Le ghetto de Rawa Ruska
3. Les premières deportations
La première « Aktion » à Rawa est organisée fin mars 1942. Les SS de Sokal arrivent dans la ville et avec l'aide de la police ukrainienne, arrêtent environ 1.000 juifs sur une liste spéciale. Ils sont rassemblés sur la place devant le bureau de la Kriminalpolizei au centre ville. Tout est fait sans brutalité. Les personnes arrêtées, principalement des personnes âgées ne savent ni pourquoi elles sont arrêtées ni ce que demain leur réserve. Elles sont menées à la gare et chargées le même jour sur un train, 100 juifs par wagon à bestiaux. Direction Belzec. Peu après, les juifs de Rawa apprennent ce qui se passe à Belzec, par une femme de 80 ans qui avait réussi à se cacher dans les latrines du camp et était parvenue à s’échapper et à revenir dans la ville.
L’« Aktion » suivante a eu lieu le 27 juillet 1942. Mais lorsque les SS de Sokal arrivent, c’est la panique. De nombreux juifs tentent de se cacher. Pour la première fois la police juive est impliquée dans cette action. Des unités de ratissage sont organisées, composées d’un SS, d’un policier ukrainien et d’un policier juif : elles fouillent chaque maison, rue pas rue, s’emparent des gens ou les découvrent dans leurs caches, sans distinction ni sélection. Environ 2.000 personnes sont ainsi arrêtées, brutalement rassemblées sur la place et menées sans aucun ménagement à la gare où un convoi les attend pour Belzec. À ce moment-là les juifs de Rawa savent tout de Belzec : l’existence des chambres de gaz et les milliers de juifs déjà assassinés là . « Tout le monde savait mais personne ne parlait de cela. Nous savions que personne ne revenait de là … », écrit Wolf Sambol, un des survivants de Rawa.
En été et automne 1942, Rawa Ruska est le noeud ferroviaire principal par lequel passent les convois pour Belzec. Les juifs qui chaque jour travaillent à la gare voient passer les convois de Juifs expulsés d'autres villes. Ils entendent les cris perçants des personnes mourant de soif et quémandant de l'eau. Dans beaucoup de cas les convois s’arrêtent à la gare de Rawa et bien que les Juifs qui travaillent là connaissent le destin des déportés, ils ne leur disent pas la vérité. Dans des beaucoup de convois cependant, les déportés savent et tentent de sauter des trains… Les gardes allemands ou ukrainiens en abattent le plus grand nombre, mais environ 10% de ces fuyards réussissent à survivre et viennent se cacher à Rawa. Wolf Sambol écrit : « Nous appelions ces nouveaux venus des trains les « Sauteurs ». Chaque jour les juifs de Rawa recueillaient les corps des « Sauteurs » tués et les transportaient dans des chariots à chevaux dans le cimetière juif. Les voici enterrés dans les fosses communes. Les autorités allemandes n'ont pas su qu’il y avait des « Sauteurs » dans notre ville. Les habitants juifs les ont cachés dans les caves. Nous avons estimé qu'il y avait environ de 2.000 de ces « Sauteurs » à Rawa. »
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