Nazisme : les Einsatzgruppen (2ième guerre mondiale)
8. Témoignages
Les rapports des EG
Babi Yar, par un officier allemand
Himmler : Extraits des discours de Poznan
Massacres à Minsk
L’Accord OKW-RSHA du 26 mars 1941
Un chef des EG témoigne
Le rapport Graebe
« Les camions de la mort »
Note pour l’entretien des camions à gaz
8.8. « Les camions de la mort »
Lettre du Dr August Becker au SS-Obersturmbannführer Rauff à Berlin, le 16 mai 1942. (Extraits)
Becker est le spécialiste allemand de la mise à mort des être humains par gaz dans le cadre de l'opération dite d'Euthanasie (action T.4) au cour de laquelle des dizaines de milliers de malades mentaux et d'handicapés furent assassinés. Après la fin de sa mission dans le cadre de l'action T 4, il est affecté aux questions techniques des gazages à l'Est. Fin 1941 et début 1942, il a visité tous les Einsatzgruppen opérant en URSS avec des camions à gaz pour tuer femmes et enfants juifs et tziganes. Ceci est l'un de ses rapports...
Kiev, le 16 mai 1942Dr Becker, SS-Untersturmführer. Document Nuremberg PS 501.
Affaires secrètes du Reich
Au SS-Obersturmführer Rauff,
Berlin, Prinz Albrechts, 8
« La révision des fourgons des Groupes D et C est achevée. Alors que les fourgons de la première série peuvent être utilisés même par mauvais temps (mais pas trop), les fourgons de la deuxième série (Saurer) s'embourbent complètement par temps de pluie. Par exemple, lorsqu'il a plu, ne serait-ce qu'une demi-heure, le fourgon est inutilisable, il se met à déraper. Il n'est possible de s'en servir que par temps tout à fait sec. La seule question qui se pose est celle de savoir si l'on peut se servir du fourgon sur le lieu même de l'exécution lorsqu'il est immobile. D'abord le fourgon doit être amené sur place, ce qui n'est possible que par beau temps. Le lieu de l'exécution se trouve en général éloigné de dix à quinze kilomètres des routes principales, donc d'accès difficile. D'accès impossible lorsque le temps est humide ou pluvieux. Si les gens à exécuter sont conduits par camion ou amenés à pied, ils comprennent immédiatement ce qui va arriver, et ils s'agitent, ce qu'il convient d'éviter autant que possible. Il ne reste que la seule solution qui consiste à les charger dans les fourgons sur le lieu du rassemblement et de les amener alors au lieu de l'exécution.
J'ai donné l'ordre de camoufler les fourgons du groupe D en roulottes, en plaçant de chaque côté des plus petits une paire de volets, deux paires de volets sur les plus grands, comme on peut en voir fréquemment aux fermes dans les campagnes. Ces fourgons sont devenus si connus que non seulement les autorités, mais aussi la population civile les appelaient « les camions de la mort » dès qu'ils faisaient leur apparition. A mon avis, on ne peut empêcher longtemps ces fourgons d'être reconnus, même camouflés. [...]
A cause du terrain accidenté et de l'état indescriptible des chemins et des routes, les joints d'étanchéité et les rivets finissent par lâcher. On m'a demandé si dans ce cas, il faudrait amener les fourgons à Berlin pour les réparer. Le transport à Berlin est trop cher et demanderait trop de carburant. Pour éviter ces dépenses, j'ai ordonné d'effectuer des soudures pour les petites fuites et lorsque ce s'avérerait impossible, de faire immédiatement savoir à Berlin, par TSF, que le Pol. n°... était hors service.
De plus, j'ai ordonné qu'au moment des gazages les hommes soient tenus aussi loin que possible des fourgons afin de ne pas exposer leur santé à des émanations éventuelles de gaz. J'aimerais saisir cette occasion pour attirer votre attention sur les remarques suivantes : plusieurs commandos font effectuer le déchargement des fourgons après le gazage par leurs propres hommes. J'ai fait remarquer aux commandants des commandos spéciaux concernés les dommages tant moraux que physiques qu'encourent ces hommes, sinon immédiatement du moins par la suite. Les hommes venaient se plaindre à moi de maux de tête qui apparaissaient après chaque déchargement. On ne veut pourtant pas modifier cet ordre, parce que l'on craint que les détenus employés à ce travail ne puissent choisir un moment favorable pour prendre la fuite. Pour protéger les hommes contre ces inconvénients, je demande que des ordres soient donnés en conséquence.
Le gazage n'est pas effectué comme il le devrait. Dans le but d'en finir le plus vite possible, le conducteur appuie au maximum sur l'accélérateur. Ce faisant, les individus à exécuter meurent d'asphyxie au lieu de mourir par perte de conscience comme prévu. Mes instructions ont à présent démontré que par un ajustement adéquat des leviers, la mort survient plus rapidement et les prisonniers s'endorment calmement. Visages convulsés et excréments ne surviennent plus, comme c'était le cas auparavant.
Je poursuis aujourd'hui mon voyage vers le groupe B où un prochain courrier pourra m'atteindre.