L’Alsace du Haut Moyen Age : 406-1024
4. L’Alsace sous la dynastie saxonne : les Otton : 912-1024
Les invasions
La renaissance ottonienne
La naissance du système féodal
4.3. La naissance du système féodal
Le système féodal se développe lentement en Alsace, car les Otton s’efforcent de maintenir la révocabilité des hauts fonctionnaires, ducs et comtes, pour limiter leur puissance. Cependant, les grandes lignes de la féodalité se mettent en place : déjà les terres sont partagées entre les puissants : le plus grand propriétaire est le roi. Son domaine comprend une grande partie des terres entre la Zorn et la région de Colmar, les forêts des Vosges et des plaines. Sur les grands domaines défrichés s’élèvent les villae royales : Koenigshoffen, Kirchheim, Erstein, Brumath, Kintzheim, Colmar, Illzach...
L’évêque possède des terres de part et d’autre de Strasbourg, le long des deux rives du Rhin, autour de Saverne, Molsheim et Rouffach. Les abbayes, une vingtaine en Alsace ainsi qu’une trentaine d’abbayes non alsaciennes possèdent toutes leurs domaines. Souvent elles se partagent les terres d’un même village : Sigolsheim appartient à 7 abbés ; l’abbaye de Seltz possède des terres en Suisse, dans le Palatinat et en Franconie. L’abbaye de Wissembourg possède des terres en Seille, le Mundat de Wissembourg (200 km2), au Palatinat, en Bade Wurtemberg et sur le Danube : 22 000 ha de terres défrichées et 74 églises, soit presque autant que l’abbaye de Saint Germain des Prés. Murbach a des possessions plus groupées, surtout dans le Haut Rhin. Marmoutier étend ses avoirs dans la « Marche de Marmoutier » (150 km2), en Lorraine, dans le Haut Rhin : quelques 5 000 ha de terres arables. Seigneurs, comtes et ducs possèdent des biens, beaucoup moins étendus.
La terre est cultivée grâce au système des villae, grands domaines des nobles ou des abbayes. A la tête de la villa, le maire ou villicus, chargé de l’administration, de la direction des travaux et de la récolte des impôts. Chaque villa a deux sortes de terres: la réserve, possession du seigneur ou de l’abbaye, exploitée par les ouvriers agricoles non libres et les paysans libres soumis aux « corvées » (Jours de travaux), et les tenures ou manses des paysans qui payent les impôts et effectuent les corvées sur les réserves. La seigneurie vit sur elle-même et exige de ses sujets des produits agricoles (céréales, vin, cervoise, pain, bois...) mais aussi des objets fabriqués (Vêtement, outils, tuiles, charpentes...). Les échanges extérieurs sont réduits au minimum. Cette société du Haut Moyen Age est entièrement rurale et le reste jusqu’au XIIè. Même Strasbourg n’est qu’un gros bourg agricole.