Le Rhin
7. Rhin et littérature
Max Schneckenburger (1819-1849) : « die Wacht am Rhein » (1840-1854)
Nikolaus Becker :Der deutsche Rhein (1841)
Alfred de Musset : Le Rhin allemand
Alphonse de Lamartine : la Marseillaise de la Paix
Heinrich Heine (1797-1856)Â : die Lorelei (1823)
Heinrich Heine: “Und als ich an die Rheinbrück kam”
Anonyme: « Là où le Rhin… » (vers 1840)
Guillaume Apollinaire (1880-1918) : « Mai »
Guillaume Apollinaire (1880-1918)Â : la Loreley (1902)
Guillaume Apollinaire (1880-1918) : Nuit rhénane (1902)
Victor Hugo : Le Rhin, lettre XIV
7.3. Alfred de Musset : Le Rhin allemand
RĂ©ponse Ă la chanson de Becker
Le 18 septembre 1840, le poète allemand N. Becker, jusque là fort obscur, publia dans un quotidien le poème (Rheinlied) dont la « Revue de Paris », où parut la réponse de Musset, donna une traduction qui précédait le poème de celui-ci. Becker, révélé par son Rheinlied, réunit ses poésies en un recueil, qu'il publia en 1841, et dont il envoya un exemplaire à Lamartine, qui répondit aussitôt par son célèbre poème « la Marseillaise de la paix », publié dans la « Revue des deux Mondes » le 1er juin 1841. Mais la réponse de Lamartine fut jugée trop longue et trop idéaliste. Musset écrivit d'une haleine, dès le 2 juin semble-t-il, une réponse brève et mordante, « le Rhin allemand ». Ce court poème eut un très grand retentissement et fut plusieurs fois mis en musique.
Le Rhin allemand
Nous l'avons eu, votre Rhin allemand,
Il a tenu dans notre verre.
Un couplet qu'on s'en va chantant
Efface-t-il la trace altière
Du pied de nos chevaux marqué dans votre sang ?
Nous l'avons eu, votre Rhin allemand.
Son sein porte une plaie ouverte,
Du jour où Condé triomphant
A déchiré sa robe verte.
Où le père a passé, passera bien l'enfant.
Nous l'avons eu, votre Rhin allemand.
Que faisaient vos vertus germaines,
Quand notre CĂ©sar tout-puissant
De son ombre couvrait vos plaines ?
Où donc est-il tombé, ce dernier ossement ?
Nous l'avons eu, votre Rhin allemand.
Si vous oubliez votre histoire,
Vos jeunes filles, sûrement,
Ont mieux gardé notre mémoire ;
Elles nous ont versé votre petit vin blanc.
S'il est Ă vous, votre Rhin allemand,
Lavez-y donc votre livrée ;
Mais parlez-en moins fièrement.
Combien, au jour de la curée,
Etiez-vous de corbeaux contre l'aigle expirant ?
Qu'il coule en paix, votre Rhin allemand ;
Que vos cathédrales gothiques
S'y reflètent modestement ;
Mais craignez que vos airs bachiques
Ne réveillent les morts de leur repos sanglant.
Lorenz Clasen : Germania à la Garde du Rhin (1860) |