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La Grèce archaïque : 700-480

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2.6. Les premières colonies

Syrie, Egypte et Libye
Piérie, Macédoine, Chalcidique
Les colonies de Sicile et de Grande Grèce
Les colonies dans l’est
L'extrême occident

2.6.3. Les colonies de Sicile et de Grande Grèce

2.6.3.1. Le pays

La « Grande Grèce », ainsi que la désigne l’historien Polybe (202-126) englobe l’Italie méridionale et la Sicile et se présente comme une région au relief assez tourmenté, mais dont les nombreuses plaines alluviales sableuses et argileuses sont propices aux cultures céréalières et arbustives. Les populations italiennes autochtones qui occupent la région avant l’arrivée des Grecs sont avant tout pasteurs et agriculteurs, les premiers pratiquant la transhumance, les seconds cultivant les plaines les plus fertiles. Aucun de ces peuples n’est véritablement un peuple marin…

Lorsque les Grecs arrivent, il s’installent sur les côtes pour garder un lien maritime avec leur métropole : ils ne cherchent donc par à conquérir les terres à l’intérieur, se contentant de cultiver les plaines littorales sous leur contrôle en installant vers l’intérieur des postes de surveillance militaire pour contenir les éventuelles velléités d’incursions indigènes.

La colonisation de la Grande Grèce débute dans les années 770 avant JC. Elle est principalement due aux villes de Chalcis et de Corinthe, entraînant à leur suite les autres cités.

2.6.3.2. La Sicile

2.6.3.2.1. Les colonies chalcidiennes

Vers 757, la citée eubéenne de Chalcis fonde la première colonie agricole en Sicile de l’est, à Naxos, sur les collines de l’Etna favorables à la culture du blé et de la vigne. Le site se révélant assez étroit, les Naxiens fondent à leur tour en 752 Leontinoi, afin d’exploiter la « plaine blonde » de l’arrière-pays. La même année Chalcis créé Catane, sur les terres les plus fertiles de l’île, et deux ans plus tard Zancle, la future Messine. Avec ces trois colonies c'est toute la région de la plaine de Catane qui est occupée par Chalcis. Les indigènes, le Sicules continuent à vivre dans la région, semble t-il en bonne intelligence avec les colons, ce qui n’empêche par ces derniers de fortifier leurs cités de murailles…

En 716, venant de Zancle, les colons chalcidiens fondent Mylai (Milazzo) au nord-est de l’île, et plus tard, en 648, Himère au nord, où ils vont au Vè se heurter aux ambitions carthaginoises.

2.6.3.2.2. Les colonies corinthiennes

En concurrence avec Chalcis, Corinthe se lance dans l’aventure : conduits par Archias, les Corinthiens, après avoir fondé Corcyre (Corfou), s’établissent en 733 sur l’île d’Ortygie, près des marais de Syraco, et fondent la colonie qui deviendra Syracuse, sur un site particulièrement favorable, car on peut y aménager deux ports de part et d’autre d’un chenal, on y trouve une source d’eau pure, Aréthuse ; et la basse vallée de l’Anapos est très fertile. Les rapports avec les Sicules sont plus tendus, et rapidement les colons, qui sont doriens, les chassent de la région.

Entre 663 et 598, les Syracusains contrôlent la majeure partie de l’espace agricole du sud-est de la Sicile, en fondant en 663 Acrai, dans l’arrière pays, puis Casmenai en 643 et Camarina en 598 sur la côte sud.

2.6.3.2.3. Les colonies mégariennes

En 728, des Doriens de Mégare, d’abord installés à Trôtilon, Leontinoi et Thapsos, s’installent à Mégara Hyblaia, au nord de Syracuse, après que leur oikistê Lamis eut négocié la possession d’un terrain avec le roi sicule Hyblon. Mais la colonie, « coincée » entre les territoires de ses puissants voisins, Leontinoi et Syracuse sur un territoire étriqué, cherche bientôt d’autres débouchés : en 650, partant de Mégara Hyblaea, l’oikistê Pamylos va fonder à l’est de l’île la colonie de Sélinonte à l’embouchure de l’Hypsas et coloniser des terres très fertiles. Plus tard, avant la fin du siècle, les Grecs de Sélinonte vont à leur tour fonder la colonie d’Heracleia Minoa à l’embouchure du fleuve Halycus

