B&S Encyclopédie

Diffusé par CashTrafic

Le système concentrationnaire nazi

Partager:  partager Partager bsencyclopedie sur Twitter

4. L’organisation des camps

Description du camp
Les triangles
Le quotidien du camp

4.3. Le quotidien du camp

4.3.1. Une journée au camp

La journée au camp suit un rituel immuable : au lever, remise en ordre du Block suivie de la distribution du « café » et du morceau de pain de la journée. Après une toilette forcément rudimentaire et rapide a lieu le rassemblement sur la place d'appel. Alignés debout, tous les internés sont appelés par leur numéro matricule. Si l'appel est incomplet, il est recommencé, autant de fois qu'il le faut. L'appel peut ainsi durer des heures, quel que soit le temps. L'épreuve est systématiquement allongée s'il s'est produit, la veille ou la nuit, un incident ou une évasion.

Les commandos partent alors sur leur lieu de travail (dans certains camps, un orchestre de déportés rythme leur départ, et leur retour le soir). La journée de travail (huit à neuf heures en hiver, dix à douze en été) n’est coupée que par la distribution de la « soupe ». Le soir, nouvel appel et retour dans les Blöcke. De temps en temps, les déportés ont droit à une douche.

4.3.2. Les commandos

Certaines fonctions ou certains commandos peuvent fournir une bien meilleure chance de survie : les personnels de l'infirmerie, de la cuisine, ceux qui sont utilisés dans les services annexes (ainsi Primo Levi dans son emploi de chimiste à Monowitz) ; dans les commandos extérieurs au camp, il est rare que le travail en entreprise ne permette pas d'obtenir quelque aide d'un travailleur local compatissant. Ceux chargés de porter la soupe aux commandos peuvent s'attribuer les rares morceaux de viande s'y trouvant. En dehors des emplois très spécialisés, pour survivre il faut avoir les faveurs du doyen ou du Kapo, se débrouiller, « organiser », et c'est le plus souvent aux dépens des autres. La prostitution est fréquente, tant féminine que masculine (et non le fait des homosexuels) avec des SS, des auxiliaires locaux des doyens ou Kapos, ou des déportés « privilégiés ».

Dans les commandos à la mortalité la plus élevée sont envoyés en priorité les Juifs et les homosexuels, catégories les plus haïes des SS. Certains de ces commandos sont réputés pour leur mortalité comme le commando de la carrière de Mauthause, les « tunnels » de Dora, le commando « Königsgraben » de Birkenau, le « Schwarzkommando » de Sachsenhausen…

4.3.3. La sélection

La sélection est toujours un tri, arbitraire et rapide, entre ceux qui survivront provisoirement et ceux qui vont mourir. Il en existe deux formes, de nature cependant assez différente.

Le premier type de sélection est celui qui a conduit à la mort le plus grand nombre de détenus, presque tous Juifs, a lieu dès la descente des wagons, sur la « rampe » d’Auschwitz. Après une séparation par sexe (tous les enfants demeurant avec les femmes), les gens passent devant un officier SS, souvent assisté d'un médecin, qui les oriente, à gauche ou à droite. D'un côté, le plus petit nombre, composé d'hommes en bonne santé manifeste (selon les époques, de 16 à 50 ans, ou bien de 18 à 45 voire 40 ans : cela ne dépend ni du camp ni de l'humeur des SS, mais tout simplement de l'ampleur des besoins et des places disponibles) et de quelques femmes. Ceux-ci sont affectés en camp de travail ou aux « Sondercommandos » des camps de destruction. De l'autre côté, l'immense majorité : vieillards, femmes, enfants. Aucune femme portant un nourrisson ou tenant un enfant par la main n’est épargnée. Les blessés, infirmes et nourrissons isolés sont chargés sur un camion pour être transportés à « l'hôpital » : derrière une haie ou un rideau d'arbres, une fosse où on les expédie d'une balle. Les autres sont conduits au gazage. Le sinistre Dr Mengele s'enorgueillit d'avoir, à Auschwitz, procédé à la sélection de dizaines de milliers de Juifs.

La seconde forme de sélection est celle qui est opérée régulièrement à l'intérieur du camp de concentration, pour réduire les effectifs en se débarrassant de ceux considérés comme « inaptes » : elle peut toucher le camp entier, le ou les Blöcke d'une catégorie, ou encore l'infirmerie (le « Revier »). A cette occasion, chaque déporté doit se présenter complètement nu et marcher devant l'officier ou le médecin, et est orienté d'un côté ou de l'autre. Dans la journée ou le lendemain, les sélectionnés, dont le numéro a été noté, sont emmenés. Dans les camps ne disposant pas de camion ni de chambre à gaz, ils sont tués d'une piqûre de phénol (on s'aperçut vite que l'effet était beaucoup plus rapide si on l'injectait directement dans le coeur). Sinon ils sont gazés sur place ou par envoi dans un camp de destruction.

Ces deux sélections aboutissent au même résultat. Mais, dans les camps, les déportés savent de quoi il s'agit, alors qu'à l'arrivée sur la rampe les gens ne comprennent pas l'immédiateté de l'issue.

