offices. Sous son abbatiat les affluent donations, établissant la primauté de Cluny sur d'autres monastères et d'innombrables prieurés : Romainmôtier, Saint Géraud d'Aurillac, Charlieu, Fleury, Saint Benoît sur Loire... Ses rapports avec les autorités temporelles sont un modèle du genre. Son constant souci de régénération de l'Eglise, sa culture et ses talents artistiques seront autant de principes qui, triomphant avec lui, feront la fortune de Cluny.
  • Aymar accroît considérablement le temporel du monastère et lance en 948 le chantier de la deuxième église abbatiale, Cluny II, qui subsistera en partie jusqu'au XVIIIème siècle.
  • Mayeul de Forcalquier (963 - 994), ancien ermite, entre à Cluny où il est d'abord armarius (bibliothécaire) puis archiviste. Elu abbé de Cluny, il se lie avec les grands de ce monde. Othon I et l'impératrice Adélaïde lui confient la réforme des grands monastères en terre d'empire : Ravenne, Pavie, Payerne, Parme. Il refuse la papauté que lui offre l’empereur mais reste l'ami et le conseiller d'Othon II (973-983) puis d'Othon III (983-1002), ce qui lui permet d’affirmer la primauté clunisienne sur les deux rives de «L’empire » et du « royaume ». Il achève Cluny II, dédicacée le 14 février 981.
  • Odilon de Mercoeur (994 - 1049) apparaît comme le véritable fondateur de l'Ordre de Cluny. Il consolide encore les résultats acquis par ses prédécesseurs, conseille et concilie les grands du royaume et de l’empire, soutient le pape, combat la violence de la société féodale (Trève de Dieu) et réforme les moeurs ecclésiastiques. Il amorce l’idée de la Reconquista et surtout celle d’« empire monastique » qui devra s’étendre tout au long des grandes voies du Moyen Age, marquant ainsi ce rôle prestigieux joué par Cluny au cours de son histoire. En 1031, il vide les greniers du monastère et vend ornements d'église et autres objets précieux pour venir en aide aux victimes de la grande famine.
  • Hugues de Semur (1049 - 1109) est, à 25 ans, l'abbé d'un monastère devenu chef d'Ordre incontesté et respecté d'un empire monastique étendu à l'Europe entière. Personnalité hors du commun, il est l’égal des grands de ce monde : aux côtés du pape Léon IX à Rome il juge et sanctionne les nominations abusives et illégales d'abbés ou d'évêques. A la demande de l'empereur Henri III, il est à Cologne pour tenir sur les fonts baptismaux le futur Henri IV qu'il assistera à nouveau, beaucoup plus tard en 1051 à Canossa, lorsqu'il viendra s'humilier aux pieds du souverain pontife et lui reconnaître sa seule suprématie spirituelle et sa seule autorité sur le clergé d'empire, nouvelle tentative de remédier à cette « Querelle des Investitures » qui oppose depuis si longtemps Rome à l'Empire.

Avec Hugues, l'Ordre est à son apogée. La communauté est forte de trois cent cinquante moines et est le premier centre d’accueil de la chrétienté. Les campagnes de travaux mettent en chantier infirmerie, église Notre Dame de l'Infirmerie, réfectoire, hospices, et surtout la troisième église abbatiale « Cluny III ». Le rythme accéléré des affiliations de grands monastères d'Angleterre, d'Allemagne, d'Italie, d'Espagne et de Pologne fait de Cluny une véritable capitale de la chrétienté.

3.2.3. La décadence

Pierre le Vénérable (1122-1156), le dernier des « grands abbés » de Cluny succède à Pons de Melgueil (1109 - 1122), abbé déposé par le pape Calixte II, lui même moine de Cluny, après treize années d'un abbatiat qui dégénéra dans le tumulte et le faste.

A l'avènement de Pierre le Vénérable, la société est entrée dans une ère nouvelle, culturelle, politique, économique. De sérieuses difficultés apparaissent : l'économie domaniale autarcique est concurrencée par l’économie monétaire et l’abbaye s’endette ; l’école monastique est désormais sérieusement menacée par l’école cathédrale et ses écolâtres de renom ; de nouveaux ordres apparaissent, qui contestent au nom du retour aux origines de l’Evangile le luxe et la richesse de l’ordre : Cîteaux, sous l'impulsion de Bernard de Fontaine, abbé de Clairvaux et futur saint Bernard, la Grande Chartreuse fondée par saint Bruno, Prémontré fondé par saint Norbert, Fontevrault fondé par Robert d'Arbrissel… Sans compter nombre de monastères clunisiens qui en Angleterre et en Germanie sont assez puissants pour se détacher de l’abbaye mère…


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