2.6.3.2.4. Les colonies rhodiennes

En 689, des colons de Rhodes et des colons Crétois, tous doriens, sous le commandement des oikistês Antiphème (Rhodes) et Entimo (Crète) s’installent sur la côte sud de la Sicile et fondent Géla, à l’embouchure du fleuve « Gélas » : il se heurtent aux indigènes, mais parviennent à les soumettre et à les refouler dans les montagnes. En 582, partis de Géla, des colons sous les ordres de Pistilo et Aristomo s’emparent le la plaine du fleuve Akragas et fondent Agrigente, à 120 km à l’ouest de Géla.

2.6.3.2.5. Le coup d’arrêt

La poussée grecque est cependant contenue dans l’ouest de l’île d’une part par la résistance des Elymes, les indigènes qui habitent cette partie de l’île, et surtout par la puissance des colonies phéniciennes fondées sur la côte ouest et auxquelles Carthage va imposer sa domination. Toute l'histoire de la Sicile hellénisée se résume en un affrontement entre les colonies grecques et Carthage pour s'assurer le contrôle de l’île. Au IVè, Athènes et Sparte entreront dans le conflit, avant que les Romains ne s’imposent un siècle plus tard.

Mais dans un premier temps, ce sont les Elymes qui contiennent les Grecs : au début du Vè, la cité élyme d’Égeste (Ségeste) limite l’expansion du territoire de Sélinonte. A la même époque, entre 580 et 576, avec l’aide de Carthage, elle met fin à une tentative de colons de Cnide et de leur oikistê Pentathlos de fonder une colonie à Lilybée (Marsala) : leur chef tué au combat, les cnidiens refluent et gagnent finalement l’île Lipari dans les Eoliennes. Plus tard encore, en 510 une tentative spartiate échoue : battue par les Elymes alliées aux Carthaginois, le Spartiate Dorieus finit par s’installer à Heracleia Minoa, à l’embouchure de l’Halycos, aux frontières du territoire d’Agrigente.

2.6.3.3. L'Italie du sud

2.6.3.3.1. Les colonies chalcidiennes

Ce sont encore les cités de l'île d'Eubée, Erétrie et surtout Chalcis qui s’installent en premier en Italie du sud : vers 770 avant JC, les colons d’Erétrie fondent une colonie sur l’île de Pithécusses (l’actuelle Ischia) dans le nord-ouest de l’île, sur le promontoire de Monte di Vico. Trente ans plus tard, de nouveaux colons étant venus de Chalcis, une nouvelle colonie est fondée à Cumes sur le continent, qui bientôt va éclipser Pithécusses. Ces colonies sont d’abord des comptoirs commerciaux et de contrôle des routes maritimes vers l’Etrurie, par où transitent céréales et métaux (mines de l'île d'Elbe, détenues alors par les Etrusques). En effet, dans le même temps, Chalcis fonde Zancle en Sicile et Rhégion (Reggio) en Calabre (720), ce qui permet un contrôle total du détroit de Messine.

A Cumes cependant, située à l’entrée de la riche plaine campanienne, la colonisation se poursuit rapidement vers l’intérieur pour la conquête et l’exploitation des riches terres volcaniques de la « chôra » (Territoire agricole, par opposition à la « polis »). Cumes devient rapidement une importante colonie agricole qui à son tour fonde en 478 Neapolis, la future Naples.