4.3.4. Classification et règlement

4.3.4.1. La classification Heydrich

Le 3 septembre 1939, Reinhard Heydrich, chef du RSHA, adresse à tous les responsables de la Gestapo une circulaire leur commandant d'assurer à tout prix la sécurité intérieure du pays en guerre et de sévir plus énergiquement contre les saboteurs, les marxistes, les communistes (le pacte germano-soviétique n'entraînant aucun adoucissement du sort des communistes allemands). Au fil des victoires de la Wehrmacht arrivent dans les KZ des femmes et des hommes soupçonnés d'être communistes ou antinazis: Autrichiens en 1938 après l'Anschluss, Tchèques en 1939, puis ressortissants de l'Europe centrale et orientale conquise, puis enfin en octobre 1941 les premiers Soviétiques.

Par son ordonnance d'application du 2 janvier 1941, Heydrich classe les KZ en trois catégories:

  • Catégorie 1 (KL Dachau) : pour les détenus âgés mais capables d'être employés à de petits travaux comme le jardinage ; les prêtres y sont internés après les accords de 1943 avec le Vatican ;
  • Catégorie 2 (KL Buchenwald, Flossenbürg, Neuengamme, Auschwitz-Birkenau) : pour les détenus sur qui pèsent de lourdes charges, mais qui sont pourtant susceptibles d'amendement ;
  • Catégorie 3 (le seul KL Mauthausen) : pour les irrécupérables : criminels endurcis, asociaux, déportés non susceptibles d'éducation.

En fait, la réalité concentrationnaire s'inscrit totalement en faux contre cette classification. Il s'agit probablement là d'une opération de camouflage, destinée à déguiser la réalité concentrationnaire au regard de l'étranger, et peut-être même du peuple allemand. De telles manœuvres de propagande vont se multiplier. L'exemple des déportés français est éloquent : de 1941 à 1944, 700 convois de déportés venant de France arrivent dans le Reich. La plus grande partie comprenant surtout des juifs est acheminée sur Auschwitz. Les politiques, les résistants sont eux dirigés vers les autres KL sans qu'il soit possible d'établir une relation logique entre la cause de l'arrestation, l'importance du délit effectif ou supposé, l'appartenance sociale ou idéologique, etc. Il est évident que le lieu d'acheminement est beaucoup plus fonction de l'état d'encombrement des camps en Allemagne ou, surtout à partir de 1944, des besoins de l'économie de guerre du Reich.

4.3.4.2. Le règlement

Un curieux témoignage existe sur la condition des détenus. Le 22 mars 1937 l'ambassadeur allemand à Moscou adresse au ministère des Affaires étrangères de Berlin un texte paru dans les Izvestia le 10 mars 1937, intitulé « Dans les chambres de torture de Hitler », et consacré au camp de concentration de Lichtenburg. Il a vraisemblablement été envoyé en URSS par un interné de ce camp évadé ou libéré. Ce règlement est calqué sur celui que Eicke a établi pour Dachau en 1933, et qui est devenu celui de tous les KL uniformisés sous son autorité. En voici les passages principaux :

« Article 6 :
Est condamné aux arrêts de rigueur de huit jours et à vingt-cinq coups au début et à la fin de l'arrêt, celui qui insulte un SS ou se moque de lui, celui qui refuse de saluer conformément au règlement ou qui montre par toute son attitude qu'il ne veut pas tenir compte du règlement.
Article 8 :
Est condamné aux arrêts de rigueur de quatorze jours et à vingt-cinq coups :
  1. celui qui, sans autorisation, quitte une colonne de travail en marche ;
  2. celui qui, dans des lettres ou par tout autre moyen, se laisse aller à des déclarations sur le Führer, l'Etat, le régime, les autorités et les règlements, celui qui honore les chefs marxistes ou libéraux..., celui qui raconte les événements de la vie du camp ou celui qui, dans ses lettres, fait un récit mensonger de ses malheurs et introduit ainsi le trouble dans la population.
Article 11 :
Celui qui, par écrit ou oralement, charge d'un message une personne libérée du camp, celui qui écrit des lettres clandestines, celui qui, par une lumière ou d'autres signaux, communique avec le monde extérieur, celui qui cherche à entraîner les autres à l'évasion ou à une faute, celui qui agit ou favorise une telle entreprise, sera pendu comme un mutin.
Article 12 :
Celui qui offense un homme de garde ou un SS, celui qui, dans un esprit de révolte, refuse d'obéir ou de travailler ou qui abandonne par révolte la colonne ou le lieu de travail, celui qui siffle pendant une marche ou pendant le travail, ricane ou parle, sera fusillé sur-le-champ comme émeutier, ou sera condamné à mort par étranglement. »

Déjà, la mort est largement dispensée. En outre, l'appréciation de la gravité de la faute est laissée aux seuls SS, qui disposent donc en fait de la vie de chaque détenu.

 chapitre précédentchapitre suivant 
Chapitre PrécédentChapitre suivant >>>


Diffusé par CashTraficLe jeu de stratégie par navigateur ! Combattez des milliers de joueurs et imposez votre loi ! Faites croître votre influence sur la scène internationale par le biais d'alliances ou de déclarations de guerre ! Formez une alliance et imposez vos vues à vos adversaires ! Commercez avec les autres joueurs ou espionnez-les pour découvrir leurs faiblesses !
Encyclopédie
©2007-2010 B&S Editions. Tous droits réservés.
Hébergement du site chez notre partenaire 1&1 (voir ses offres)