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La Grèce archaïque : 700-480

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4. Sparte, cité archaïque

Installation des Doriens en Laconie
La réforme de Lycurgue
L’hégémonie de Sparte

4.2. La réforme de Lycurgue

4.2.1. La Grande Rhétra

La Grande Rhétra est la plus ancienne constitution connue du monde grec. D’origine divine, puisque réponse de l’oracle de Delphes à Lycurgue, elle fixe les nouvelles règles de vie et d’organisation de la cité :

  • en premier lieu, elle impose la construction de deux sanctuaires : l’un à Zeus, l’autre à Athéna.
  • le nombre de tribus passe de trois à cinq et chaque tribu possède son territoire propre, les arrondissements de Sparte : la ville est ainsi l’association de cinq villages, le synoecisme, et n’a donc pas de véritable centre urbain. Ainsi l’appartenance à la tribu passe de la loi du sang à celle du territoire, de la famille au sol. Phratries et clans sont maintenus, mais leurs fonctions sont uniquement religieuses.
  • Chaque tribu élit un éphore.
  • La Gérousia ou conseil des anciens passe à 28 membres, les Gérontes, plus les deux rois qui désormais portent le titre d’Archégète (fondateur). La Gérousia a l’initiative des lois et motions que discute l’Apella, l’assemblée des citoyens.
  • La réforme la plus importante est celle de l’Agogê, de l’éducation, destinés à faire de tout spartiate un robuste guerrier.

4.2.2. La constitution et la société de Sparte

4.2.2.1. Conseil et magistrat

4.2.2.1.1. Les rois

Les rois sont de fait des magistrats nommés par le peuple des citoyens. Leurs fonction, indivisibles, sont essentiellement militaires et religieuses : on offre à Sparte beaucoup de sacrifices pendant la guerre, et les rois, avant chaque action militaire, font des sacrifices pour examiner les présages dans les entrailles de animaux ; ils ont pouvoir de malédiction sur quiconque refuse de leur obéir…. Ils sont considérés comme des jumeaux divins et étroitement liés aux Dioscures, Castor et Pollux, les deux fils de Zeus. Politiquement, ils n’ont pas plus de pouvoir que les Gérontes et leur train de vie est très simple. Seules leurs funérailles sont grandioses et sont l’occasion de dix jours de deuil public.

4.2.2.1.2. La Gérousia

La gérousia possède le véritable pouvoir politique et judiciaire. Elle n'a pas de compte à rendre. Les gérontes sont élus à vie, à partir de 60 ans. Ils mènent en général, vu leur grand âge, une politique très conservatrice. Ce qui explique la stabilité et le conservatisme de l’état spartiate. L’accès à la Gérousia est pour un spartiate le plus grand honneur.

4.2.2.1.3. Les éphores

Au nombre de cinq, un par tribu, les éphores sont élus chaque année par l'Appela parmi les spartiates âgés d'au moins 30 ans. Ils sont responsables de l'agôgè, de l’éducation des spartiates. Ils ont en charge la diplomatie de Sparte, assument les fonctions de police, ont droit à une obéissance absolue, peuvent procéder à toute arrestation nécessaire, organisent le recrutement en cas de guerre, recrutent les 300 de la garde royale et accompagnent les rois dans les campagnes militaires…

4.2.2.1.4. Les citoyens et l’agôgè

Sont citoyens les homme de 30 ans ayant subit l'agôgè et inscrits dans un « syssition » (« banquet » traditionnel confirmant l’agôgè). Les citoyens sont membres de l’Apella. Ils élisent tous les magistrats (dont les rois) par acclamation. L’Apella écoute et discute les propositions de la gérousia ; mais comme les citoyens sont habitués à une stricte obéissance, les propositions de la Gérousia sont très rarement contestées.

Ainsi, le spartiate devient citoyen par l’agôgè, l’éducation, la plus importante des réformes de la Grande Rhétra : dès après sa naissance, le petit spartiate est montré par son père à l’examen des anciens de la tribu : bien formé et robuste, il est gardé. Sinon, il est exposé. A partir de 7 ans et jusqu’à 18 ans, il est enlevé à sa famille, pris en charge par l’état et formé « à la dure » recevant une formation essentiellement physique. Entre 18 et 20 ans, il est rompu à l’art militaire. Puis, jusqu’à 30 ans, il poursuit sa formation et mène une vie en caserne.

A 30 ans, il est intégré dans un club de citoyens, devient membre par élection d’un « syssition » (« banquet » traditionnel) et reçoit le titre de « homoios » (semblable). S’il est refusé au banquet, ne serait-ce que d’une seule voix, il est rejeté parmi les « Hypomeioi », les inférieurs : il conserve ses droits civiques mais perd ses droits politiques et ne peut donc faire partie de l’Apella. L’homoios reçoit de l’état des terres qu’il fait cultiver par les ilotes et dont il partage une partie des revenus avec son club. Il prend jusqu’à 60 ans les repas dans son club. Il est alors libéré de ses obligations militaires et peut devenir géronte.

4.2.2.2. Les ilotes

Les ilotes sont sans doute les descendants de populations achéennes asservies par les envahisseurs doriens. Leur fonction est de cultiver le « klèros » la terre des homoioi, à qui ils fournissent la grande partie des récoltes (céréales, vin et huile). Ils ne sont pas citoyens, mais possèdent quelques droits : ainsi un citoyen ne peut exiger d'un ilote plus qu'il n'est prévu par la « constitution » sous peine de subir la malédiction. Il arrive que les ilotes servent à la guerre comme valets, et plus rarement comme hoplites. Sur mer, ils forment les rangs des rameurs.

Souvent, selon de nombreux auteurs, les ilotes sont victimes de la « Kryptie », une épreuve faisant partie de l’agôgè : les jeunes spartiates sont « lâchés dans la nature » sans rien avec pour objectif de survivre et aussi d'effectuer, sans laisser de traces, sous ordre de l'Etat, le massacre d'ilotes… La kryptie serait ainsi un rituel destiné à « éclaircir les rangs » des ilotes, beaucoup plus nombreux que les homoioi et susceptibles de se révolter… Il s’agit donc de les maintenir en sujétion et de leur inspirer la terreur par ces mesures expéditives…

4.2.2.3. Les périèques

Les périèques sont sans doute les descendants des Laconiens et des Achéens soumis habitant dans des villages à proximité de Sparte (périèque signifie « qui habite autour), mais à la différence des esclaves ilotes, ce sont des hommes libres disposant d’une certaine autonomie. Ils bénéficient des droits civils, sont considérés comme des Lacédémoniens, et participent à l'administration de leurs villages. Ils possèdent et cultivent des terres, en général à la marge des territoires de Sparte, ou exercent des métiers de commerce et d’artisanat (production d’armes). Ils sont tenus de servir dans l'armée en tant qu’hoplites.

Mais ils n’ont aucun droit politique dans la cité, ne sont donc pas citoyens et ne sont pas tenus à l’agôgè ni soumis à la vie en commun… ce qui paradoxalement, les rend beaucoup plus libres que les citoyens spartiates.



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