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Histoire de l’Egypte ancienne
5. Le Moyen Empire thébain (2133 – 1786) Introduction La XIè dynastie (2133 - 1963 avant J. C.) La XIIè dynastie (1963 - 1786 avant J. C.)
5.3. La XIIè dynastie (1963 - 1786 avant J. C.)5.3.1. Généralités | Dahshour : la première pyramide d’Amenemhat III. (Site Egypte antique) |
Avec la XIIè dynastie, l’Egypte devient une puissance internationale dominante et presque impériale. Le développement du Fayoum et des richesses économiques de la vallée, les réussites artistiques (sculptures, architecture et littérature) vont faire de cette période d'environ deux siècles une période classique, dont les écrits feront autorité des siècles plus tard. Cette période culmine avec les règnes de Sésostris III et d'Amenemhat III. 5.3.1.1. Administration locale | La pyramide de Sésostris I (1934-1898) grand bâtisseur de la XIIè dynastie à Lisht. A l’origine, elle était haute de 62,5m. C’est aujourd’hui une colline de 23m de haut… (Site Egypte antique) |
Les nobles voient avec déplaisir la restauration d'un pouvoir central ; La tâche principale des premiers souverains de la XIIè est de soumettre à leur autorité les nomarques et les gouverneurs de villes, dont les fonctions étaient devenues héréditaires et qui restent jaloux de leurs prérogatives. Ils évitent de les attaquer de front, et par une politique habile, endorment leur défiance en comblant de faveurs ceux d'entre eux qui leur sont fidèles, interviennent dans chaque succession pour morceler les anciens domaines et imposer aux héritiers d’investiture pour les fonctions relevant de l'État. Peu à peu les nomarques sont rétrogradés au rang de fonctionnaires et redeviennent de simples agents du pouvoir central. 5.3.1.2. Administration centrale | Karnak : le pavillon de Sésostris I (XIIè dynastie, 1971-1926), appelé aussi « Chapelle blanche ». Un bijou d’architecture. (Site Egypte antique) |
Le vizir est toujours le bras droit du pharaon. Il dirige la politique extérieure et souvent les expéditions militaires. À l'intérieur, il surveille les fonctionnaires, la police de la capitale et l'administration judiciaire; il préside la « cour des six maisons » où siègent « trente grands du sud », représentants du pouvoir central. Deux trésoriers contrôlent les dépenses et centralisent l'entrée des revenus fournis par les tributs des races soumises, le produit des carrières et les impôts levés sur la population. À cette fin, on tient dans les bureaux du vizir des listes complètes des habitants du pays. 5.3.1.3. Prospérité économique | Le recensement du troupeau. Tombe de Meketrè à Deir el Bahari, XIè dynastie. Musée du Caire. (Site Egypte antique) |
Les souverains de la XIIè dynastie font remettre en valeur les richesses du pays et en particulier la région du Fayoum (le « pays du Lac »). En construisant un barrage à l'entrée de cette province, ils récupèrent pour la culture des terres fertiles, jusque-là couvertes de marécages ; en construisant une digue, ils utilisent une dépression naturelle, le lac Moeris (mer Our en égyptien), pour emmagasiner le trop plein des eaux au moment de la crue du Nil et pour le déverser sur la Basse Égypte en cas de sécheresse.
| La pyramide de Sésostris II (1866-1862) à Illahoun. Elle a été édifiée sur un monticule naturel de calcaire. (Site Egypte antique) |
La prospérité de cette époque est attestée par nombre de fondations royales (temples, pyramides) et la qualité des richesses artistiques qui y furent découvertes. 5.3.1.4. La société égyptienne | Le prince Iâhmès Statuette XVIIème dynastie. Cette statuette en calcaire, autrefois peinte et dorée, représente peut-être le futur roi Ahmôsis (Nebpehti-Rê Ahmès). Paris, musée du Louvre. (Site Egypte antique) |
La population égyptienne est en majeure partie composée d'agriculteurs : si la majorité des terres restent aux mains des grands propriétaires fonciers, dans les campagnes vit une classe agricole composée de tenanciers libres et de fermiers. Chaque chef de famille reçoit de l'administration une surface cultivable proportionnée au nombre des membres de sa famille. Les conditions d'existence de ces cultivateurs restent difficiles : ils ploient sous le poids des impôts et sont surchargés de corvées. Les bénéficiaires de ces terres concédées par l'État peuvent en disposer librement, mais seulement entre parents figurant sur le même registre.