2.6.3.3.2. Les colonies achéennes de Milet

Vers 720, les Achéens de Milet fondent sur le golfe de Tarente la colonie de Sybaris et s’installent sur un riche territoire, entre les fleuves Crathis et Sybaris, territoire dont ils massacrent les populations indigènes. Rapidement, Sybaris devient la ville la plus puissante de la région et fonde plusieurs colonies : Laos et Skydros en Calabre, puis Métaponte en 680 et Paestum en Campanie en 675. La puissance de la ville à l’époque archaïque est fondée sur ses ressources agricoles, son rôle stratégique pour le contrôle des voies commerciales et ses liens très étroits qu’elle maintient avec sa métropole, la puissante cité de Milet. Sybaris contrôle en Grande Grèce jusqu’à 25 cités. Vers 550 elle prend la tête d’une coalition dont font partie Crotone et Métaponte pour détruire une cité voisine rivale, Siris, colonie ionienne fondée par Colophon et qui lui fait concurrence. Quelques décennies plus tard, elle entre en conflit avec Crotone, qui, à la tête d’une coalition, la vainc et la détruit en 510 : les sybarites rescapés se réfugient alors à Laüs et Poseidonia –Paestum, cité qui connaîtra son âge d’or aux Vè et IVè siècles.

2.6.3.3.3. Les colonies achéennes de Rhypes

En 710 avant JC, l’oikistê Myscelos, venue de Rhypes, sa métropole d’Achaïe et secondé par quelques colons de Sparte, fonde sur un promontoire ouest du golfe de Tarente la colonie de Crotone. Rapidement la cité prospère au point à son tour de fonder Caulonia sur la mer tyrrhénienne. C’est à Crotone l’austère que le célèbre Pythagore de Samos se réfugie, qu’il fonde en 530 son école de sagesse et qu’il donne à la cité une constitution aristocratique. Rapidement Crotone s’oppose à sa grande rivale Sybaris, et en 510 la détruit de fond en comble. Elle sera elle-même ravagée par Pyrrhus d’Epire vers 275…

2.6.3.3.4. Les colonies spartiates

Sparte, suite aux troubles internes provoqués par la première guerre de Messénie, envoie les Parthénides vaincus fonder la colonie de Taras (Tarente) en 706, menés par leur oikistê Phalantos. Il semble que les colons se soient d’abord établis pour quelques années à Satyrion, à quelques kilomètres du site définitif pour l’abandonner, car Taras occupe une position unique, offrant une rade bien protégée, un territoire quasi insulaire étendu sur environ seize hectares et de bonnes communications terrestres. Dès l’origine, la cité est confrontée à la résistance des autochtones, les Iapages, avec lesquels les conflits vont être quasi permanents. Tarente atteint son apogée au IVè siècle, dominant toute la région et développant une intense activité commerciale et artisanale (pêche), avant d’être occupée en 212 par Hannibal puis d’être mise à sac par les Romains.

Les Tarentais fondent à leur tour dans le golfe de Tarente la colonie de Kallipolis puis beaucoup plus tard (435) celle d’Héraclea non loin des ruines de la colonie de Siris.

Tarente sera la seule fondation coloniale de Sparte, sans doute parce que les Lacédémoniens, suite à la conquête de la Messénie, disposent d’assez de territoires agricoles.

2.6.3.3.5. Locres, Thourioi et les autres colonies

L’implantation des Grecs dans l'ensemble de cette zone est très rapide. En quelques décennies naissent des quantités d’autres colonies plus petites. Parmi elles, Locres Epizéphyréenne, fondée par les Locriens de Grèce Centrale (entre le les golfes de Corinthe et d’Eubée) en 673. Très prospère aux VIème et Vè siècle avant JC, la Locres Epizéphyréenne sort très affaiblie par un long conflit qui l’oppose à sa voisine Crotone.

Thourioi (Thurii), autre colonie du golfe de Tarente, est fondée en 452 près des ruines de l’ancienne Sybaris par des anciens exilés de la cité. Détruite à nouveau par Crotone, elle est refondée entre 446 et 443 sur la volonté de Périclès qui veut en faire une colonie « panhellénique » alors qu’Athènes est à l’apogée de sa puissance. Sparte et Corinthe refusent de collaborer et ce sont principalement des membres de la ligue de Délos qui créent la cité sur des plans d’Hippodamos (l’architecte du Pirée). Hérodote, Lysias et Protagoras participent à la création de Thourioi.

