Né le 18 janvier 1871 dans la Galerie des Glaces de Versailles, l’empire allemand connaît une ascension fulgurante, qui en fait en 1914 la première puissance militaire et la seconde puissance économique du monde.
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L’empereur Guillaume II et sont épouse |
L’obsession de Guillaume II, c’est la puissance de l’Allemagne dont il veut faire la première puissance mondiale. Il s’y consacre entièrement :
Guillaume II sur le pont « Hohenzollernbrücke » à Cologne, sculptée par Louis Tuaillon'> |
Statue de Guillaume II sur le pont « Hohenzollernbrücke » à Cologne, sculptée par Louis Tuaillon |
Le développement de l’Allemagne devient prodigieux. Il est basé sur :
- La production de charbon : elle est de 190 millions de tonnes en 1913 (contre 42 millions en France).
- une main d’œuvre active, nombreuse et disciplinée ;
- un essor considérable des ports (Hambourg, Kiel, Emden…) ;
- d’excellentes communications (Chemins de fer, routes, voies navigables…) ;
- un système bancaire totalement refondu et réformé (Caisses d’épargne…)
- le regroupement des entreprises en grandes concentrations : Krupp et Thyssen pour l’acier, AEG (Allgemeine Elektricitäts-Gesellschaft, 1887) pour l’électricité, Badische Anilin (Chimie)…
| La puissance économique allemande : une forge industrielle dans la Ruhr en 1900 |
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| Alfred Krupp, le grand magnat de l’industrie allemande (1812-1887) |
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| August Thyssen (1847-1926) |
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| Une usine AEG Ã Berlin en 1900 |
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| Laboratoires des usines BASF de Ludwigshafen vers 1900. Atelier de synthèse de l’indigotine |
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| Une famille ouvrière allemande au début du XXè siècle |
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En 1914, l’Allemagne, forte de 65 millions d’habitants, est devenue la seconde puissance du monde.
Guillaume II (Wilhelm II) gouverne seul, sous l’influence des Junkers militaristes et des hommes d’affaires. Les partis politiques sont réduits à l’impuissance, mais les sociaux-démocrates sont de plus en plus nombreux et partisans de réformes démocratiques.
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L’empereur Guillaume II avec ses six fils Kaiser Wilhelm à Berlin le premier janvier 1913 : de gauche à droite : l’empereur (1859-1941), le Kronprinz Guillaume (1882-1951), le Prince Eitel Friedrich (1883-1941), le prince Adalbert (1884-1948), le prince August Wilhelm (1887-1949), le prince Oskar (1888-1948), le prince Joachim (1890-1920) |
La grande affaire du Kaiser, c’est la politique impérialiste, la « Weltpolitik » fortement teintée de pangermanisme. Elle tient en une phrase : l’Allemagne est faite pour dominer le monde.
D’une part l’Allemagne veut se tailler un empire colonial. Cet empire est tardif, car France et Angleterre se sont partagés depuis bientôt 50 ans la grande part du gâteau. Le Reich s’implante tout de même en Afrique (Togo, Cameroun, Sud Ouest Africain, Est Africain), en Océanie (Marshall, Mariannes, Carolines, Nord de la Nouvelle Guinée) et en Chine (Tsing Tao). Mais l’empire veut encore s’agrandir : à cette fin il lorgne vers la Turquie et signe de nombreux accords commerciaux avec l’empire ottoman moribond (Voie ferrée Berlin-Bagdad).
| La présence coloniale allemande. Couverture d’un livre d’images, Dresde, 1901 |
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| L’empereur Guillaume II, Enver Pacha et le sultan de Turquie Mohamed V Rechad en 1914 |
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| La présence coloniale allemande. Affiche à l’honneur du plus grand explorateur allemand, Gustav Nachtigal |
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| Billet de banque de la colonie allemande du sud ouest africain |
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Guillaume II poursuit inlassablement son rêve de « Weltpolitik ». Pour le Kaiser, la race allemande est faite pour dominer le monde. Dès 1891, il fonde la « ligue Pangermaniste », véritable « lobby » de bientôt 20 000 membres militants, puis accélère en 1898 la course aux armements ainsi que la création et la construction d’une puissante « Kriegsmarine » : avec l’Amiral Tirpitz, il planifie la construction de 36 cuirassés et 38 croiseurs sur 16 ans. Aussi l’Angleterre s’inquiète et se rapproche de la France, elle-même avide de « revanche »…
| La course aux armements : les usines Krupp à Essen |
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| Le Grand Amiral Alfred von Tirpitz (1849-1930 |
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| Kiel : base de sous marins allemands avant 1914. Une arme redoutable |
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Au service de cette politique de domination, Guillaume II n’hésite pas à employer des méthodes d’intimidation, particulièrement vis-à -vis de la France : en avril 1905 à Tanger il provoque la France en réclamant l’indépendance du Maroc ; surtout, en juillet 1911 il envoie à Agadir un croiseur pour protéger les intérêts allemands après une intervention militaire française au Maroc. Cette crise ravive les tensions entre la France et le Reich. Elle aboutit au traité du 4 novembre 1911 qui laisse à la France les mains libres au Maroc, en échange d'une partie du Congo à l'Allemagne. Enfin, dans la poudrière des Balkans, Guillaume II soutient à fond les intérêts de l’Autriche Hongrie, jetant même de l’huile sur le feu, convaincu que seule une guerre européenne, naturellement gagnée par l’Allemagne, offrirait au Reich la place qui devait être la sienne : la première.
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Caricature de Guillaume II lors de l’affaire du Maroc en 1905 |
La guerre aura bel et bien lieu. Elle sera mondiale, terrifiante, désastreuse pour l’Europe et pour l’Allemagne à court et à long terme, et enverra le Kaiser en exil.