L’Alsace romaine
1. Préambule : l’âge de fer et les Celtes
Aux environs du milieu du VIIIe siècle, c'est-à -dire à la fin de l'Age du Bronze un grand bouleversement secoue toute l’Europe Centrale, mettant fin à la civilisation dite « des Champs d’urnes » et provoquant un très grand brassage de populations. Une nouvelle civilisation se met en place, faite de « micro civilisations » reliées entre elles par une uniformité de techniques (art du métal, épées ; fibules...), et surtout une absence presque totale de tombes de chefs, ce qui semble indiquer une société relativement égalitaire.
Cette civilisation se caractérise par l’usage du fer (Premier âge du fer ou Hallstatt), par le retour à l’inhumation, par la présence de harnachements de chevaux et celle de grandes épées en fer, accompagnées parfois de situles (seaux), de rasoirs ou de couteaux du même métal. C'est ainsi qu'apparaît cette nouvelle civilisation, où les porteurs de grandes épées de fer, combattant à cheval, forment une caste de chefs, probablement les « équites » dont parle César, et qui va peu à peu se constituer en féodalité. Les civilisations qui la caractérisent dans l'Europe tempérée sont successivement celle de « Hallstatt » (-750 à -480), site éponyme autrichien où une importante nécropole a été découverte, et celle de « La Tène » (-480 à -52), site éponyme suisse près du lac de Neuchâtel.
En Europe occidentale, plus qu’une nouvelle population, il s’agit d’un nouveau brassage, après tous ceux déjà connus, et surtout d'une nouvelle culture, de nouvelles techniques (monte du cheval, fer, char), d'un nouveau mode de vie (oppidum, féodalité, servage, mercenariat) : cette culture est communément appelée « culture celtique ». L'Alsace fait partie intégrante du noyau à partir duquel cette civilisation va se développer et c’est ce monde celte qui va se confronter avec la puissance romaine.
L'archéologie locale permet de mieux déterminer les peuplades qui vivent en Alsace au Ier siècle av. J.C. : les Médiomatriques occupent l’actuel Bas-Rhin, les Séquanes l’actuel Haut-Rhin, les premiers primitivement entre Marne et Meuse, repoussés vers l'est par les Belges, les seconds vassaux d'abord des Arvernes qui disputent aux Boïens, Celtes danubiens, les fonds d'orpaillage du Rhin, puis des Eduens. Quant azux Leuques, ils s’installent à l’ouest des Vosges, les crêtes faisant frontière… Ces peuples, qui sont essentiellement des agriculteurs vivent surs les riches territoires agricoles de la plaine, sur les rebords des terrasses de loess et sur les collines au sud de Mulhouse, autour de grandes agglomérations servant de lieux d’échanges et de centres artisanaux et dont les noms celtiques remontent à cette époque : Saletio (Seltz), Brocomagus (Brumath), Argentorate (Strasbourg), Helvetum (Ehl), Argentovaria (Horbourg), Cambete (Kembs)… Ces régions sont protégées par de nombreuses places fortes comme le Münsterhügel de Bâle, le Britzgyberg d’Illfurth, le Hohlandsbourg près de Colmar, Altitona – Mont Sainte Odile, le Maimont près de Niedersteinbach, l’oppidum leuque de La Bure et l’oppidum de la Pierre d'Appel près de Saint Dié, le col de Saverne, Heidenstadt près d'Ernolsheim les Saverne, le Donnerberg, dans le sud du Palatinat…
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