Capri aurait été fondée par des Grecs venus des îles ioniennes ; au sud de Paestum, les Phocéens d’Asie Mineure, fuyant l’invasion perse, fondent Velia ou Elée, d’où surgira la célèbre école philosophique et ses maîtres Parménide, Xénophane et Zénon. Les Doriens fondent enfin Hydruntum (Otrante) sur la côte calabraise d’Adriatique, les Athéniens Scylletium entre Crotone et Locres ; Locres fonde Medma au nord de Rhégion ainsi que Hipponium et Tempsa ; Terina est fondée par Crotone : ces trois colonies se situent toutes dans le golfe de Sainte Euphémie.

2.6.3.4. La prospérité de la Grande Grèce

L’époque archaïque constitue l’âge d’or de s cités de la Grande Grèce. La fécondité de la terre sicilienne et des plaines fertiles de Campanie, du Bruttium et du golfe de Tarente sont à l’origine d’une prospérité éclatante, essentiellement fondée sur l’agriculture : les premières monnaies qui apparaissent en Grande-Grèce dans la première moitié du VIe siècle, portent des symboles agraires (l’épi de Métaponte) alors que les cultes de divinités étroitement liées à la culture des céréales (Déméter et Coré-Perséphone) revêtent une importance considérable.

Cette opulence repose aussi sur le commerce dont la Grande Grèce devient la plaque tournante : le détroit de Messine est un passage obligé entre les régions de l’ouest de la Méditerranée (Catalogne, Gaule méridionale), l’Etrurie et le bassin égéen, de même que les voies de communication intérieure traversant la péninsule calabraise. Toutes ces voies sont contrôlées par les Grecs qui supplantent les Phéniciens, cantonnés à l’ouest de la Sicile.

Cette opulence entraîne progressivement au sein des colonies de violents antagonismes sociaux, car rapidement, l’égalitarisme qui règne au départ dans la répartition des sols fait place à la montée d’une classe minoritaire vite riche et puissante au sein de laquelle dominent commerçants, artisans et militaires, générant une situation propice à l’agitation sociale… Ainsi apparaît le « temps des législateurs » qui introduisent des gouvernements basés sur le système des « Aristoï », l’aristocratie, comme Zaleucos de Locres ou Pythagore à Crotone : à Crotone, Locres, Sybaris comme à Tarente, la cité est dominée par une oligarchie de riches propriétaires fonciers, la masse du « dèmos » demeurant, jusqu’à une époque assez tardive, tenue à l’écart des affaires politiques de la cité.

Par contre, sur la côte tyrrhénienne et sur le détroit de Messine s’imposent plutôt au cours du VIè des tyrannies portées par des mouvements populaires : c’est le cas de Rhégion avec Anaxilas, de Cumes avec Aristodémos, de Leontinoi avec Painaitos (dès 608), de Phalaris à Agrigente (570-554), de Cléandros (505-498) et Hippocratès (498-491) à Géla, de Peithagoras et Euryléon à Sélinonte…

A côte de la prospérité économique et de l’évolution politique, la Grande Grèce est surtout le centre d’une civilisation d’un éclat incomparable à l’époque archaïque, reléguant les métropoles au second plan, avant qu’Athènes ne brille de son éclat. Le pythagorisme trouve dans ce pays sa terre d’élection ; d’Elée surgira la grande école de philosophie du Vè ; à Rhégion se développe autour de Pythagoras de Rhégion une école originale de sculpture qui s’épanouit au début de l’époque classique ; au IVè siècle, les ateliers de céramique de Grande Grèce vont supplanter dans tout l’Occident la céramique attique ; chaque cité se construit sanctuaires et temples qui témoignent aujourd’hui encore du savoir faire des architectes et décorateurs de l’époque archaïque (temple d’Apollon à Syracuse en 565, temples C et F de Sélinonte entre 550 et 500, temple de Cérès à Paestum vers 510…) ; enfin, c’est de Grande Grèce que la culture hellénique sera transmise à la Rome républicaine et impériale et c’est de Grande Grèce que sont originaire les premiers grands écrivains latins comme Livius Andronicus (285-204) ou Ennius (239-169).



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