Le lundi 29, ils sont des milliers à obéir à l’ordre allemand. Gardés par les SS, les hommes du SD et les auxiliaires ukrainiens, ils se rendent par groupes de 100 par la rue Melnikova au cimetière juif qui se trouve à proximité du ravin de Babi Yar. L’ensemble du secteur est entouré d’une clôture de barbelée et gardé par plusieurs cordons d’hommes de troupe : la police ukrainienne forme le cordon extérieur, ukrainiens et allemands le cordon central, allemands uniquement le cordon intérieur. Au bord du ravin les Juifs doivent se déshabiller et déposer tous leurs objets et valeurs. Puis, par groupes de 10 ils descendent dans le ravin. Là , on les exécute au fusil ou à la mitrailleuse sous les yeux de leurs compagnons d’infortune pour qui toute fuite est désormais inutile et impossible.
 | Babi Yar : la route du supplice est jonchée de cadavre de récalcitrants |
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 | Babi Yar : ramassage des effets des victimes |
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Beaucoup plus de Juifs sont conduits à la mort que n’en espèrent les Allemands. D’après un rapport de l’Einsatzgruppe C, les SS s’attendent à ce qu’arrivent entre 5 et 6 000 Juifs. Ils sont plus que 30 000, croyant tous qu’ils allaient être transférés. En conséquence, tous les Juifs ne peuvent pas être massacrés le même jour. Mais pour aller plus vite, on invente des « techniques » :
« Les tueurs n’avaient pas assez de temps d’accomplir leur tâche. C’est pourquoi ils placent les gens tête contre tête, afin qu’une balle touche deux personnes. Ceux qui étaient seulement blessés sont achevés à coup de pelle. Des enfants sont jetés vivants dans le ravin et enterrés… »
Félix Levitas, historien.
« Ils fusillèrent les gens du matin au soir. La nuit tombée, les Allemands se couchèrent. Le reste des victimes fut enfermé dans des garages. Le massacre s’étendit sur 5 jours. Les nazis amenaient toujours plus de personnes, et seuls des camions chargés des vêtement des victimes sont partis… »
Sergey Ivanovich Lutsenko, ancien gardien du cimetière de Lukianivka
 | Babi Yar : ramassage des effets des victimes |
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 | Babi Yar : ramassage des effets des victimes |
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Le massacre des juifs de Kiev dure jusqu’au 3 octobre 1941. Dans les mois suivants, le ravin de Babi Yar continue à servir de lieu d’exécution pour des Juifs, des civils ukrainiens, des prisonniers de guerre soviétiques, des Tziganes sinti ou roma. D’après les sources soviétiques, entre 100 et 200 000 personnes ont été exécutées à Babi Yar jusqu’à la libération de la ville le 6 novembre 1943. D’après un rapport de l’Einsatzgruppe C du 7 octobre 1941, le nombre des victimes juives des massacres de septembre 1941 s’élève à 33 771 Juifs. Quelques habitants de Kiev ont dénoncé leurs voisins juifs. Mais d’autres leur ont proposé de les cacher. Après la guerre le chef du SiPo et du SD de Kiev a affirmé que son bureau avait reçu des corbeilles pleines de lettres de dénonciation au point de pas réussir à les traiter toutes. Mais depuis 1990 l’« Union des Juifs d’Ukraine » à décerné le titre de « Juste de Babi Yar » à 431 personnes qui ont caché et sauvé des Juifs. Lorsque les Allemands quittent la ville en 1943, ils décident de déporter tous les habitants de la ville pour l’Allemagne. Ils rassemblent les gens à l’aide de chiens policiers et massacrent les récalcitrants, les vieux et les malades. Ce sont à nouveau des scènes effrayantes. Kiev donne l’impression ville morte.