L’Alsace du Haut Moyen Age : 406-1024
4. L’Alsace sous la dynastie saxonne : les Otton : 912-1024
Les invasions
La renaissance ottonienne
La naissance du système féodal
4.2. La renaissance ottonienne
Avec Otton le Grand (932-973), fils de l’Oiseleur, la situation change. Otton contrecarre les visées du roi de France (Siège de Brisach en 939 par Louis IV d'Outremer), écrase les Hongrois au Lechfeld en 955 puis vainc une coalition de princes alsaciens menée par l’évêque de Strasbourg Ruthard (933-950)... Il s’agit pour Otton de consolider et de jalonner les routes des cols (Grisons, Grand St Bernard...) de points d’appui sûrs. L'intérêt stratégique des positions alsaciennes est en effet considérable puisque le Saint Empire est en quelque sorte une construction bipolaire : les souverains ottoniens ne sont vraiment les maîtres qu'à condition de contrôler Rome, la ville où le pape accomplissait le rite essentiel du couronnement. Cette politique est incompatible avec l'indépendance des comtes d’Alsace et celle des évêques de Strasbourg et de Bâle.
Ainsi, en 950 Otton investit en personne de la crosse et de l’anneau l’évêque Uto III (950-965) en lui accordant le titre de comte, que porteront automatiquement ses successeurs. Les évêques sont désormais « princes d’empire », ce qui éloignera la plupart d’entre eux de leur fonction première de pasteurs de la communauté chrétienne… D’autre part, en 952 le comte Gontran est accusé de haute trahison et ses biens confisqués.
Pour consolider leur puissance, les Otton s’appuient principalement sur l’Eglise : En 960 l’abbaye de Payerne, fondée par Adélaïde, la femme d’Otton, est dotée en Alsace. Les évêques deviennent de vrais fonctionnaires d’Empire : Uton III assiste au couronnement d’Otton I en 962 ; Otton II (973-983) accorde à l’évêque Erchambaud (965-991) la possession de l’atelier monétaire royal de Strasbourg et d’autres droits qui font de l’évêque le prince temporel le plus puissant du pays, et un inconditionnel de la cause ottonienne. L’évêque Erchambaud guerroie avec Otton II en Italie contre les Arabes et les Byzantins... Quant à l’évêque Widerold (991-999) il appartient à l’entourage immédiat de la famille d’Otton III (983-1002).
Grâce au retour de l’ordre se fait un timide renouveau intellectuel : après Payerne, l’impératrice Adélaïde (931-999) fonde un prieuré qui sera à l’origine de la ville de Colmar puis l’abbaye d’Altorf qui s’attaque au défrichement de la vallée de la Bruche, et surtout l’abbaye de Seltz en 996 où elle est inhumée. De cette époque date la rédaction de la vie de saints : Odile, Amand, Arbogast... Erchambaud enrichit la bibliothèque épiscopale, commande à Gérald, un de ses clercs, de composer des épopées germaniques (Le Waltharius) et fait réaliser un Evangéliaire de 148 feuillets.