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Les Cathares – La croisade contre les Albigeois

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3. Les Cathares

Introduction
Les origines et l’organisation du mouvement
La doctrine cathare

3.3. La doctrine cathare

La doctrine cathare repose sur un dualisme, parfais absolu, plus souvent mitigé. Ce dualisme est mis en évidence par deux traités : le « Liber de duobus principiis », ouvrage qui évoque le « Traité des deux principes » aujourd'hui perdu et attribué à Manès et le « Liber contra Manicheos » de Durand de Huesca. Selon les cathares, la justification de la dualité fondamentale se trouve dans la Bible, tout spécialement dans l'Évangile de Jean et dans le texte apocryphe de la « Vision d’Isaïe ».

3.3.1. Le bien et le mal

D'après le récit de la Genèse, l'homme, à l'origine, est bon. Il s'engage dans le mal quand, par libre décision, il succombe à la tentation du démon. Satan apparaît ainsi comme l'antagoniste de Dieu ; par sa séduction, il entraîne l'homme dans le mal. Mais lui-même a fait un mauvais choix, d'où le nécessite de la préexistence d'un principe du mal, antérieur à Satan lui-même.

Selon le dualisme cathare mitigé, le Dieu suprême est unique ; il est source de bien et d'amour et ne peut en aucune manière avoir créé le mal. Satan ne saurait se placer au niveau de Dieu. Les deux principes, « Bien » et « Mal » ne sont donc pas égaux ; du reste, leur égalité provoquerait leur annulation réciproque. Dieu seul possède l’Etre. En opposition se présente l'absence d'être, le néant. A Dieu seul appartient l'éternité dans sa plénitude. En face de lui s'érige le temps. Le mal apparaît et se développe, se manifestant comme la négation du bien et de l'éternité. Le mal s'enracine, non seulement en Satan, mais dans la matière. On constate sa présence par de multiples manifestations.

Toutefois, le principe du mal ne possède aucune réalité ontologique : il est seulement dégradation, sa véritable racine reste insaisissable. Que la créature participe à l'être et a l'amour, elle pénètre dans l'éternité ; qu'elle appartienne au « Monde du mélange », elle devient la proie du désordre, là où se mêlent le bien et le mal, la lumière et les ténèbres, la stabilité et l'instabilité. Ainsi le Royaume de Dieu n'est pas dans ce monde, dont il faut se détacher.

Cependant, la matière n'est pas principe du mal, elle ne désigne pas le mal en soi, tout en l'incluant. L'exercice du mal se localise dans l'ordre temporel ; au seuil de l'éternité, il s'anéantira lui-même puisque son existence s'affirme dans le monde temporel qui dépend de Satan et de ses fils. Quand l'homme participe à la fois au bien et au mal, c'est-à-dire appartient au « Monde du mélange », Dieu peut le visiter, modifier son orientation et ainsi le sauver.

3.3.2. Corps, âme, esprit

L'homme est corps, âme, esprit. En se détachent de la matière, en se « décréant », il permet à son esprit - possédé à l'état virtuel - de croître et de s'unir au Dieu - Esprit. Dans la mesure où il pénètre dans l'éternité, ou du moins quand il s'en rapproche, le mal - néant n’exerce plus sur lui sa morsure. Si l'âme peut subir la tentation du mal et y succomber, l'esprit échappe à son emprise, il se retire de la zone dans laquelle le mal peut librement exercer. La doctrine cathare inspire ici de la « Vision d'Isaïe » qui présente les degrés différenciant les ciels successifs : ainsi les six et septième ciels, qui sont uniquement spirituels. Quand le Christ, après avoir, dans sa montée, traversé les différents plans, les redescend, les anges des cieux inférieurs ne le reconnaissent pas. Ainsi un abîme sépare les niveaux, qu'il s'agisse des anges ou des hommes : l'épais est privé de relation avec le subtil…

Le catharisme reprend à son profit, en les élaborant, les grands thèmes platoniciens. Platon est dualiste dans ses premiers dialogues mais il dépasse cette doctrine par une interprétation ontologique des hiérarchies intermédiaires. De ombreux autres éléments du catharisme ont leur pendant dans la pensée d'Origène et des Cappadociens, qu'il s'agisse par exemple de la préexistence des âmes ou de la chute, laquelle est, pour Grégoire de Nysse, une annihilation (« exoudenosis ») : se « décréer », c'est passer du temps à l'éternité, du néant à l'être.

Peur les cathares, le Christ est Fils de Dieu ; sur lui le mal - néant n'exerce aucun pouvoir. Cependant, il n'est pas l'égal du Père, il est adopté par lui et envoyé dans le monde, crucifié dans le temps afin de racheter le temps. L'important, ce n’est pas la vie terrestre du Christ, mais sa réalité céleste. De même manière, chaque homme, c’est-à-dire chaque être incarné, possède, dans l'invisible, son élément céleste, son ange, dont il est la contrepartie sur le plan terrestre.