| Assouan, tombe de Sarenpout II. (Site Egypte antique) |
La population des villes jouit d'une plus grande liberté. On n'y lève aucun service de corvée. Les artisans ne sont plus embrigadés dans les ateliers royaux, mais peuvent s'installer à leur propre compte. Ainsi se constitue une classe nouvelle, la bourgeoisie ; comprenant les commerçants, les artisans et les fonctionnaires de rang inférieur. Cette classe, dont l'importance va croissant, devient le principal soutien des rois thébains dans leurs luttes contre les féodaux. La classe inférieure enfin, tire sa subsistance de l'exercice des métiers les plus humbles ; elle est employée aux travaux publics ordonnés par le roi : construction des temples, pyramides, canaux, digues, carrières...
| La pyramide de Sésostris III (1862-1843) ou « Pyramide noire » à Dashour. Aujourd'hui, la hauteur de cette pyramide extrêmement ruinée n'est plus que d'une trentaine de mètres (78 m à l'origine) et la longueur de ses côtés est de 105m. (Site Egypte antique) |
La propriété privée est enregistrée sur les livres du cadastre ; le propriétaire jouit de la libre disposition de ses biens. Le droit d'aînesse n'est pas en usage en Égypte et les héritages sont partagés également entre les enfants.
| Dahshour : Collier. Or incrusté de lapis-lazuli, turquoise et cornaline. XIIè dynastie. Le Caire, musée égyptien. (Site Egypte antique) |
La transformation des conditions religieuses du peuple, commencée à l'époque héracléopolitaine, atteint son plein développement. Désormais, toute la population peut prétendre à des privilèges spéciaux dans l'au-delà , après la mort. Les rites funéraires se démocratisent et deviennent accessibles aux plus humbles. Les riches, outre leur sépulture, se font construire un mémorial - stèle ou statue - à Abydos, auprès du tombeau du dieu des morts Osiris, pour bénéficier du culte et des offrandes faites dans ce sanctuaire. 5.3.2. La politique extérieure | Dahshour : pectoral de Sésostris II. Or incrusté de lapis-lazuli, turquoise et cornaline. Hauteur : 4,8cm. XIIè dynastie. Le Caire, musée égyptien. (Site Egypte antique) |
Les rois de la XIIè dynastie reprennent la politique d'expansion des pharaons memphites de l’Ancien Empire. Les effectifs de l’armée, composée des milices des nomes et de la gendarmerie nubienne, sont renforcés par des troupes permanentes, formant une armée permanent de conscrits ou d’engagées volontaires. Les cadres sont fournis par les « gens de la suite du prince », une élite proche du roi.
| Bouhen. Le fort construite par Sésostris II. XIIè dynastie. (Site Egypte antique) |
Le premier objectif des monarques de la XIIè dynastie est la conquête et la colonisation de la Nubie. Il s’agit d’une part de stopper définitivement l’infiltration systématique de Nubiens vers le Nord et d’autre part de mettre en valeur les richesses économiques de la région (carrières de pierres, mines d'or, voie de pénétration vers le haut Nil). Amenemhet I envahit la région au sud de la première cataracte. Son fils Sésostris I porte ses frontières au-delà de la troisième cataracte et fonde la ville de Kerma et le fort de Bouhen sur la seconde cataracte. Sésostris III achève la soumission de la Basse Nubie, l'incorpore à l'Empire égyptien et élève, en amont de la deuxième cataracte, deux forts en face l'un de l'autre, Semneh et Koummeh. De là , poussant vers le sud, il fait campagne contre le « misérable pays de Koush » (Haute Nubie).
