Nazisme : les Einsatzgruppen (2ième guerre mondiale)
5.3. La forêt de Krepiec
Les premières exécutions
Les exécutions de 1942
La forêt, lieu de crémation
Témoignages
5.3.2. Les exécutions de 1942
On connaît par contre mieux le détail des exécutions et des crémations de 1942 concernant des prisonniers de KL Majdanek qui avaient été gazés ou tués d’une autre manière. La première, et sans doute la plus grande exécution de masse en 1942 a été organisée par les SS et le SD de Lublin les 21 au 22 avril 1942, après les déportations du ghetto de Lublin vers Belzec. Les Juifs ayant survécu aux déportations doivent abandonner le grand ghetto de Podzamcze pour le petit ghetto de la banlieue de Majdan Tatarski, près de Majdanek. Entre 7 000 et 8 000 Juifs de Lublin sont confinés dans le ghetto fermé de Majdan Tatarski. Parmi eux, un grand nombre de personnes « illégales », ne possédant aucun « J-Ausweis » leur permettant de demeurer à Majdan Tatarski. Le Judenrat établit une liste de tous les juifs « reclassés » dans le nouveau ghetto, présumant que tous les Juifs obtiendraient la permission de rester à Lublin, car les déportations avaient stoppé.
Le jour après l'enregistrement, le ghetto est cerné par des SS et des « Hiwis » de Trawniki, commandés par Hermann Worthoff, le responsable des déportations du ghetto de Lublin. Une a sélection à lieu sur la liste déjà préparée par le Judenrat : 2 500 à 3 000 Juifs qui ne possèdent pas un « J-Ausweis » sont transférés à Majdanek, emprisonné dans deux casernes et de là emmenés par convois de camions à Krepiec. Les SS affirment aux victimes qu'ils les transfèrent dans un grand domaine agricole au delà de la forêt, domaine dans lequel ils seraient employés. La plupart des Juifs accorde foi à ces dires, jusqu’au moment ou parviennent les premiers bruits de fusillades et les cris des premières victimes… A Majdanek restent 200 à 250 jeunes Juifs qui sont enregistrés et enfermés dans le camp, survivant ainsi au massacre. Au dernier moment un groupe de femmes et d’enfants est libéré par les SS et revient au ghetto : ce sont principalement des femmes et des enfants dont les maris travaillent au Judenrat au service de l’administration allemande, et dont le président du Judenrat, Dr. Marek Alten, a réussi à négocier la vie sauve. Parmi elles, Anna Bach, veuve d'un avocat célèbre de Lublin, Aron Bach, et sa fille Diana, qui réussiront à fuir le ghetto et à survivre.
Les Juifs de Lublin survivants du petit ghetto sont très rapidement au courant du destin de leurs parents et voisins, informés par les paysans polonais témoins des exécutions. Deux ou trois jours après l'exécution, des prisonniers de guerre soviétiques et quelques Juifs slovaques - membres du Sonderkommando de Majdanek – sont emmenés dans la forêt pour enterrer les corps des Juifs assassinés. Les affaires, les vêtements, l'argent et les objets de valeur des victimes sont transférés à Majdanek. Durant ce travail, plusieurs membres du Sonderkommando se révoltent. Quelques prisonniers de guerre soviétiques attaquent les gardes lithuaniens ivres et plusieurs prisonniers s’échappent. Leur destin n'est pas connu.
La vague suivante de massacres dans la forêt de Krepiec a lieu à la fin de l'été et à l'automne de 1942. Une épidémie de typhus éclate à ce moment à Majdanek. Les médecins SS organisent dans le camp une sélection générale des prisonniers qui ne peuvent travailler ou sont malades. Il est difficile de dire combien ont été choisis. Les plus nombreux sont les Juifs slovaques, polonais, tchèques et allemands. Les sélections durent fin août et tout au long du mois de septembre 1942. Comme les chambres à gaz de Majdanek sont encore en chantier, les prisonniers sélectionnés sont chargés sur des camions et conduits dans la forêt de Krepiec où les SS les exécutent. On ne sait pas combien de personnes ont été exécutées, mais il y en, a probablement plusieurs centaines.