Le dieu mauvais, Satan, affirme son pouvoir, comme on le voit dans certaines parties de l'Ancien Testament ; il régit le monde visible et temporel ; l'homme extérieur ne saurait échapper à son emprise puisqu'il est constamment soumis au péché et au désir. C'est donc en se détachant du monde périssable et de la chair que l'homme deviendra capable d'accéder au spirituel. D'où la nécessité d'une ascèse rigoureuse du corps et de l'âme. L'esprit éclaire le corps le modifie, le transfigure ; il assure la formation du corps glorieux. Quant à l'âme, ses rapports avec l'esprit sont doubles : d'une part, elle se soumet aux injonctions de l'esprit afin d'être transformée par lui et, dans la mesure où elle se perfectionne, collabore étroitement avec l'esprit ; d'autre part l'esprit a besoin de l’âme pour sa propre ascension. Le gnostique Basilide comparait l'esprit à l'oiseau et l'âme aux ailes de l'oiseau.

L'ascétisme des cathares, leur refus du mariage et de la procréation, ne résulte pas d'un mépris de l'union charnelle, mais de la nécessité de ne pas s'abandonner aux passions de la chair. Déjà Philon avait montré l'obligation de s'abstenir de la procréation pou s'adonner à la seule fécondité spirituelle. Dans le catharisme, il 'existe pas d’opposition systématique à l'égard de la femme ; il ne convient de s'en éloigner que dans la mesure où elle est source de péché pour l'homme. A cet égard, la doctrine cathare n'est pas plus sévère ou plus austère que le monachisme qui prescrit la chasteté absolue et le jeûne. Toutefois, l'Eglise considérait que si l'ascèse rigoureuse convient aux moines, elle ne peut sans risques être proposée aux laïcs qui, dans le monde, vivent le plus souvent en dehors de groupes communautaires.

Le corps est donc une prison, thème platonicien et plotinien. La libération que ne lui apporte pas la mort, l'homme doit l'accomplir pendant sa vie terrestre, faute de quoi il resterait la proie de son ignorance et de ses erreurs, qu’il lui faudrait nécessairement expier en prenant une autre forme. Par ses passions, l'homme peut donc être entraîné dans une nouvelle naissance, retrouver une prison de chair, celle d'un homme ou d'un animal. La libération du cycle des renaissances est obtenue par l'ascèse, dont le but est la réconciliation avec la Christ Esprit et Vie. Les cathares donnent au sacrement du baptême ne importance primordiale. Pour eux, le baptême de l'eau, dont Jean-Baptiste est l'initiateur, est insuffisant : il faut recourir au baptême du feu, c'est-à-dire de l'Esprit, instauré par le Christ.

3.3.3. La liturgie et la vie

Les rituels cathares, l'un en langue d'oc et l'autre en latin, font allusion à deux cérémonies marquant pour les fidèles une initiation progressive. Elle consiste à la lecture et l’étude du Nouveau Testament et à la pratique de l'oraison dominicale. Au bout de trois ans, le « Consmlamentum », considéré comme le baptême de l'Esprit, peut être conféré au récipiendaire. Le nouveau baptisé s’engage à la chasteté ; il lui est interdit de tuer, même en cas de légitime défense ; il doit opter pour la perfection : d'ou son nom de « Parfait ». Sa vie s'engage désormais dans une fidélité absolue à l'enseignement donné par le Christ dans le Sermon sur la Montagne. D’où sa dévotion à l'Esprit saint, qui seul anime l'homme déchu et lui donne par ses dons la force de vivre uniquement pour Dieu. Les simples croyants, appelés « bons-hommes », ne sont pas tenus à une observance aussi rigoureuse. La prière fondamentale des cathares consiste principalement en la récitation du Pater.

Ces deux groupes, « Parfaits » et « Bons-hommes » correspondent aux catéchumènes et aux baptisés de l'Eglise primitive.

La vie des Parfaits est si difficile, en raison de sa rigueur, que beaucoup de croyants reçoivent le «Consolamentum qu'a moment de leur mort. Les Parfaits doivent quitter leur famille, s'adonner au jeûne, refuser toute nourriture comprenant de la viande, du fromage ou du lait. Certains jour ils jeûnent au pain et à l'eau. L'observance de la chasteté est pour eux absolue. Le « Consolé » est considéré comme un ange vivant dans la chair : les conséquences de la faute originelle sont anéanties pour lui grâce au baptême de l'Esprit ; seule la mort le sépare de la béatitude. La chair est considérée comme une étoffe légère qu'il convient de déchirer afin d'avoir accès au face à face divin.

En dehors du baptême, l'Eucharistie est aussi pratiquée par les cathares : le pain consacré est partagé parmi les adeptes. Les autres sacrements ne sont pas pratiqués. Les cathares sont organisés en Eglise, plus ésotérique qu'exotérique, avec son organisation et ses évêques, choisis parmi les Parfaits.


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