Sur la frontière orientale, les pharaons thébains se contentent de sécuriser les routes du Sinaï et d’y reprendre l'exploitation des mines. Sésostris II doit repousser un groupe important de tribus cananéennes, chassés de leur pays par de nouveaux arrivants. Sésostris III pénètre en Asie, y bat ses ennemis et installe à Byblos une base navale. L’Egypte entretient un trafic maritime avec la Crète et Chypre. 5.3.3. Les pharaons
- Séhétepib Rê Amenemhat I, « Amon est en avant ». Nom grec : Aménémès I (1963 à 1934). Amenemhat est le premier à associer de son vivant son fils Sésostris I au trône, pratique reprise par ses successeurs. Amenemhat I est assassiné à la suite d'une conspiration ourdie par le harem, conspiration réprimée par son fils.
- Khéperka Rê Senousret, « l'homme de la déesse Ousert ». Nom grec : Sésostris Ier (1934 à 1898 avant J. C.) les rège de Sésostris I est marqué par la paix intérieure, ce qui permet au roi d’entreprendre une politique de grands travaux : temple de Rê Atoum d'Héliopolis, ville de « Itj-Taouy » près de Licht où il édifie son complexe funéraire, première structure monumentale du Temple d'Amon à Karnak abritant la célèbre « Chapelle Blanche », obélisque d’Héliopolis, monument à Ra-Harakhty dans le domaine d'Atoum à Karnak, temple d'Osiris-Khentimentiou à Abydos, temple de Min à Coptos, temple au dieu Montou à Tod, nouveau temple pour Satis et sanctuaire dédié au noble Héqa-ib dans l'île d'Eléphantine.
- Nebkaou Rê Amenemhat II. Aménémès II (1898 à 1866 avant J. C.). L'Egypte étend son champ d'action au Proche-Orient.
- Khaképer Rê Senousret ; Sésostris II (1866 à 1862 avant J. C.). Sésostris II entreprend l'aménagement du Fayoum et construit une digue à Illahoun afin de canaliser le Bahr Youssouf et de le doter d'un système de drainage et de canaux. Ce projet sera achevé sous Amenemhat III. L'aménagement de cette région, nouvelle terre fertile de grande dimension, provoque un nouveau transfert de la nécropole royale qui s'installe à Illahoun.
- Khakaou Rê Senousret ; Sésostris III (1862 à 1843 avant J. C.). Sésostris III supprime la fonction de nomarque et met en place une administration qui repose sur une division du pays en trois régions, le Nord, le Sud et la « Tête du Sud », c'est-à -dire Eléphantine et la Basse Nubie. Chacune d'entre elles est gouvernée par un ministre (ouâret), un assistant et d'un conseil (djadjat) placés sous l'autorité du vizir.
- Nimaât Rê Amenemhat III ; Aménémès III (1843 à 1798 avant J. C.). Amenemhat III accède au pouvoir dans une Egypte pacifiée et prospère. Son règne de 45 ans le conduit à ne pas compromettre les équilibres afin de laisser un pays riche épargné de toute menace intérieure ou extérieure.
- Makhérou Rê Amenemhat IV ; Amménémès IV (1798 à 1798 avant J. C.)
- Sebkaka Rê Sebeknefrou Rê (1798 à 1786 avant J. C.)
- Néfrousobek (1798 à 1786 avant J. C.). A la mort d’Amenemhet IV, le pouvoir revient à la reine Néfrousobek, qui pour la première fois est désignée comme pharaon. Sa mort marque la fin de la XIIè dynastie.
| Statue de Sésostris I coiffé de la couronne du sud provenant de Lisht. Bois stuqué, 56,7cm. Musée du Caire. (Site Egypte antique) |
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| Statue de Sésostris II provenant de Tanis. Granite, 2m65. Musée du Caire. (Site Egypte antique) |
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| Tête de Sésostris III. (Site Egypte antique) |
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| Amenemhat III en Sphinx. Musée du Caire. (Site Egypte antique) |
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| El Bersheh : tombe rupestre de Djehoutyhotep. Plat en or. Paris, musée du Louvre. (Site Egypte antique) |
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