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Retable d’Issenheim. Polyptyque fermé. Saint Sébastien. Vers 1515. Huile sur bois, 232 x 75 cm. Colmar, Musée Unterlinden |
Ce panneau, en excellent état de conservation, devrait normalement se trouver à droite. C'est le seul exemple de nu « grünewaldien », avec les Christ en croix. L'oeuvre est proche de l'art italien : c'est une note « classique » dans l'ensemble farouchement nordique de Grünewald. Grande beauté du personnage et du paysage estival. Ce pourrait être un portrait du maître… Mais les critiques sont loin d’être unanimes à ce sujet.
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Retable d’Issenheim. Polyptyque fermé. Saint Antoine l’Ermite. Détail. Vers 1515. Huile sur bois. Colmar, Musée Unterlinden |
Saint Antoine, en longue robe bleue et en manteau pourpre, évoque une fois encore les traits de Guido Guersi. Il y a quelques retouches (bras droit). Le motif de la fenêtre brisée par la diablesse menaçante indique déjà la scène de la tentation.
Ces deux volets fixes, plus étroits que les autres, accostent le Calvaire et la Mise au Tombeau. Il était important de rappeler, pendant la Passion, le saint patron des Antonites et de lui donner en pendant le second protecteur du couvent - hospice, Sébastien.
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Retable d’Issenheim. Polyptyque fermé. Saint Antoine l’Ermite. Détail. Vers 1515. Huile sur bois. Colmar, Musée Unterlinden |
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Retable d’Issenheim. Polyptyque fermé. La Crucifixion. Vers 1515. Huile sur bois. Colmar, Musée Unterlinden |
C'est la partie la moins bien conservée, qui fut retouchée en de nombreux endroits par Grünewald lui-même. La croix, à peine équarrie, est vue de droite en haut et de gauche en bas, torsion du bois qui indique l’immense douleur. Village désolé sur la nuit au fond ; la lumière vient de droite.
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Retable d’Issenheim. Polyptyque fermé. La Crucifixion : détail : la main droite du crucifié.Vers 1515. Huile sur bois. Colmar, Musée Unterlinden |
Le Christ mort est immense, sa tête hérissée d'épines et sa chair verdâtre lacérée au fouet et marquée de sang déjà caillé. Les doigts sont crispés et les pieds tordus dans le paroxysme de la douleur. Le linge qui entoure ses hanches est en lambeaux et accentue encore la misère du Fils de l'Homme
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Retable d’Issenheim. Polyptyque fermé. La Crucifixion : détail : saint Jean Baptiste et l’agneau. Vers 1515. Huile sur bois. Colmar, Musée Unterlinden |
Au pied de la croix, un contraste saisissant montre Jean le Baptiste ressuscité, calme et imperturbable, l'Agnus Dei à ses pieds, qui indique le Christ en croix d’un geste devenu célèbre : « Illum oportet crescere, me autem minui » (« il importe qu'il grandisse et que moi je diminue »).
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Retable d’Issenheim. Polyptyque fermé. La Crucifixion : détail : saint Jean et Marie. Vers 1515. Huile sur bois. Colmar, Musée Unterlinden |
Lui faisant contrepoids, le groupe des pleurantes : la Vierge monacale en blanc qui défaille (mais singulièrement presque plus jeune que la Marie alourdie de la Nativité…), soutenue par Jean l’évangéliste, et la Madeleine à genoux, désespérée, mais frivolement vêtue.
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Retable d’Issenheim. Polyptyque fermé. La Crucifixion : détail : sainte Marie Madeleine. Vers 1515. Huile sur bois. Colmar, Musée Unterlinden |
Cette scène est presque terrifiante dans son l'expressionnisme, la disproportion des personnages, le déséquilibre de la composition (mais la prédelle rétablit l'équilibre), le mélange de réalisme et de symbolisme.
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Retable d’Issenheim. Polyptyque fermé. La Crucifixion : détail : les pieds du crucifié. Vers 1515. Huile sur bois. Colmar, Musée Unterlinden |
« Son Christ des pestiférés eût choqué le goût des Cours ; il ne pouvait être compris que par les infirmes, les désespérés et les moines, par les membres souffrants du Christ. »
J.K. Huysmans « Trois églises, trois primitifs » Paris 1908.
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Retable d’Issenheim. Prédelle de la déploration du Christ. Vers 1515. Huile sur bois, 76 x 341. Colmar, Musée Unterlinden |
Sur la prédelle. La composition est centrée vers la droite pour contrebalancer la Crucifixions Décor désolé de rochers et d'arbres, s'ouvrant sur un cours d'eau que domine une montagne lointaine ; tombeau vide à gauche ; cadavre moins blessé, perizonium (vêtement attaché à la taille du Christ) entier ; le Christ est beaucoup plus grand que les assistants. Ici la tragédie s'éteint tout doucement.
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Retable d’Issenheim. Prédelle de la déploration du Christ. Détail. Vers 1515. Huile sur bois, 76 x 341. Colmar, Musée Unterlinden |