L’idéologie de Hitler
5.3. Le « Führerprinzip »
Le Führer, source du droit
Le rôle du chef et de l’administration
Le « Führerprinzip », le « principe du chef », est à la base de toute la construction idéologique de Hitler. Seul un chef charismatique peut mener à bien la mission sacrée du « Herrenvolk » : il est l’incarnation de l’autorité absolue qui produira progressivement une élite de chefs...
Mein Kampf - Adolf Hitler« Il ne doit pas y avoir de décisions prises à la majorité, mais seulement des individus responsables... Bien entendu, chacun aura des conseillers auprès de lui, mais la décision sera prise par un seul homme... lui seul possède l'autorité et le droit de commander... Il ne sera pas possible de se passer de Parlement ; mais les députés se contenteront d'y donner des conseils. Aucune chambre ne doit émettre de vote. Ce sont des institutions faites pour le travail, et non des machines à voter... Ce principe, responsabilité absolue inconditionnellement liée à une autorité absolue, produira progressivement une élite de chefs qui est inconcevable aujourd'hui, dans cette ère de parlementarisme irresponsable. »…
… « La meilleure organisation n'est pas celle qui introduit entre le chef d'un mouvement et ses partisans un imposant système d'intermédiaires; c'est celle qui en crée le moins possible. Car organiser, c'est transmettre à un très grand nombre d'hommes une idée définie - qui toujours a pris naissance dans la tête d'un seul - et assurer ensuite la transformation de cette idée en réalité. »
« Tout ce que vous êtes, vous l’êtes à travers moi ; tout ce que je suis, je le suis seulement à travers vous » Discours aux SA« Je ne suis qu'un aimant qui se déplace constamment à travers la nation allemande pour en extraire l'acier. Et j'ai souvent dit que le jour viendrait où tous les allemands de valeur seraient dans mon camp. D'ailleurs, ceux qui ne veulent pas être dans mon camp sont sans valeur ».Discours du 1 septembre 1939« Au bout du compte, je dois, en toute modestie, qualifier ma propre personne d'irremplaçable... La destinée du Reich dépend de moi seul. »Discours du 23 novembre 19395.3.1. Le Führer, source du droit
Le Führer concentre en lui tout le projet politique, il est la source du droit. Hitler a réussi à subvertir tous les principes du droit et à faire s'effondrer la notion même de loi. Il fut aidé en cela par le corps des juristes allemands, un des plus fidèles pilier du régime. Le chef étant celui qui porte « le poids du monde », c'est donc lui qui endosse pour ses sujets la responsabilité pleine et entière. Hitler ne se prive pas de le répéter et on fit en Allemagne, entre 1933 et 1945, un usage immodéré de cette théorie. La politique Hitlérienne est une destruction radicale de l'espace culturel européen par la fusion des trois pôles (le droit, le législatif, l'exécutif) dans la personne du chef ; le nazisme instaure un pouvoir qui rompt dans son essence non seulement avec l'institution de la démocratie, mais également avec toute la tradition, y compris celle de l'Ancien Régime. Au bout du compte, seule la parole du chef a valeur instituante. L'espace public n'est occupé que par l'injonction à fusionner dans une instance unique : « Ein Volk, ein Reich, ein Führer »... Il n'est plus qu'un simulacre, qui signifie la disparition du politique. C'est dans cet effondrement que le dispositif de destruction s'instaure et se déploie. Il occupe alors le lieu du politique.